michel_carriere a écrit :Avec pour troisième réflexion ce paradoxe : un corps mort est rempli de cellules vivantes, composées elles mêmes d'atomes et de particules qui se tranformeront sans jamais disparaître !
Tout à fait ! C'est vrai que lorsque je dis que LA Substance, c'est la vie, je fais un raccourci pour les besoins de la discussion. En l'occurrence les mots ne sont que des outils. Quand je parle de LA VIE, je ne parle pas uniquement des organismes biologiques vivants. Au lieu de parler de ce qui est vivant, j'aurais pu parler de ce qui EST tout court. Par exemple, une pierre ou une montagne, ou bien encore une table. Ce qui est particule dans l'Etendue est perception dans la Pensée (pour ne parler que des seuls attributs qui nous sont connus). A fortiori un corps mort en effet est rempli de cellules vivantes. c'est bien ce qu'il faut comprendre par : "les parties extensives qui nous caractérisaient effectuent un rapport qui ne nous caractérisent plus mais qui caractérisent autre chose." Mais ceci concerne l'aspect matériel du processus. Il ne faut pas le dissocier de l'aspect "spirituel" pour utiliser un terme peu Spinoziste mais au combien rassurant. A savoir la permanence du rapport qui lui, est éternel.
A ndjdeslacs
Je ne veux pas vous priver de ce qui vous rassure, mais je crois que vous faites fausse route si vous essayez de penser "la survivance" par le biais des souvenirs. Dans ce cas parlons de notions affectives, ce qui est bien légitime lorsqu'il s'agit d'évoquer des êtres chers, mais ne parlons pas de survivance. Ces êtres ont imprimés des sensations dans votre corps et par la même dans votre esprit. En revanche, si vous êtes sensible et receptif (ve) à la philosophie de Spinoza, alors vous devez résolument comprendre qu'en tant que modalités, nous sommes en quelque sorte des émanations de la substance que certains appellent Dieu. Et d'une manière ou d'une autre, que ce soit par le biais de notre corps ou par le biais d'une pierre, c'est toujours la substance qui s'exprime, qui exprime son existence éternelle sans cesse renouvelée sans cesse modifiée. Mais je le dis encore une fois, ceci n'est pas du pur matérialisme. Ce serait considérer uniquement l'éternité de la substance en occultant son infinité. La substance s'exprime d'une infinité de manière. Ce qui se produit dans la pensée (l'attribut) ne correspond pas stricto sensus à ce qui se produit dans l'Etendue. Il ne peut y avoir correspondance entre choses qui ne sont pas de même nature. C'est me semble t-il tout le danger de la théorie du parallélisme des attributs. Terme qui n'est pas utilisé par Spinoza d'ailleurs. La façon dont votre essence existe éternellement dans la Pensée, n'a pas une correspondance stricte avec la façon dont votre corps existe dans l'Etendue (en l'occurrence sous le rapport de la durée). Les souvenirs n'ont de sens que par rapport à l'existence et à la durée du corps dans lequel ils s'impriment. Ils ne sont donc pas d'un réconfort absolu puisqu'ils ne peuvent survivre au corps. Pour autant, ce n'est pas parce qu'il ne reste plus personne vous ayant connu sur la face de la terre, qu'il ne reste plus rien de vous.
Amicalement
Serge