Conscience et conscience de soi

Questions philosophiques diverses sans rapport direct avec Spinoza. (Note pour les élèves de terminale : on ne fait pas ici vos dissertations).

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hokousai
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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar hokousai » 21 janv. 2016, 11:17

aldo a écrit :et en même temps tu dis "qu’un monde qui bouge sans moi, c’est un monde de phénomènes".
je ne sais pas si je l'ai dit comme ça mais c'est ce que tu as compris et d'ailleurs compris comme je le pense car dans l'optique de Berkeley être c'est être perçu. Il n'y a pas QUE moi qui perçoit dans la nature. Si je dors ou si je suis mort ou avant ma naissance il y a des phénomènes .
Sinon on tombe dans le solipsisme idéaliste lequel Deleuze impute à Berkeley ce qui est une erreur.
.........
aldo a écrit :Qu’est-ce que ça veut dire : "un monde qui bouge sans moi" ?
Si tu essaies de faire passer que les phénomènes seraient indépendants des hommes, c’est une opinion.


C'est une thèse philosophique qui est celle de Berkeley "être c'est être perçu" et pas QUE pas des esprits humains.
Chez Spinoza :être c'est être pensé ( pas QUE pensé puisqu'il y a une infinité d'attribut)

aldo a écrit :Et si tu sous-entends que la seule autre solution, c’est qu’on ne puisse comprendre que le sens qu’on donne nous-mêmes aux apparitions, c’en est une autre...
ben oui on ne peux comprendre que le sens qu’on donne nous-mêmes aux apparitions. C' est un relativisme qui va se généraliser néanmoins en : la nature est un monde infini de perspectives.
Ensuite on spécule sur cela en parlant par exemple de plus ou moins d' intensités ou de puissance d 'agir...ou sur un Dieu qui pense l' infinité de tous les "perçus" (idées).
On spécule sur une totalité de laquelle nous n'avons pas de connaissance empirique mais spirituelle (ou cognitive peu importe le mot)
................
Deleuze n’est pas phénoménologue.
pas au sens de Husserl .
...............

aldo a écrit :Mais alors et pour la millième fois, Deleuze ne sépare pas des sujets et des objets au départ, il part de l’expérience : celle qui les réunit (et sans laquelle y’aurait que dalle) pour tenter d’en tirer quelque chose ne se rapportant plus à la subjectivité d’untel et untel.

D' accord mais il est d 'emblée dans le spéculatif.
Il est spéculé que son point de vue est le point de vue de nulle part .
Deleuze se place et s'oublie dans un lieu sans objet ni sujet.
Non pas une réunion ni une union.
..................
Je ne rebondis pas sur l'espoir parce que tu es à côté de ce que je dis.

Si je parle de bouddhisme on va m'imputer de faire du prosélytisme. Or ce n'est pas du tout ce que je fais.

Pour rester chez les philosophes et l'imprégnation d'une culture, on a par exemple un des meilleurs philosophes japonais Kitaro Nishida .( imprégné de la pensée occidentale aussi)
http://www.reseau-asie.com/edito/les-editos-du-reseau-asie/nishida-kitaro-le-philosophe-sa-pensee-et-ses-enjeux-par-michel-dalissier-docteur-de-l-ecole-pratiqu/nishida-kitaro-le-philosophe-sa-pensee-et-ses-enjeux-par-michel-dalissier-docteur-de-l-ecole-pratiqu/
bon certes ça fait beaucoup de pistes. :)

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar aldo » 21 janv. 2016, 20:36

Dire il n'y a pas que moi il y a des phénomènes et ajouter que sinon c'est du solipsisme, ça n'a aucun sens pour moi. C'est marrant parce que moi, je dis un truc clair pour te demander d'expliquer, je dis :
tu essaies de faire passer que les phénomènes seraient indépendants des hommes, c’est une opinion. Et si tu sous-entends que la seule autre solution, c’est qu’on ne puisse comprendre que le sens qu’on donne nous-mêmes aux apparitions, c’en est une autre... ou alors, tu développes"

Et quand tu "développes", tout devient obscur. Au lieu de répondre que les phénomènes seraient indépendants des hommes... ou pas ; que ce seraient les hommes qui ne peuvent que donner du sens... ou pas ; tu réponds quelque chose d'incompréhensible : être c'est être perçu (ou être pensé).
... et en plus tout en me faisant comprendre ce que je dis ne pas comprendre sur ce que tu dis ne pas savoir que tu as dit mais toutefois avoir pensé, je te cite :
je ne sais pas si je l'ai dit comme ça mais c'est ce que tu as compris et d'ailleurs compris comme je le pense

(...)
Donc si je suis censé avoir compris ce que tu as voulu dire, tu es supposé être capable de répondre à la façon dont je l'ai compris !


