Conscience et conscience de soi

Questions philosophiques diverses sans rapport direct avec Spinoza. (Note pour les élèves de terminale : on ne fait pas ici vos dissertations).

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hokousai
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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar hokousai » 05 mars 2016, 16:31

il me semble que c'est ça, l'idée (soit le corps spirituel oui).
Et c'est bien celui-là même dont tu dis qu'il est "éternel", non ?
Il y a là une distinction sous -jacente entre corps spirituel et un qui ne le serait pas.
Je vois bien que Ruyer parle d' esprit ( Deleuze avec raison le rapproche de Leibniz)...Ruyer est platonicien quelque part. Pan- psychiste mais surtout psychiste.

Mais quid des événements étendus :?:

Je ne suis pas trop d'accord avec Ruyer quand il s'envole dans la trans-spatialité. Il y a le même problème chez Leibniz avec l' étendue .
Deleuze en parle ICI

http://www.webdeleuze.com/php/texte.php?cle=144&groupe=Leibniz&langue=1

Sous le prétexte qu'on peut diviser l'étendue alors que diviser la pensée est beaucoup plus difficile,
effectivement il est difficile de diviser la conscience ou la durée
enfin bref... il est difficile de diviser le spirituel en partie extra partes,

(impossible de diviser la durée chez Bergson)
on va rejeter l''étendue du côté de la matière ... et on a in fine un dualisme corps /esprit. Ce qui reste d'éternel c'est la partie spirituelle. Et Bergson lui est nettement dualiste .

Ce qui me pose problème .( chez les spinozistes la question est loin d être éclaircie par la distinction des deux attributs auxquels nous avons accès )

...........................................
Ruyer a écrit :En voulant réaliser cette « théologie », à laquelle j’ai travaillé depuis 1946, j’ai, bien entendu, redécouvert – je m’y attendais, mais ce genre de découverte est toujours désagréable – que cette entreprise est vaine et impossible. Il est impossible de penser la Source originelle. On ne peut qu’y faire allusion. Il est puéril de tenter un ouvrage intitulé « Dieu ». Cet ouvrage ne peut comporter que des chapitres sur des sujets divers : les valeurs, l’action, la vie, la communication, l’invention, l’individualité, le travail, etc.


Ruyer a écrit :Chaque chapitre en lui-même peut avoir de l’intérêt, jusqu’au moment où il quitte les analyses concrètes pour entrer dans la région de la théologie. Le sujet central de l’ouvrage n’est donc jamais traité, sinon par une convergence, dans le vague, de vagues fins de chapitre.

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar aldo » 05 mars 2016, 21:47

Ayant déjà dit que la forme dualiste était nécessaire dans l'expression, ce qui n'empêchait pas de ressentir les choses de façon moniste (présence, immanence), je vois pas bien quoi rajouter (pour peu que je comprenne ton problème).

Par contre, j'ai trouvé un lien intéressant sur le dualisme, en terme de savoir donc (wow, j'ai tout bon), mais aussi par rapport à Spinoza et Bergson (évoqué au début). Ça devrait t'intéresser :
http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/arti ... rticle=430

