Messagepar platoche » 19 mai 2006, 11:11
A Hokousai,
Je parlais effectivement de vérités philosophiques, même si la notion de vérité scientifique est sans cesse remise en cause. (Juste une parenthèse à ce sujet : l'axiome d'Euclide (par deux points passe une droite et une seule) a longtemps été considéré comme une vérité absolue, jusqu'à la découverte des espaces courbes. De même, l'universalité des lois de la mécanique classique a explosé lors de l'observation du monde quantique. Bref, les vérités scientifiques s'attachant à décrire le monde sont en permanence sujette à révision au gré des nouvelles découvertes et amélioration de la technique. Je ferme la parenthèse)
Donc, pour parler de vérités philosophiques : c'est au nom de l'absoluité de ces vérités que tant de crimes et dictatures sont justifiés. Lénine est persuadé que le marxisme n'est pas qu'une valeur, mais une vérité politique - Bush et tout autre fondamentaliste religieux sont persuadés d'agir selon la vérité divine - etc...
Dès lors qu'une vérité absolue existe sur tel ou tel sujet, pourquoi discuter ? et pourquoi voter ? Votre exemple sur la peine de mort est parlant : comment pouvez-vous être persuadé de détenir l'absolue vérité sur ce sujet, et l'imposer aux autres ? Je suis pour ma part fortement opposé à la peine de mort; mais c'est un point de vue personnel tiré de valeurs personnelles, mais qu'en aucun cas je ne confondrais avec la Vérité, laquelle m'autoriserait à tous les excés.
N'y voyez pas du sophisme : les choses que j'aime, mes valeurs, j'assume leur subjectivité et n'y renonce pas pour autant. Mais je ne les prends pour des vérités, j'ai conscience de tout le déterminisme biologique, culturel et social qui les a construites.
Confondre valeurs et vérités, c'est d'ailleurs s'opposer à la fameuse scolie de la proposition IX du livre 3 de l'Ethique, que je paraphraserais ainsi : ce n'est pas parce qu'une chose a de la valeur que nous l'aimons, c'est parce que nous l'aimons qu'elle a de la valeur.