C'est pourtant clair, ma formulation (je le refais) :
-ou bien il y a des phénomènes indépendamment de toi ou de moi et alors on cherchera à en comprendre les essences
-ou bien les-dits phénomènes n'ont pas d'essence et chacun y met le sens qu'il peut y trouver (en comprendre).
Donc si je comprends bien, tu optes pour la 2° solution. C'est ça ?
(ensuite tu peux bien dire toutes les perspectives que tu veux et appeler ça "la nature" si ça te chante)
Et à partir de là, on "spéculerait".

En fait non : c'est pas à ce moment qu'on spécule (pas moi). On tire pas du sens, et puis on y croirait et alors on le confronterait au sens des autres : soit on n'a pas besoin de le confronter pour y croire, soit on n'arrive pas à y croire sans que ce soit confronté. Mais dans les deux cas, on y croit quand on trouve du sens. Mais avant ça, c'est de croire à la compréhension à laquelle on parvient qui donne du sens, sauf que ce sens ne définit pas la chose observée mais la compréhension qu'on en a. Donc on ne comprend pas un phénomène, on comprend quelque chose y ayant trait dont on dit que ce n'est pas faux.
Du coup, pas besoin de spéculer sur ce que tel ou tel a compris : il a compris autre chose (ou sinon on voit bien qu'on a compris la même chose que lui).
C'est donc après qu'on spécule...
Et on spécule sur autre chose. Sur ce qu'untel a compris, ou sur les incidences de notre compréhension sur notre vision du monde, ou que sais-je encore...

Mais pour spéculer sur ce qu'untel aurait compris, il faut admettre qu'on parle bien de la même chose. Or si on parlait de la même chose, on ne pourrait effectivement pas y trouver du sens sans effectivement le confronter au sens qu'un autre a trouvé. Sauf qu'il faut toujours être sur qu'on parle de la même chose, sinon tout ça n'a pas de sens.
Donc il faut préjuger qu'on parle de la même chose... plus exactement il faut préjuger non qu'on a trouvé du sens à quelque chose mais qu'on a trouvé LE sens de ce quelque chose : le sens d'un phénomène donc si j'emploie bien le terme adéquat.
C'est très différent, on est là dans une toute autre démarche que celle du type qui a compris que le sens qu'il avait trouvé à quelque chose n'était pas faux : on est dans la démarche du type qui croit avoir compris LA chose !
Et donc qui a préjugé que la question qu'il appliquait à un problème cernait non pas un problème mais un phénomène. Le type dit : c'est un problème d'amour. Et admettons qu'il résolve le problème, alors quoi : il a résolu l'amour ?
Absurde.
... ou alors on revient à l'hypothèse un : il y a des essences etc.

Quant à spéculer sur une totalité, c'est pas le problème de Deleuze, je crois pas. On peut jouer avec des spéculations, ça oui. En tirer des trucs intéressants quelquefois sans doute. Mais c'est pas un problème ça. Le problème est ailleurs, il est de confronter au mieux nos compréhensions à l'ensemble de nos intuitions (et à la contradiction etc, bien sûr), voire à une totalité intuitive... ou aux totalités, ou systèmes des autres, pourquoi pas (et c'est là que je me demande si ce qu'admire particulièrement Deleuze chez Spinoza n'est pas surtout le système, le plan d'immanence, ce qui expliquerait en quoi il le nomme Christ... ou encore "prince" et non roi - mais bref, je connais pas Spinoza)
En tous cas, chez Deleuze et pour moi, il est question qu'une philosophie vaille système et non fasse système.
(alors il est question de plan d'immanence)
Le reste oui est spéculation.

(j'ai du retard sur la suite... et ce qui précède aussi)

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar aldo » 21 janv. 2016, 21:17

hokousai a écrit :
aldo a écrit :Mais alors et pour la millième fois, Deleuze ne sépare pas des sujets et des objets au départ, il part de l’expérience : celle qui les réunit (et sans laquelle y’aurait que dalle) pour tenter d’en tirer quelque chose ne se rapportant plus à la subjectivité d’untel et untel.