Je dis : il y a un second dualisme qui est, cette fois-ci, une étape provisoire vers l’un. Faire deux - le dualisme - c’est une manière, comme une espèce d’étape par rapport à un but ultime : découvrir l’unité plus profonde. Je dirais : ce dualisme provisoire, j’en vois deux exemples, [ ???] pour en rester à deux - c’est du dualisme... alors... - Je pourrais le dire de Spinoza. Chez Spinoza il y a bien une distinction réelle, un dualisme, entre l’attribut « pensée » et l’attribut « étendue ». Seulement ce dualisme est une étape provisoire vers l’unité de la substance qui a tous les attributs, c’est une étape provisoire vers l’un. Question d’un étudiant : [ ???] c’est pas un dualisme, il y a [ ???] Deleuze : oui, ça... me compliquez pas..., me complique pas les choses, hein !... Je dis ça comme ça. C’est pas... Oui, t’as raison... Non ! Parce que en fait c’est, dans la mesure où il y a une substance unique, que je sais qu’il y a une infinité d’attributs. Je veux dire : l’infinité des attributs est une conséquence de l’unité de la substance, c’est parce qu’il n’y a qu’une substance que je sais que, dès lors, elle ne peut pas se contenter de deux attributs, c’est-à-dire l’infinité n’intervient pas là, l’infinité c’est une conséquence de l’unité. Ce qui est important, c’est le dépassement des attributs, vous comprenez, vers une substance unique d’où l’on peut conclure à une infinité d’attributs qu’on ne connaît pas. L’autre cas ce serait Bergson. Bergson est célèbre par ses dualismes. La durée et l’espace, la matière et la mémoire, bien plus : tous ses titres « les deux sources », tous ses titres se réclament explicitement du dualisme. Mais, chez Bergson le dualisme, là aussi, n’est qu’une étape transitoire vers un monisme triomphant. A savoir : première étape, la durée et la substance s’opposent... non, la durée - pardon - et l’espace s’opposent, il y a deux sources de la morale et de la religion, matière et mémoire s’opposent ; deuxième stade : les deux termes opposés sont les degrés extrêmes d’une même instance, à savoir l’espace n’est que le degré le plus dilaté de la durée ou l’espace n’est que le degré le plus dilaté de l’élan vital et la durée n’est que le degré le plus contracté de l’élan vital. Un même élan vital traverse les deux formes duelles, l’une étant son extension ou sa dilatation, l’autre étant sa contraction. Donc dépassement du dualisme, par lequel fallait passer, vers un monisme.

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar hokousai » 06 mars 2016, 13:51

Ce qui me pose un problème au départ ...c'est l'attribut. C'est à dire le fait d'attribuer.
Je veux dire que si en soi on ne distingue plus, comment se fait-il alors qu'on conserve la distinction pour soi ( au niveau de l' esprit humain ) et sans vouloir s'avouer qu'elle n'est qu'une manière de théoriser.
Que veut dire étape provisoire. :?:

Deleuze a écrit :Chez Spinoza il y a bien une distinction réelle, un dualisme, entre l’attribut « pensée » et l’attribut « étendue ». Seulement ce dualisme est une étape provisoire vers l’unité de la substance qui a tous les attributs, c’est une étape provisoire vers l’un.

Chez Spinoza il y a bien une distinction réelle qui est une étape provisoire me parait des plus bizarre.

une distinction réelle
certes la distinction comme toute acte de pensée est un acte réel ...mais son objet est -il réel ?
Son objet a un degré de réalité, je lui attribue un degré de réalité ... mais provisoirement.
Bon je veux bien pragmatiquement .

Mais cette pragmatique qui distingue réellement m' empêche se sortit du provisoire et au contraire m' installe dans du définitif. C' est à dire que je reste pris dans le dualisme au niveau même des explications.

............
Je ne suis pas spécialiste de Bergson
Nonobstant son envol (Plotin/néoplatonisme) Bergson affirme un dualisme. Même si Bergson cherche à dépasser le plotinisme. Même sil veut dépasser un dualisme vulgaire .http://www.cairn.info/revue-philosophique-2012-2-page-191.htm
Le plotinisme de Bergson est expliqué dans ce livre.
https://books.google.fr/books?id=wb7poPVyUXkC&pg=PA285&lpg=PA285&dq=bergson+n%C3%A9oplatonisme&source=bl&ots=8kC81Hl1Bv&sig=3iPJwUsLIfTVOkYJiKtFn0G9_Kk&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiVqsLygKzLAhWBRBoKHeBzBeUQ6AEIHDAA#v=onepage&q=bergson%20n%C3%A9oplatonisme&f=false
la page 309 est très intéressante sur Descartes est aussi ...
...............................
Mais je ne vois pas Deleuze en plotinien cela dit.
..............................

Merleau-Ponty a écrit :"Il y a cécité de Bergson à l'être propre de la conscience, à sa structure intentionnelle. Même difficulté pour expliquer ce qu'est le moi qui perçoit : Bergson se le représente comme un mélange de perception et de souvenir, la condensation d'une multiplicité de mouvements, une 'contraction' de la matière... Il aurait fallu montrer que le corps est impensable sans la matière, car il y a une intentionnalité du corps, et que la conscience est impensable sans le corps, car le présent est corporel. Bergson a entrevu une philosophie du monde perçu, non réaliste dans son intention première, mais gâtée par le passage au réalisme qui considère le percipi comme un moindre esse... Ce dépassement simultané du réalisme et de l'idéalisme, un moment entrevu, avorte. Ayant choisi de prendre le monde comme un spectacle, Bergson a sombré dans le réalisme et réalisé le sujet par soustraction. Le sujet en meurt". (L'Union de l'âme et du corps..., 11° leçon, p.81-83 ;

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar aldo » 07 mars 2016, 01:35

hokousai a écrit :Ce qui me pose un problème au départ ...c'est l'attribut. C'est à dire le fait d'attribuer.

