Messagepar ShBJ » 02 févr. 2008, 00:35
A hokousai, salut !
il est des moments où, à vous lire (je continue d'adopter votre convention), je suis pris d'une grande lassitude. Vous me citez, et devriez, avant que de le faire, me lire et éventuellement m'entendre. Je m'efforce de vous répondre une fois de plus :
1) J'ai écrit qu'il fallait connaître les lois de composition des corps pour comprendre les lois de formation des affects (E, III, 57 : "N'importe quel affect de chaque individu discorde de l'affect d'un autre, autant que l'essence de l'un diffère de l'essence de l'autre" qui nous renvoie à E, III, 9, scolie où l'essence est définie comme conatus, et plus loin encore à l'essence singulière d'un corps définie comme un certain rapport déterminé de mouvement et de repos, à la suite de E, II, 13), et par suite comprendre l'empire qu'ils pouvaient avoir sur nous, comme l'empire que nous pouvions avoir sur eux. Pour prendre un exemple : si je sais dans quelles conditions je suis affecté de tristesse, je m'efforce de produire d'autres conditions - ce pourquoi j'ai besoin d'une connaissance de la nature suffisante pour connaître ces conditions. Si vous lisez autre chose, je ne puis rien pour vous.
2) La récitation d'un manuel d'endocrinologie risque fort, en effet, de ne pas calmer un homme en colère, sauf cas très particuliers que l'on pourrait considérer comme des perversions (au reste assez amusantes). Il me semble précisément que, lorsque j'écrivais, dans la même intervention que vous citez, que la comparaison entre Freud et Spinoza était forcée (citant E, II, 35 mais je pouvais également m'appuyer sur E, IV, 7 : "un affect ne peut être contrarié ni supprimé que par un affect contraire et plus fort que l'affect à contrarier") parce que la prise de conscience, ou une idée en tant que purement représentative (affection et non affect) ne suffisait pas à contrarier un affect passif, je ne prétendais pas autre chose. Il faut que l'idée, en tant qu'affect actif, l'emporte sur l'affect passif. Si vous avez lu autre chose, etc.
3) Par ailleurs, la connaissance de l'endocrinologie, ou des lois de composition des corps, en tant qu'elle manifeste ma puissance de penser, m'affecte de joie, et peut constituer une étape dans mon cheminement vers la sagesse. Toute connaissance, en tant que connaissance, m'affecte de joie. Il n'y a que les crétins, qui se figurent qu'une idée est "quelque chose de muet comme une peinture sur un tableau, et non une manière de penser, savoir le fait de comprendre lui-même" (E, II, 43, scolie), pour ne pas voir ça. Si vous avez lu autre chose dans l'Ethique, je vous prie de me le faire savoir - pour autant, je ne suis pas persuadé de vous répondre.
Bien à vous.