D' accord mais il est d 'emblée dans le spéculatif.
Il est spéculé que son point de vue est le point de vue de nulle part .
Deleuze se place et s'oublie dans un lieu sans objet ni sujet.
Non pas une réunion ni une union.

Non. Deleuze ne confond pas les problèmes avec les phénomènes (pré)supposés y correspondre, voilà tout.
Il n'y a pas de "point de vue" de l'événement ou je-ne-sais-quoi quoi, il y a un point de vue sur un problème qui évolue au fur et à mesure que de la compréhension l'affine, le comprend etc.
... et un problème, ca se pose forcément en termes de sujets et d'objets.

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar hokousai » 22 janv. 2016, 13:05

aldo a écrit :... et un problème, ca se pose forcément en termes de sujets et d'objets.
là tu reviens sur ce que tu écrivais avant
celle qui les réunit (et sans laquelle y’aurait que dalle) pour tenter d’en tirer quelque chose ne se rapportant plus à la subjectivité d’untel et untel.


et j' avais commenté:
en tirer quelque chose ne se rapportant plus à la subjectivité d’untel et untel


...............................

Le texte sur le virtuel décrit un monde en soi. Que quiconque soit là pour le percevoir ou pas le monde est tel que Deleuze le décrit.

Le sujet apparait dans le couple objet/ sujet avec l' actualisation

Deleuze a écrit :Le plan d’immanence comprend à la fois le virtuel et son actualisation, sans qu’il puisse y avoir de limite assignable entre les deux.


.
Deleuze a écrit : L’actualisation appartient au virtuel. L’actualisation du virtuel est la singularité,
tandis que l’actuel lui-même est l’individualité constituée. L’actuel est le complément ou le produit, l’objet [p.180] de l’actualisation, mais celle-ci n’a pour sujet que le virtuel. L’actualisation appartient au virtuel. L’actualisation du virtuel est la singularité, tandis que l’actuel lui-même est l’individualité constituée. L’actuel tombe hors du plan comme fruit, tandis que l'actualisation le rapporte au plan comme à se qui convertit l'objet en sujet .


L'actualisation c'est quand le virtuel est le sujet.
Le sujet c'est donc un non constitué en tant qu' individualité.
Pour moi Ce n'est pas un point de vue.

Mais quand :
L’actuel tombe hors du plan comme fruit, tandis que l'actualisation le rapporte au plan comme à se qui convertit l'objet en sujet.
Pour moi il y a bien néanmoins ( chez Deleuze ) constitution d' une vision du monde .

Mais celle -ci tombe du plan d’immanence ( le virtuel et son actualisation), sans qu’il puisse y avoir de limite assignable entre les deux.
Deleuze ne décrit pas un monde où lui Deleuze serait comme sujet qui aurait une influence dans cette vision ( apparition) du monde.
Car la vision tombe comme un fruit. Ce n'est pas la vison du sujet Deleuze qui constitue ou participe à la vision du monde, c'est le monde qui produit un fruit.
La vision que Deleuze expose est un fruit et aucun sujet ne le ramasse, le sujet est le fruit.

Si la vision (l'apparition) est un fruit alors je dis qu'il peut y avoir diverses sortes de fruits.
......................


-
ou bien il y a des phénomènes indépendamment de toi ou de moi et alors on cherchera à en comprendre les essences
-ou bien les-dits phénomènes n'ont pas d'essence et chacun y met le sens qu'il peut y trouver (en comprendre).
Donc si je comprends bien, tu optes pour la 2° solution. C'est ça ?

non non
les-dits phénomènes ont une essence mais chacun y met le sens qu'il peut y trouver (en comprendre).
................

tu réponds quelque chose d'incompréhensible : être c'est être perçu (ou être pensé).
Ce n'est pas incompréhensible .
"un monde qui bouge sans moi, c’est un monde de phénomènes".
je veux dire qu'il n'y a pas qu' à moi qu' apparaisssent des phénomènes.
Mais j' ajoute ( thèse où la pensée est partout ) que être c'est être pensé .( Berkeley dit perçu et Spinoza dit pensé)

Je ne vois pas chez Deleuze cette dimension du pensé
dans le texte il n'y a pas une seule occurrence de "pensée" (c'est un extrait je sais bien).

http://lucdall.free.fr/workshops/IAV07/documents/actuel_virtuel_deleuze.pdf.