C'est dans le cours (l'intégralité) se rapportant au lien que tu m'as donné, dès les premières lignes :
http://www.webdeleuze.com/php/texte.php?cle=142&groupe=Leibniz&langue=1

Pour Deleuze, Leibniz semble être le précurseur de la philosophie de l'événement, à travers l'individuation à partir de laquelle il distingue les hommes (les événements individuant les hommes).
J'ai résumé... et vu le franc succès de mes résumés :woh: , j'hésite pas à en remettre une couche :
Deleuze (cours sur Leibniz) a écrit :C'est comme cet espèce de cri sur lequel repose toute la philosophie de Whitehead : tout est évènement. Tout est évènement ça veut dire que je suis prêt à renverser le schéma catégoriel sujet/attribut. C'est le renversement du schéma sujet/attribut du type : le ciel est bleu.
Ce n'est pas le premier à renverser, Leibniz était peut-être le premier. Or ce qui a été le plus ruineux dans toute compréhension de Leibniz, dans sa grande thèse comme quoi tout prédicat est dans le sujet, c'est qu'on a considéré comme allant de soi que l'inclusion du prédicat dans le sujet signifiait et impliquait la réduction de tout jugement à un jugement d'attribution.
Or c'est tout à fait le contraire.
Dans le Discours de Métaphysique, Leibniz dit : le prédicat ou évènement. Donc ce qui est dans le sujet, à savoir le prédicat, ce n'est pas un attribut. On ne comprend rien à Leibniz si on ne voit pas que, d'un bout à l'autre de cette philosophie, il ne cesse de rompre avec le schéma catégoriel sujet/attribut, qui est au contraire la chose de Descartes. Que ce refus que le jugement soit jugement d'attribution, c'est cela qu'il veut dire en nous disant que le prédicat est dans le sujet, et que lorsqu'il nous dit que le prédicat est dans le sujet, loin que ça veuille dire le jugement est jugement d'attribution, ça veut dire exactement le contraire. D'où je dis que c'est déjà chez Leibniz que surgit la grande affirmation : tout est évènement ! Il n'y a que des événements. Il n'y a pas d'objet, il n'y a pas de sujet. Tout est événement.
Ou plutôt, il n'y a pas d'objet il n'y a pas de sujet, on verra. Les formes mêmes de l'objet, les formes mêmes du sujet découlent de l'évènement comme composante de la réalité. Le réel est fait d'événements...



hokousai a écrit :Que veut dire étape provisoire. :?:

Il me semble : une étape dans la façon d'exprimer les choses.


hokousai a écrit :
Deleuze a écrit :Chez Spinoza il y a bien une distinction réelle, un dualisme, entre l’attribut « pensée » et l’attribut « étendue ». Seulement ce dualisme est une étape provisoire vers l’unité de la substance qui a tous les attributs, c’est une étape provisoire vers l’un.

Chez Spinoza il y a bien une distinction réelle qui est une étape provisoire me parait des plus bizarre.
une distinction réelle
certes la distinction comme toute acte de pensée est un acte réel ...mais son objet est -il réel ?
Son objet a un degré de réalité, je lui attribue un degré de réalité ... mais provisoirement.
Bon je veux bien pragmatiquement .

Pour reprendre la terminologie de Foucault : on "voit" les choses et on les "exprime" (de façon dualiste donc, voire pluraliste). C'est le truc de Deleuze que de les expliquer sans passer par le dualisme. Les dissociations qu'il pose ne le sont que pour faciliter l'explication (par exemple, pas de corps organique séparé du CsO)


hokousai a écrit :Mais cette pragmatique qui distingue réellement m' empêche se sortit du provisoire et au contraire m' installe dans du définitif. C' est à dire que je reste pris dans le dualisme au niveau même des explications.

