aldo a écrit :À quoi ça nous avance de dire que dans la Nature, la nouveauté ou le futur n'existeraient pas puisqu'ils existent pour nous ?
Non, ils n'existent pas d'évidence pour nous. Pourquoi ne pas admettre que la notion de "mouvement" est suffisante, sans avoir à y rajouter la "nouveauté" ? Le futur n'existe pas non plus, sauf en tant qu'hypothèses dans le présent, pas plus que le passé, sauf comme souvenir dans le présent.
Il y a des formes (en premier lieu un canevas formé, plus exactement ; c'est confirmé par Spinoza lui-même, avec la
facies totius universi de la Lettre 64 à Schuller) et ensuite des "choses", mais pas qui "changeraient" (soit il y a des choses identifiables en elles-mêmes et alors elles ne peuvent pas changer, soit ce n'est pas le cas et alors "chose" est une simple convention, qui en tant que telle ne change pas non plus...)
aldo a écrit :Qui a dit qu'il n'y avait pas de problème ?
Ce sont les hommes qui se posent des "problèmes" ; dans la Nature il n'y a aucun problème : juste la Nature.
aldo a écrit :Vous parlez d'ailleurs de distinguer en premier un sujet d'un objet : c'est aussi ce que j'ai aussi décrit comme première opération empirique, qui pose en quelque sorte le problème vu depuis le sujet (sauf que différencier, c'est mettre un ET et non un EST... j'ai pas compris la fin).
Il y a 3 aspects concomitants - qu'on ne peut donc en fait JAMAIS séparer - : Moi = Conscience, Canevas (Forme), Dieu. Si je ne retiens que "Moi" c'est l'Idéalisme, si je ne retiens que "Canevas" c'est le Matérialisme, si je ne retiens que "Dieu" c'est le panthéisme (ou le Déisme ; je m'y perds un peu...) Spinoza est arrivé très près de la synthèse avec le parallélisme : il a mis comme coextensifs à Dieu, en tant qu'attributs en parallèle, la Pensée (Conscience) et l’Étendue (Canevas "unifié par la Conscience".)
Si je me mets par exemple du point de vue de l'Idéalisme, je dis que tout sans exception apparaît dans "la Conscience du sujet", y compris Dieu, donc... Je me demande alors comment le sujet peut bien avoir conscience d'un Tout
dans lequel il est immergé et qui le dépasse, loin donc de pouvoir le regarder de l'extérieur. C'est même impossible, en fait. sujet = Dieu est la seule possibilité (égalité, sans dépassement.) Mais l'objet aussi est mode de Dieu, et il s'oppose au sujet... tout en apparaissant aussi dans la "conscience du sujet"...
aldo a écrit :En résumé, je pars du point de vue de l'homme. Une philosophie pour moi doit se faire à hauteur d'homme et une pensée ne doit pas avoir recours à une quelconque transcendance (qui n'explique rien). Par ailleurs, j'ai toujours entendu Deleuze dire que Spinoza était le prince de l'immanence ; et pour poursuivre cet échange sur des bases claires, je me pose la question en vous lisant de savoir si c'est ainsi que vous l'interprétez.
Spinoza parle bien d'immanence, mais
quand je parle de transcendance je ne la distingue pas de l'immanence, comme c'est aussi le cas dans l'advaïta. Un intervenant a synthétisé très justement dans le passé en disant, de mémoire, "transcendant parce qu'immanent." C'est assez facile à comprendre :
Dans la Nature il n'y a que de l'être-ceci ou de l'être-cela. Toutefois, tout en même temps, l'être-ceci et l'être-cela ont en commun l' "affirmation de présence", qu'est "être". Répétons que pour autant il n'y a pas d'être qui ne soit sous forme d'être-ceci (Canevas dans l’Étendue.)
Il est légitime de dire que "être" transcende "être-ceci" (ou "ceci"), puisqu'il est au-delà et d'un autre ordre :
transcendance.
Il est tout aussi légitime de dire que "être-ceci" (ou "ceci") est une manière d' "être" ("dans l'être") :
immanence.
Dans la "causalité immanente" (Schopenhauer récuse l'emploi de "cause" dans ce cas), ou
raison, l'effet est contenu dans sa cause (hiérarchie ontologique, englobante, qui correspond à la structure de "causalité" des idées en général.)
aldo a écrit :PS : d'accord avec vous pour dire que la contemplation est associée à l'attention.
Mais Stephen Jourdain dit qu'il n'y a pas de différence entre "conscience" et "attention". Pas de "seconde faculté" pour lui, donc, ce qui nous renvoie aux états pour la contemplation - la Conscience pure n'étant évidemment pas un état...
Connais-toi toi-même.