.......
La spéculation ça a un sens noble si tu veux ...

http://noesis.revues.org/1637


On cherchera donc en vain dans"Procès et réalité" un exposé des principes de la philosophie spéculative qui correspondraient directement à la cosmologie qui y est mise en œuvre. Comme toute méthode, elle est moins une théorie que l’exposé des conditions de production d’un savoir. Les contraintes de cette méthode sont énoncées directement à la suite de cette définition :
8 A. N. Whitehead, Procès et réalité, op. cit., p. 45.
Former un système d’idées générales qui soit nécessaire, logique, cohérent et en fonction duquel tous les éléments de notre expérience puissent être interprétés8.

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar aldo » 23 janv. 2016, 05:00

Expérience.

hokousai a écrit :
aldo a écrit :... et un problème, ca se pose forcément en termes de sujets et d'objets.
là tu reviens sur ce que tu écrivais avant
l’expérience, celle qui les réunit (et sans laquelle y’aurait que dalle) pour tenter d’en tirer quelque chose ne se rapportant plus à la subjectivité d’untel et untel.

et j' avais commenté: en tirer quelque chose ne se rapportant plus à la subjectivité d’untel et untel

Bon je le refais, afin que ce soit bien clair.

Comment ça fonctionne, l’expérience ?
Quelque chose arrive, t’arrive (manifestation de l’événement). Tu te retrouves "pris", embarqué dans cette chose, que donc tu ressens comme "nouveauté"... dans la mesure ou justement tu es pris dedans (sinon sans doute que tu l’aurais géré autrement). Dès que tu t’en dégages un tout petit peu (donc après), tu te poses la question : "c’est quoi ce truc qui m’arrive ?", tu commences à tenter de comprendre. Si tu cherches à comprendre, c’est que tu penses qu’il y a quelque chose à comprendre que tu ne comprends pas encore. Le truc est donc posé en terme de problème.
Là on a tous les éléments en main pour séparer le problème (en terme de sujet et d’objet)... et les termes qui semblent s’y rapporter (appelés phénomènes ou autres).
Le problème, c’est donc ce qui déclenche ton processus de pensée (j'ai mal) ; le phénomène (ou autre nom) c’est la question (c'est quoi la souffrance).
À partir de l’expérience empirique, il est question d’arriver à une pensée qui déborde le cadre du sujet (sujet/objet), qui déborde la simple subjectivité.


Actuel/virtuel.

hokousai a écrit :Le texte sur le virtuel décrit un monde en soi. Que quiconque soit là pour le percevoir ou pas le monde est tel que Deleuze le décrit.
Le sujet apparait dans le couple objet/ sujet avec l' actualisation

Pas tout à fait.
Je rappelle d'ailleurs que le texte sur Joe Bousquet répond parfaitement à la question ! C’est-à-dire que la souffrance certes existe - par exemple et donc en dehors de toi (chez les autres) - mais de toutes façons, elle a besoin d’un sujet pour s’actualiser... sinon elle n’existe pas.
Donc pas de monde "en soi" en dehors du sujet (ou alors on tombe dans la spéculation dont je parlerai).

hokousai a écrit :L'actualisation c'est quand le virtuel est le sujet.
Le sujet c'est donc un non constitué en tant qu' individualité.
Pour moi Ce n'est pas un point de vue.

Absolument. Le virtuel est le sujet qui crée l’actuel et non un point de vue.


hokousai a écrit :Mais quand :
L’actuel tombe hors du plan comme fruit, tandis que l'actualisation le rapporte au plan comme à se qui convertit l'objet en sujet.

Pour moi il y a bien néanmoins ( chez Deleuze ) constitution d' une vision du monde.

Mais celle -ci tombe du plan d’immanence ( le virtuel et son actualisation), sans qu’il puisse y avoir de limite assignable entre les deux.
Deleuze ne décrit pas un monde où lui Deleuze serait comme sujet qui aurait une influence dans cette vision ( apparition) du monde.
Car la vision tombe comme un fruit. Ce n'est pas la vison du sujet Deleuze qui constitue ou participe à la vision du monde, c'est le monde qui produit un fruit.
La vision que Deleuze expose est un fruit et aucun sujet ne le ramasse, le sujet est le fruit.
Si la vision (l'apparition) est un fruit alors je dis qu'il peut y avoir diverses sortes de fruits.