C'est bien ça le bordel : on croit à la raison... au point que le sensible n'est plus que l'otage de cette dictature, qu'on le fait plier jusqu'à ce qu'il se conforme au tout-puissant baratin universel moralisateur. A force sans doute de bidouiller les mots, de mettre tant de rapports de pouvoir au milieu, tant de bêtise aussi (avec ce terrible caractère exponentiel), qu'on sait plus s'en sortir.
Et quand on n'y croit pas comme eux, on est rejeté du circuit (universaliste et moralisateur).

Mais bordel, quand on pense, on n'est pas forcé de se plier à ces savoirs, à ces règles, à ces méthodes !
(et hélas n'existe pas encore de statut de réfugié spirituel pour émigrer en Inde :( grrr)

C'est pas compliqué Deleuze, c'est tout simple. C'est sûrement forcément tout simple. Le compliqué c'est tous ces textes qu'il faut effacer, remanier ou/et écrire par dessus pour y accéder. Oui c'est sûrement comme ça. Remonter jusqu'à la simplicité de Deleuze. Un truc comme ça, je crois. Il faudrait le dire depuis les pygmées peut-être en fait, pas depuis l'Occident. Dire : "il y a les évènements du grand Tout magique qui nous prennent, il faut lutter contre l'esprit des mots pour en sortir avec la grâce du puma mon totem afin de revenir vivant et grandi au pays des Vrais Hommes"
(un truc dans le genre hein, faudra que j'essaie).



PS : sinon je peux pas vraiment commenter Bergson voire Plotin (!) pour expliquer quoi que ce soit, je connais pas assez... et donc pas du tout pour Plotin. Je peux juste donner en info que des spécialistes de Deleuze disent qu'il n'est pas insensible à Plotin, mais sur quel sujet, j'en sais rien du tout !

NB : Je viens d'acheter Le Bergsonisme de Deleuze, mais l'ai pas encore ouvert. A propos, c'est là : http://monoskop.org/images/9/95/Deleuze ... onisme.pdf
Sinon, ce lien sur Difference et Répétition que tu as filé l'autre jour, c'est à quoi... la totalité ? Là :
http://www.l.u-tokyo.ac.jp/philosophy/p ... uze_dr.pdf

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar hokousai » 07 mars 2016, 23:09

aldo a écrit :Pour reprendre la terminologie de Foucault : on "voit" les choses et on les "exprime" (de façon dualiste donc, voire pluraliste).

Mais c'est un gigantesque problème ça.
Il ne suffit pas de constater.

On voit ,certes et c'est fondamental . C'est le donné immédiat.
Si immédiat que certains n' y voient aucune pensée, du moins aucune connaissance ( au sens de savoir conceptualisé universalisable ... des jugements objectifs de la raison)

et puis donc on explique, là on a la connaissance ... des jugements, du plus trivial aux plus élaborés, métaphysiques ou scientifiques.

Mais l'explication n'est pas hors la nature . C'est à dire que la pensée conceptuelle n'est pas hors la nature.
il faut en rendre compte.
C'est comme ça que Kant batit deux mondes phénoménal/jugement et puis un monde de la "chose en soi".
On peut dire que chez Kant la nature est orpheline d'une moitié ( bon après il se rattrape avec de la théologie morale ...mais bref)

Deleuze va tout droit dans l'explication.
Déjà, c'est Deleuze ou tout autre homme singulier qui explique.
Et puis qui explique dans un langage commun et c'est encore autre chose.

Ce double carcan, il faut le réintégrer dans une idée de la Nature.
Ou alors se priver de vision unifiée de la nature en soi
Ce qui n'est pas le cas de Deleuze (ni de Leibniz, ni de Whitehead dont il parle).

On a donc une nature où il y a des sujets qui interprètent et une inter-subjectivité (le langage entre autres).
Moi je subordonne à ce genre de précautions, les événements présentés comme l'immanence.
Les événements ne sont pas immanents du tout mais conceptuels.
Et ce n'est pas du tout que je rejète l'idée d'immanence bien au contraire, mais je ne la place pas au même endroit.

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar aldo » 08 mars 2016, 00:43

Ça veut dire quoi, cette réponse ?

C'est "visible" et " énonçable" chez Foucault, pas "exprimable".
Mais bon ça change pas grand chose : si c'est pour m'entendre répondre qu'il faut rendre compte que "la pensée conceptuelle n'est pas hors de la nature", le plus simple c'est de retirer ce que j'ai dit et de parler d'autre chose.


