Durtal a écrit :Bon nous progressons.
Tu vois que cela ne t'as pas fait de mal de relire un peu tout ça.... Tu me dis là des choses beaucoup plus sages qu'auparavant.
Pourrais-tu préciser de quelles choses tu parles? C'est qu'à mon avis, je n'ai pour l'instant jamais changé quoi que ce soit dans ma position.
Durtal a écrit :a) Il y a une chose, cependant que je comprends pas du tout dans ce que tu me racontes: c'est ce que tu veux dire par "elles ne sont pas produites par la raison". Et surtout pourquoi tu insistes tant là dessus? je ne comprends pas. Enfin si je comprends que tu veux dire qu'étant donné qu'elles sont le fondement de la raison elle ne sont pas "inventées" ou "produites" par la raison, mais la question que je me pose est: "et alors?". Je ne vois pas.
ok, dans ce cas je n'étais pas très clair. 3e tentative de reformuler.
Le corollaire dit qu'il est de la nature de la Raison de percevoir les choses sous un certain aspect de l'éternité. Or comme tu le dis, les notions communes ne sont pas produites par la raison. Qu'est-ce qui garantit dès lors qu'elles aussi ont leur part d'éternité, puisque seul le deuxième (raison) et troisième (idée d'une essence) genre de connaissance peuvent produire des idées adéquates?
Pour comprendre en quoi les notions communes, qui de prime abord sont de simples idées d'affections du Corps comme n'importe quelle autre idée du premier genre de connaissance, sont non pas inadéquates mais nécessaires et même de ce point de vue éternelles, donc vraies, on ne peut pas se baser sur le fait qu'elles sont le produit de la raison ou du 3e genre. Le problème est donc de comprendre comment elles peuvent être vraies. C'est là qu'il faut bien comprendre ce "sans aucune relation de temps", qui n'est pas du tout la même chose qu'un "sans aucune relation au temps" ou un "hors temps". Sinon on ne voit pas ce qui pourrait rendre vraies les notions communes, tu vois?
Deuxième problème: si tu es d'accord pour dire que les notions communes ne sont pas produites par la raison, donc par des raisonnements, des déductions, des démonstrations, on rejoint l'idée habituelle de la notion commune, telle qu'elle l'était déjà chez Euclide: il s'agit de choses qui ne PEUVENT pas être démontrées ou produites par la raison. Or les deux occurrences sur lesquelles toi-même, ShBJ et Tecti vous basez pour revendiquer le statut de notion commune pour l'idée de l'essence de Dieu, ce sont des occurrences où cette idée est produite par un raisonnement. Les raisonnements peuvent certes produire des idées adéquates. Mais pas de notions communes. On pourrait bien sûr penser qu'il en va autrement chez Spinoza, et en théorie cela me semble être tout à fait possible. Mais alors il faut pouvoir montrer pourquoi on devrait penser cela. De prime abord, le fait qu'il reconnaît qu'il s'agit de fondements de nos raisonnements rend une telle démonstration difficilement concevable.
Durtal a écrit :b) Moi je n'ai aucun problème avec l'idée qu'elle ne serait "que" dans l'éternité ( au sens de "seulement" éternelle) puisque je me permets de te rappeler que mon interprétation du concept spinoziste d'éternité n'exclut pas la durée ou l'existence dans le temps ( c'est toi qui semble séparer ontologiquement les deux choses).

A mes yeux c'est Spinoza qui sépare ontologiquement les choses, dès qu'il définit l'éternité comme ce qui ne s'explique pas par le temps. A partir de ce moment-là, on ne peut pas dire que l'éternité "inclut" ou enveloppe le temps. Eternité et temps sont ontologiquement différents en effet, puisque du point de vue du temps la chose peut être détruire et du point de vue de l'éternité non. Les deux s'opposent, au lieu de s'inclure.
Durtal a écrit : Et donc que l'expression "QUE" dans l'éternité n'a aucun sens dans mon interprétation. Ce qui est dans le temps est nécessairement aussi dans l'éternité ( même si l'inverse n'est pas vrai bien sûr).
les idées inadéquates, la servitude, les passions ... sont dans le temps, mais pas dans l'éternité. L'imagination et la mémoire ne sont que dans le temps, pas dans l'éternité.
Durtal a écrit : Pour le dire rapidement et simplement je pense que ce que nous découvrons "au coeur" de la durée (en réfléchissant un peu) c'est l'éternité. Et que la voie principale pour comprendre ceci est précisément constituée par les notions communes et par la Raison. En d'autre termes ce que je pense est que: l'éternité est la vérité de la durée. Et que c'est là première "leçon" de la Raison.
oui, cela pourrait être possible. Mais qu'est-ce qui te ferait penser cela?
Bonne nuit,
L.