aldum a écrit :les querelles de mots proviennent aussi de ce qu'au fil du temps le sens peut s'en renforcer ou s'affadir ; ainsi celui de béatitude, qui, avec sa résonance fortement religieuse évoquant le ravissement, me semble outrepasser aujourd'hui ce qu'en évoquait Spinoza : sérénité me paraît davantage adapté, sans discordance avec « l'amour intellectuel de Dieu » ; évoquant au surplus une certaine « constance », il résout le problème de l'augmentation ou de la diminution de la joie, et autorise qu'on puisse être « serein et triste à la fois »
Je vous avoue que je ne vois toujours pas comment on peut être "serein et triste à la fois". Ce que j'entends par tristesse par exemple, c'est la préoccupation pour un bien dont je regrette la perte. Or ce regret n'est pas "serein", il est plus précisément inquiétude d'avoir perdu, espoir de retrouver, et toutes les fluctuatio animi qui s'ensuivent...Ce qui définit la tristesse en la circonstance est en opposition avec la sérénité. Au contraire, si je suis "serein" à l'égard d'un bien que j'ai perdu, c'est au minimum que je n'éprouve pas de regret pour cette perte; autrement dit que je n'en suis pas triste.
Je ne suis pas en désaccord avec votre suggestion, qu'il convient peut être d'affaiblir la signification de la béatitude ( encore que...) mais qu'on l'appelle "sérénité" ou "réjouissance", pour ce qui me concerne cela revient au même: je ne vois pas réellement ce qu'on veut me dire quand on parle d'une "béatitude triste".
Bien à vous.
Ps: Autre question, que j'adresse non seulement à vous mais à ceux qui s'intéressent à la question: pourquoi n'y aurait-il pas une béatitude haineuse, soit un amour intellectuel de Dieu qui s'exprimerait dans la plus franche haine de ses semblables? C'est du moins une conséquence à laquelle on doit s'attendre, s'il est vrai que l'on jouit de la béatitude au sein des tristesses.