Hokousai a écrit :Les événements ne sont pas immanents du tout mais conceptuels.
Et ce n'est pas du tout que je rejète l'idée d'immanence bien au contraire, mais je ne la place pas au même endroit.

On a déjà parlé de ça. J'avais dit que pour Deleuze (et moi), le transcendant, c'est ce qui expliquerait des choses d'un au delà des choses (donc en pleine dualité à propos). Du coup, je sais pourquoi les évènements ne sont pas pour toi immanents, puisqu'il viennent de l'extérieur de toi. Mais ça n'a pas de rapport avec l'immanence deleuzienne.
Enfin bref, si tu en as marre, tu arrêtes... où tu réponds parcimonieusement si tu veux, no problem. Moi tant que j'ai un truc à dire, je le dis.
Modifié en dernier par aldo le 08 mars 2016, 06:38, modifié 3 fois.

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar aldo » 08 mars 2016, 06:06

Bon, encore un résumé (de cours de Deleuze) pour expliquer "voir" et "énoncer" d'après Foucault.
Ça déborde un peu le cadre mais c'est intéressant puisque tu n'as pas l'air de le connaitre, et puis c'est bien aussi d'aller jusqu'au derniers mots du texte, enfin du résumé, très éclairants :

Nous nous trouvons devant deux formes irréductibles : la forme du visible, la forme de l’énonçable. Il n’y a ni forme commune ni correspondance entre les deux formes et pourtant on retombe toujours sur le même cri, d’urgence : et pourtant, il faut bien qu’il y ait un rapport. Pourquoi ? Parce que la forme du visible et la forme de l’énonçable composent le savoir.
On voit bien que non seulement les fonctions sociales sont des fonctions d’extériorité, mais que toute forme est une forme d’extériorité. Parce que, une forme, c’est une condition. La forme du visible, c’est la condition des visibilités. La forme du langage, c’est la condition des énoncés.
Il y a des captures mutuelles : vous ne dégagez pas des énoncés sans susciter du visible, ou des visibilités sans faire proliférer des énoncés. Les deux formes sont hétérogènes, mais en présupposition réciproque, il y a capture mutuelle. Du visible s’insinue dans l’énonçable, de l’énonçable dans le visible.

Si savoir a non pas deux parties extérieures entre lesquelles il établirait une visée ou un pont, mais deux parties immanentes, qu’est-ce que c’est savoir ? Qu’est-ce que le savoir fait avec ces deux parties constituantes ? La réponse de Foucault c’est : savoir c’est entrelacer le visible et l’énonçable, l’énonçable et le visible. La capture mutuelle constitue cette espèce d’entrelacement, que je proposais d’appeler une "strate". Sans doute qu’une strate, c’est une formation historique, mais "formation historique" serait ambigu ; ça nous laisse dans l’idée qu’une époque précède ce qui se passe dans l’époque. Or pour Foucault, c’est l’inverse, une formation historique découle de tel mode d’entrelacement du visible et de l’énonçable, c’est-à-dire une formation historique découle d’une manière dont la lumière tombe, d’une manière dont "il y a du langage" et d’une manière dont s’entrelacent les énoncés du langage et les visibilités de la lumière.
Vous ne pouvez définir une formation historique que lorsque vous avez assigné une strate. Toute formation historique dit tout ce qu’elle peut dire et voit tout ce qu’elle peut voir ; on dit toujours tout ce qu’on peut, on voit toujours tout ce qu’on peut voir. Donc l’entrelacement du visible et de l’énonçable constitue ce qu’on appellera les relations de savoir.

Dès lors, la conciliation des captures mutuelles ou des insinuations réciproques ne peut se faire que dans une autre dimension, elle exige un nouvel axe. Et cet axe est constitué par les rapports de pouvoir.
Et on ne comprendra rien à la théorie du pouvoir de Foucault si on ne la subordonne pas à l’affirmation que le pouvoir n’est pas une forme. Les formes sont les formes du savoir. Le pouvoir n’est pas une forme, le pouvoir est l’élément informel par excellence. Il n’y a pas de forme du pouvoir et c’est pour ça que les rapports de pouvoirs sont aptes à instaurer les relations de savoir qui s’établissent entre les deux formes irréductibles du savoir. C’est le rapport de pouvoir, les rapports de pouvoir, qui vont rendre compte des relations de savoir.