À partir de là, je vais prendre la spéculation en compte pour répondre. Parce que si ton truc sur l’être pensé ou perçu me semble nébuleux, celui de la noblesse de la spéculation m’y invite. Parce qu'en fait, je m'aperçois que c’est comme ça que je perçois certains pans de ce qu’écrit Deleuze : "qu’exposé des conditions de production d’un savoir" semble a priori m’aller pas si mal du tout.

Je reviens donc à l’extrait et à ton commentaire, et voilà ce que je crois comprendre.
Pour moi, il y a deux plans là-dedans (c’est comme avec le chaos) : un plan mental et un plan donc "spéculatif" qui, quand uelque chose rapporte à autre chose qu'au mental, je trouve oui que ça participe aux conditions de la production d’un savoir, même si le mot "savoir" m'ennuie, d'une philosophie m'irait beaucoup mieux (mais je garantis pas pour autant que le pingouin est le fruit d’un agencement virtuel entre un poisson et un oiseau).
Par ailleurs, ce texte est le dernier texte de Deleuze. Si je me souviens bien, il pourrait faire partie d’un projet qui n’a pas eu le temps d’aboutir, où il était peut-être question de préciser le virtuel et l’actuel (Deleuze ne se sentait pas compris là-dessus), mais où surtout il se serait agi d’un truc ayant trait à quelque chose comme l’artificiel et le naturel (faudrait vérifier).
Bref, ici il précise donc virtuel et actuel.

Deux plans donc, disais-je donc au départ.
Un plan mental où il est question de la façon dont la pensée trace son chemin entre actuel et virtuel, l’un succédant à l’autre et vice-versa (encore que le virtuel, en tant que mouvement de vie, se foute de l’actuel). Un autre plan (spéculatif ?) dont j'ai déjà vaguement parlé (en rapport avec la stratification), qui toucherait jusqu'aux sphères thermodynamiques et autres machins dont je n'ai cure... mais n'est pas sans rapport oui, avec une idée de "nature"...
(note : il est donc pour moi largement question de pensée, contrairement à ce que tu dis)

Donc le virtuel engendre l’actuel qui lui-même engendre de nouvelles perspectives.
Maintenant engendrer de nouvelles perspectives, ça veut dire engendrer virtuellement (enfin bref).


Bon, reprenons...
Deleuze a écrit :L’actuel tombe hors du plan comme fruit, tandis que l'actualisation le rapporte au plan comme à se qui convertit l'objet en sujet.

Le virtuel est le réel en mouvement, le mouvement du réel. Il est donc l'auteur des actualisations : tout actuel est fruit du virtuel. Quant au plan, il rapporte l’actuel sur le virtuel : comprendre, c'est expliquer l'actuel, le visible, en cherchant le mouvement (virtuel) qui y a amené.

Et l’actualisation, forcément, le rapporte au plan comme à ce qui reconvertit l’objet en sujet (le texte dit "reconvertit" et non "convertit").
Le virtuel est le sujet de l'actualisation, qui crée l’actuel. Le texte nous dit ici que l’objet (actuel) est reconverti en sujet. Ça veut simplement dire je pense qu’une fois actualisé, il (re)participe (en tant que "nouvelle" singularité) au mouvement du virtuel, à son mouvement donc virtuellement créateur (d'actuel) ; il prend à son tour la fonction de sujet (propre au virtuel).


hokousai a écrit :Pour moi il y a bien néanmoins ( chez Deleuze ) constitution d' une vision du monde.

Là, je reprends ce que j’ai dit plus haut : je trouve oui, que l’actuel et le virtuel participent aux conditions de la production d’un savoir (d'une philosophie donc... d'une vision si l'on veut, mais dans ce sens de vision du monde).


Bon.
A ce moment m'apparaît (après coup) un gros problème : je ne sais plus si tu parles de "vision" en tant que vision du monde (ou philosophie) ou en tant qu'apparition... or l'apparition c'est le début et la vision du monde c'est la fin ! Alors je veux bien que la vision du monde puisse influer sur celle de l'apparition mais bon.
Bref, je comprends plus le sens de tes commentaires et du coup, j'ai viré toutes mes réponses...