Il fallait avoir composé un corpus de mots et de phrases pour dégager les énoncés ; de même, pour former un corpus de choses et d’états de chose d’où l’on pourrait dégager les visibilités. La réponse de Foucault est que les règles d’après lesquelles on dégage un corpus dont on tirera les énoncés ne présupposent rien des énoncés eux-mêmes. C’est donc pas les énoncés qui vont nous guider dans le choix du corpus, c’est les foyers de pouvoir (et de résistance au pouvoir) autour desquels bourdonnent les mots, les phrases, le "on parle".
Et ça, c’est toujours la réponse de Foucault, qu’il n’y a que les foyers de pouvoir et de résistance au pouvoir qui peuvent rendre compte des mots, des phrases qu’on retiendra dans la constitution d’un corpus : si le savoir est pris dans une telle bataille, d’où voulez-vous que cette bataille vienne, sinon des rapports de pouvoir en train de se faire et de se défaire ?
On dépasse le savoir vers le pouvoir parce qu’encore une fois, savoir c’est entremêler voir et parler. Pas "toujours" dit Foucault, mais très souvent c’est le pouvoir. Le pouvoir, peut-être qu’il voit rien et qu’il ne parle pas. Mais dès qu’il parle, il constitue des savoirs. Et même si le pouvoir ne parle pas et ne voit pas, il fait voir et il fait parler.
Faire parler, tirer à la lumière, ça fascinait Foucault. Le pouvoir qui, finalement, va organiser les deux pôles du savoir et les entremêler par un coup de lumière, un coup de langage : je parle / je te donne à voir.

http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/arti ... rticle=427
(et les quatre cours qui suivent)

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar hokousai » 08 mars 2016, 13:42

On a déjà parlé de ça. J'avais dit que pour Deleuze (et moi), le transcendant, c'est ce qui expliquerait des choses d'un au delà des choses (donc en pleine dualité à propos).
Ce que je te dis c'est que dans l' explication on est dans l'au delà des choses. C' est dans l'explication qu'on est au delà.

C'est "visible" et " énonçable" chez Foucault, pas "exprimable".
Si tu veux mais l'exprimé (ou l'expression) est aussi au delà des choses... au delà des choses non exprimables ou non énonçables.
Donc quand j'énonce quoi que ce soit, je prends la précaution de me dire : c'est de l'énonçé.
Ce qui nexclut pas que sans énoncé je vois néanmoins quelque chose.
le je vois est plus immanent que l'énoncé.
On peut s'en détourner ou le contourner et préférer l' énonciation.

Tout le logos philosophique est un contournement. Il lui faut dire non pas l'invisible mais le visible .( peut- être aussi l'invisible... c' est selon l'exigence métaphysique).
Maintenant est- ce que tous les logos philosophiques se valent ?
Comment les départager ?
Sur quels critères préférer Kant à Husserl ?
Par qui nous semble- t-il que le VU est le mieux énoncé?

On a des critères de certitudes ...(par exemple le clair et distinct ou le logique). Expliquer par le pouvoir qu exerce sur nous ces modes de la certitude ne les justifient pas .



Enfin bref, si tu en as marre, tu arrêtes... où tu réponds parcimonieusement

non non je te suis, en fait.
Je n'ai pas l'impression de répondre à côté.
Parcimonieusement!!! non mais très résumé certainement. Si tu reprends ce que je dis alors je peux développer, mais pas au début.

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar aldo » 08 mars 2016, 15:19

(grrr l'expression et le contenu, c'est pour l'énoncé bien sûr)

C'est Deleuze qui fait la synthèse, pas meme Foucault...
Il le dit quelque part dans le cours, que c'est lui qui rassemble des trucs à Foucault pour en tirer lui une synthèse. Bref, ce que je veux dire c'est que voir, c'est pas du tout le donné immédiat. C'est pas ca le truc.