Phénomènes ?

hokousai a écrit :
aldo a écrit :ou bien il y a des phénomènes indépendamment de toi ou de moi et alors on cherchera à en comprendre les essences
-ou bien les-dits phénomènes n'ont pas d'essence et chacun y met le sens qu'il peut y trouver (en comprendre).
Donc si je comprends bien, tu optes pour la 2° solution. C'est ça ?

non non
les-dits phénomènes ont une essence mais chacun y met le sens qu'il peut y trouver (en comprendre).

Ben si tu le dis.. Mais si sa majesté pouvait malgré tout nous informer d’à quoi ça ressemble, une essence : est-ce un machin immuable genre éternel ou quelque devenir inscrit dans les choses ?

hokousai a écrit :Je ne vois pas chez Deleuze cette dimension du pensé
dans le texte il n'y a pas une seule occurrence de "pensée" (c'est un extrait je sais bien)

Bon donc là, je comprends toujours pas "être pensé", "être perçu".
Tu dis qu’il n’y a pas qu’à toi qu’apparaissent des "phénomènes". Si c’est de ça dont il est question, et si pour cet autre, selon toi, c’est la même chose qui apparaît, je dis que oui mais non !
Oui on peut tous plus ou moins causer de la souffrance sans parler de deux trucs tout à fait différents, mais non parce "qu’une certaine image de la philosophie empêche de penser", comme dit Deleuze. Parce que chacun ayant une vision du monde dont il se prétend l’heureux et exclusif propriétaire, agence ses valeurs et autres repères de pensée en un système qui se doit d’être pour lui cohérent. Et que du coup, son expérience de la souffrance n’étant pas la tienne, elle ne recouvrira jamais la même portion de vos territoires.
Dans un univers de représentation, la souffrance modifiera le territoire de la joie ou de la santé qui à leur tour modifieront d’autres territoires de proximité sans que ni l’un ni l’autre ne soit capable d’appréhender la totalité des frontières territoriales de l’autre. Donc et en attendant cet heureux jour, vous ne parlerez pas de la même chose en employant le même mot.
En outre, la représentation ajuste ses territoires un peu comme un puzzle dont la totalité ferait système ou savoir, alors que chez Deleuze, les pièces ne peuvent s’ajuster pour cause d’absence d’essence ainsi que d’absence d’un regard royal et globalisant qui voudrait qu’il en soit ainsi.


PS : mes posts s'étirent et j'en ai deux moitiés en retard...

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar hokousai » 23 janv. 2016, 14:36

Bon donc là, je comprends toujours pas "être pensé", "être perçu".
Parce que cette dimension n'apparait pas chez Deleuze. Deleuze expédie Berkeley.
Or être c'est être perçu c'est du Berkeley.

et je suis là obligé de te citer Berkeley

Je vois cette cerise, je la touche, je la goûte, je suis sûr que le néant ne peut être vu, touché ou goûté : la cerise est donc réelle. Enlevez les sensations de souplesse, d’humidité, de rougeur, d’acidité et vous enlevez la cerise, puisqu’elle n’existe pas à part des sensations. Une cerise, dis-je, n’est rien qu’un assemblage de qualités sensibles et d’idées perçues par divers sens : ces idées sont unies en une seule chose (on leur donne un seul nom) par l’intelligence parce que celle-ci remarque qu’elles s’accompagnent les unes les autres. Ainsi quand le palais est affecté de telle saveur particulière, la vue est affectée d’une couleur rouge et le toucher d’une rondeur et d’une souplesse, etc. Aussi quand je vois, touche et goûte de ces diverses manières, je suis sûr que la cerise existe, qu’elle est réelle : car, à mon avis, sa réalité n’est rien si on l’abstrait de ces sensations. Mais si par le mot cerise vous entendez une nature inconnue, distincte, quelque chose de distinct de la perception qu’on en a, alors certes, je le déclare, ni vous, ni moi, ni aucun homme, nous ne pouvons être sûrs de son existence.
Berkeley, Trois dialogues entre Hylas et Philonous, Troisième dialogue.


Deleuze ne se pose pas la question d' être certain de son existence.