Bon je vais dire des conneries parce que Foucault je suis pas très sûr, mais j'essaie un topo rapide...
Donc Foucault, il fait un boulot disons d'historien. Il constate à un moment que les historiens s'arrangent toujours pour écrire l'histoire comme une continuité de progrès. Or lui il voit des coupures partout, des inflexions etc.
Il a des textes sous les yeux et il en déduit qu'il y a certaines conditions pour que les textes soient comme ca et pas autrement. D'abord, il commence par étudier les "énoncés" (les textes)... qui ne "collent" pas forcément à la science par exemple. Ils ont une autre histoire. Comme (autre exemple) la justice à sa propre histoire d'énoncés etc.
Bref le récit linéaire "vers le progrès", il boite de partout, il est découpé dans tous les sens, et merci le progrès... et tout ca interagit de partout comme il se doit. Et là encore on a des séries qu'il suffit pas de rassembler par la bonne volonté d'une logique de progrès, mais qui démontrent des "milieux" et des "discours" s'y rapportant.
Ensuite il va regarder ce qu'il se passe du côté du pouvoir, et là il voit du "comment ça marche" : l'école, l'armée l'usine la prison etc. C'est des méthodes, des dispositifs de pouvoir. Ça ç'est des faits visibles.

Énoncés et visibilités se croisent, interagissent etc, là encore c'est pas simple.
Ensuite la synthèse, pt'etre ben que c'est Deleuze qui la fait. En tous cas, il faut tenir compte des énoncés et des visibilités pour trouver les conditions qui font que tel nouvel énoncé et telle nouvelle visibilité apparaît à un moment et pas un autre.
C'est là que part le texte...
Donc les visibilités, c'est des visibilités d'historien, mais en même temps c'est les possibles de l'epoque. Tel savoir autorise tel énoncé etc. Et à la fin, c'est pas que telle époque permet tel énoncé ou visibilité comme le racontaient nos braves historiens progressistes mais bien que tel savoir infléchit un contexte, un milieu. Tel savoir qui lui-même dépendra d'événements puis de choix souvent politiques pour s'en arranger etc.

Donc ensuite, hors histoire, on n'est pas du tout dans la vision immédiate et la pensée mais dans des visibilités comme milieu de pensée, qui selon Foucault seraient sous l'égide de pouvoirs divers (pas forcément que politiques : micro-pouvoirs qu'il dit le monsieur).

Bref, t'arriveras pas encore ce coup-ci à me caser ta vision subjective et tes objets 8-)
(essaie une autre fois)

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar hokousai » 09 mars 2016, 13:49

aldo a écrit :Bref, t'arriveras pas encore ce coup-ci à me caser ta vision subjective et tes objets 8-)
(essaie une autre fois)
Ce n'est pas que j' y tienne comme à une vérité objective qui serait à dispenser à un public. J 'exprime plus une solitude qu'une subjectivité.

Ensuite il va regarder ce qu'il se passe du côté du pouvoir, et là il voit du "comment ça marche" : l'école, l'armée l'usine la prison etc. C'est des méthodes, des dispositifs de pouvoir. Ça ç'est des faits visibles.

Ensuite ou préférentiellement.
Foucault a une inclination préférentielle pour y voir des jeux de pouvoirs. Personne n'a critiqué les agencements qu 'il montrait. Peut- être a t on soupçonné qu'il voyait un peu trop d'un point de vue préférentiel. Lequel point de vue relativise quand même la vérité en histoire.
Parce que la vérité y est ramenée à des jeux de pouvoirs.

Moi je joue le jeu de Foucault et je demande pourquoi tel régime de certitude a le pouvoir ? Non pas socialement ( et encore ) pas sur la place publique, mais en nous mêmes.

Nous hiérarchisons des régimes de certitude
par exemple:
le sentir (appelé le niveau des sensations ),
la perception( estimée plus intellectuelle que le sentir)
et puis ce qu'on juge
et enfin ce qu'on juge clairement et distinctement .
Et c'est variable selon les individus.

Il est manifeste par exemple que le discours de Deleuze, cette manière de dire le monde est pour toi dotée d'un haut coefficient de certitude.

La Valorisation des genres de certitudes "est variable selon les individus."
On peut ne pas s'en étonner.

Ou bien chercher à expliquer, mais encore faut il alors croire au haut degré en valeur de l'explication comme mode de la certitude.

Pourquoi beaucoup se détournent de la philosophie et se raccrochent à la science ? Et bien parce que le degré de certitude de la science est chez eux valorisé ...plus que celui de la philosophie.
Il semble que cette valorisation de la certitude ne soit pas libre (on n 'y a pas de libre -arbitre)

On n'est pas libre de se sentir bien dans tel ou tel monde dont on ne doute pas et de s'y sentir mieux que dans d'autres où on doute.


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