.....................

aldo a écrit :Dès que tu t’en dégages un tout petit peu (donc après), tu te poses la question : "c’est quoi ce truc qui m’arrive ?", tu commences à tenter de comprendre. Si tu cherches à comprendre, c’est que tu penses qu’il y a quelque chose à comprendre que tu ne comprends pas encore. Le truc est donc posé en terme de problème.


Je comprend très bien tout ça .
A partir du moment ou tu te distancies, le truc est posé et ce n'est plus le truc c 'est un truc posé.

La pensée fonctionne toute seule. Je pense toujours, tout le temps (sauf électro-encéphalogramme archi plat)
Soit elle ne parle pas (pas du tout) soit elle parle, soit elle fait défiler des suites de symboles mathématiques ( des nombres et autres)... elle peut faire défiler ou stationner plus ou moins sur des symboles ...
bref c'est ce que je suppose

C'est de la spéculation (au sens trivial là)
parce quelle fonctionne sans que je la vois ...ou sans que je la vise ou sans que je me la pose comme problème .

Alors il y a quelque chose à comprendre.
Mais ce quelque chose à comprendre n' est plus la pensée mais la pensée posée comme un truc à comprendre .

et c'est pourquoi je disais (je cite un ancien message).



Hokousai 19/01/2016 13:08 a écrit :Après tout je ne sais pas ce qui bouge?
Est- ce le monde ou ma conscience?

Dit autrement est-ce que ça bouge comme ça bouge par ma conscience quand je n 'ai plus conscience ?
Parce que là tu es en train de me dire que tu sais comment ça bouge (le flux) même quand tu ne le vois plus du tout bouger.
Tu es en train d' attribuer au monde la manière de penser de ta conscience désirante.

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar aldo » 23 janv. 2016, 21:22

Hokousai a écrit :c'est pourquoi je disais...

Ben tu disais c'est bien.

Moi aussi je dis !

Même que des fois j'ai envie de répondre comme notre ami commun que la pensée se pensant elle-même etc...

Deleuze est certain de l'existence berkeleyenne des cerises, oh oui oh oui. Il est certain aussi de l'existence hokousaïenne des tables (rassure-toi, il est allé jusqu'à ces profondeurs vertigineuses de la pensée).

Mais Hokousai évite-t-il la question de l'existence de la souffrance ou encore le rapport de l'apparaître avec la vision du monde en se concentrant très fort sur les hauteurs vertigineuses de la pensée qui fonctionne toute seule (comment pourrait-il en être autrement), mais parle ou pas c'est euh... selon ?

Et quid de la souffrance des tables ?
Ah que voilà une question que je m'en vais méditer trois jours, trois mois ou trois ans avant que de me prononcer avec la gravité qui sied à ce genre de problème...

a+

PS : bref, j'ai répondu : t'as qu'à lire...

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar hokousai » 24 janv. 2016, 01:15

Même que des fois j'ai envie de répondre comme notre ami commun que la pensée se pensant elle-même etc...
mais notre ami commun n'y échappe pas du tout.
La pensée ne se voit pas elle même, ne se goute pas elle même, ne se touche pas elle même, ne s'entend pas elle même , et n'a aucune odeur non plus.
elle pense elle même et puis parfois se pense elle même
c'est tout ce qu'elle peut faire.

Quand elle se pense elle même c'est la distanciation. Il n' y a aucun discours philosophique (qui soit théorie) sans distanciation.
Or La philosophie est la théorie des multiplicités. sic

.................................

(rassure-toi, il est allé jusqu'à ces profondeurs vertigineuses de la pensée).

Non là sur Berkeley ou bien il trompe sciemment son auditoire ou bien il ne l'a pas lu, ce qui est fort possible ... mais bref. ...car lu ou pas lu ce n'est pas son créneau du tout.
Il y a des endroits où Deleuze ne voulait pas aller.
..................................

Alors sur la souffrance!!!

Un de mes philosophe de chevet est Michel Henry

Michel Henry écrit, dans l’introduction à Incarnation :
« Vivre veut dire s’éprouver soi-même. L’essence de la vie consiste dans ce pur fait de s’éprouver soi-même, dont se trouve au contraire dépourvu tout ce qui relève de la matière et plus généralement du “monde” 


M Henry a écrit :« La passion de la souffrance est son surgissement en soi-même, son être-saisi-par-soi, son adhérence à soi, la force en laquelle elle cohère avec soi et dans la force invincible de cette cohérence, de cette identité absolue avec soi en laquelle elle s’éprouve et se révèle à elle-même, sa révélation – sa Parousie. […] Nous disions : aucune impression ne s’apporte d’elle-même en soi. Telle est la signification première de la passivité radicale dont nous parlons. L’impression, la douleur en sa souffrance s’éprouve passive au plus profond d’elle-même pour autant qu’elle est venue en soi sans être pour rien dans cette venue, dans l’impuissance qui marque toute impression au fer rouge, comme un cachet frappé sur une enveloppe et dont elle reçoit, de façon singulière, son contenu. […]



Michel Henry a écrit :« La douleur pure est une souffrance pure, elle est l’immanence à soi de cette souffrance – une souffrance sans horizon, sans espoir, tout entière occupée de soi parce qu’elle occupe toute la place, en sorte qu’il n’y a pour elle aucune place autre que celle qu’elle occupe. Impossible pour elle de sortir de soi, d’échapper à soi. […] Dès que la souffrance est là, elle est là tout entière en effet, comme une sorte d’absolu. Pour celui qui souffre, rien ne porte atteinte à sa souffrance. La souffrance n’a ni portes ni fenêtres, aucun espace hors d’elle ou en elle offert à sa fuite. […] Entre la souffrance et la souffrance, il n’y a rien.


cité sur
http://www.cairn.info/revue-cahiers-philosophiques-2011-3-page-66.htm

Michel henry est un philosophe difficle d'accèes certes
mais Deleuze?
pour moi Deleuze est encore plus difficile d' accès...
je comprends un peu Michel Henry ...un peu Deleuze mais à mon avis un peu moins :( .


à plus

aldo
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Re: Conscience et conscience de s

Messagepar aldo » 24 janv. 2016, 06:08

Michel Henry a écrit :« La douleur pure est une souffrance pure, elle est l’immanence à soi de cette souffrance – une souffrance sans horizon, sans espoir, tout entière occupée de soi parce qu’elle occupe toute la place, en sorte qu’il n’y a pour elle aucune place autre que celle qu’elle occupe. Impossible pour elle de sortir de soi, d’échapper à soi. […] Dès que la souffrance est là, elle est là tout entière en effet, comme une sorte d’absolu. Pour celui qui souffre, rien ne porte atteinte à sa souffrance. La souffrance n’a ni portes ni fenêtres, aucun espace hors d’elle ou en elle offert à sa fuite. […] Entre la souffrance et la souffrance, il n’y a rien.

Deleuze a écrit :C'est faiblard. Amalgame entre douleur et souffrance, un peu de sérieux, merci.
Pas de réflexion sérieuse non plus sur l'absence d'espoir : c'est autre chose l'absence d'espoir (réflexion à entreprendre, courage). L'espoir est au contraire partie prenante de la souffrance (mais certes pas de la douleur, admettons).
Sinon on s'en fout de la douleur mon jeune ami, comparaison mal fondée et inopportune qui n'apporte pas grand chose, veuillez rester concentré.
Occupe toute la place", moui... développez s'il vous plaît : quelle place ?
Autre chose, je ne vois pas dans la dissertation une évocation de la mémoire ? Pensez-y jeune homme. Vous évitez la mémoire, ne regardez pas ailleurs. Et quid de l'essence des cerises ? On reste sur notre faim.
La souffrance est une monade moui, pas mal, c'est-à-dire faut voir... mais alors quel est son point de vue ? Veuillez développer.
Sinon : "entre la souffrance et la souffrance, il n'y a rien". Évitez ce genre de posture linguistique voulant faire formule en misant sur le caractère énigmatique d'un certain esthétisme bon marché, au début tout au moins. Évitez de manière générale l'abstraction et concentrez-vous sur le concret, jusqu'à ce que votre pensée se mette un peu en forme. Revenez me voir après.
Ambitieux mais pas très rigoureux : concentrez-vous Henry, ne cédez pas aux chimères de la facilité. Travail trop rapide, un peu bâclé, pas inintéressant néanmoins. Peut faire mieux.
09/20

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hokousai
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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar hokousai » 24 janv. 2016, 14:57

Revenez me voir après.
quand vous serez revenu au calme ...peut-être.
Vous savez pourtant bien que je déteste les éclats de voix.


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