Durtal:
Ah oui et où cela? C'est encore un exemple des effets de ton imagination. Trouve moi UNE citation de Spinoza dans laquelle il dirait que les idées inadéquates en" tant que telles" ne contiennent aucune erreur.
Louisa:
E2P49 sc: Spinoza a écrit:
(...) J'accorde en outre que PERSONNE NE SE TROMPE EN TANT QU'IL PERCOIT, c'est-à-dire j'accorde que les IMAGINATIONS DE L'ESPRIT, CONSIDEREES EN SOI, N'ENVELOPPENT PAS D'ERREUR.
Durtal:
Et donc PAS les idées inadéquates comme tu l'écris. Tu vois bien que tu confonds deux choses....
.
ok, si tu doutes encore, voici l'E4P1 démo, qui est encore plus littéral que ce que je viens déjà de citer (sachant que l'erreur et la fausseté sont synonymes chez Spinoza, à moins que tu voies une façon de ... les distinguer

?):
Spinoza a écrit :La fausseté consiste dans la seule privation de connaissance qu'enveloppent les IDEES INADEQUATES, ET CELLES-CI N'ONT RIEN DE POSITIF A CAUSE DE QUOI ON LES DIT FAUSSES(...).
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EXPLICATION.
Les idées inadéquates ne se caractérisent que par un manque partiel. L'erreur n'a pas de "consistance", dans le spinozisme. L'erreur est simplement un manque de connaissance. Comme le dit le scolie de la même proposition, qui développe la théorie spinoziste de l'erreur telle qu'il l'a commencé en E2P17 puis une première fois expliquée en E2P35: le vrai ne supprime nullement l'idée imaginaire en tant que telle, le vrai n'est pas contraire à l'imagination, il s'y ajoute. L'erreur est supprimée par cet ajout (puisqu'il n'est que manque), mais non pas ce qui lui pré-existait, et qui était l'idée imaginaire en tant que telle. C'est pourquoi Spinoza y dit:
"
(...) mais, une fois connue sa distance, l'erreur, certes, se trouve supprimée, mais pas l'imagination, c'est-à-dire l'idée du soleil qui en explique la nature seulement en tant qu'il affecte le Corps (...)."
C'est que le vrai et le faux ne se produisent QUE du point de vue du deuxième genre de connaissance. Ce n'est qu'une fois qu'on sait qu'il faut ajouter une autre idée à une imagination avant d'être dans le vrai, qu'on sait du même coup que l'imagination ou la première idée que nous avions était fausse. Mais la fausseté n'est pas une caractéristique de l'idée inadéquate.
On ne peut pas prendre une idée inadéquate, l'examiner dans ses caractéristiques à elle, et puis trouver l'une ou l'autre caractéristique réellement présente en elle qui nous permet d'en conclure qu'elle est fausse. On ne sait que l'idée est partielle qu'une fois qu'on a découvert l'autre moitié, si tu veux. Là on peut savoir qu'en fait, cette première idée n'était que la moitié d'un tout, et ne peut se comprendre clairement et distinctement que du point de vue de ce tout.
Bref, ce n'est pas un hasard si systématiquement quand il s'agit de souligner le fait qu'une idée inadéquate ou une imagination ne contient pas d'erreur, considérées en elle-même, ou n'enveloppe pas la fausseté (elle n'enveloppe que la privation de connaissance, c'est-à-dire elle manque quelque chose, mais contrairement au Lacanisme, le manque ou le vide dans le spinozisme n'existe pas, ne produit aucun effet), Spinoza revient avec le même exemple du soleil. Il le fait justement parce qu'il s'agit à chaque fois de la même chose, de la même idée.
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Enfin, comme tu parles d'une "confusion": si tu veux tout de même distinguer l'imagination et l'idée inadéquate, quelle est selon toi la différence?
A mon avis il n'y en a pas, non seulement parce que Spinoza dit clairement que "
A la connaissance du premier genre appartiennent (...) toutes les idées qui sont inadéquates et confuses" (E2P41 démo), mais aussi parce que l'adéquation (et donc aussi l'inadéquation) , contrairement à la vérité (et donc aussi l'erreur) se définit par des propriétés tout à fait intrinsèques de l'idée, en tant que mode de l'attribut de la Pensée.
C'est parce que l'erreur n'est pas de l'ordre d'une telle propriété (au contraire, elle est une dénomination extrinsèque, comme le dit la définition de l'idée adéquate, début E2) qu'elle ne peut caractériser l'idée inadéquate en tant que telle ou considérée en elle-même. L'idée inadéquate se caractérise par une "confusion" et "mutilation", confusion de deux natures (la mienne plus celle du corps extérieur qui m'affecte), sans que je puisse bien distinguer ce qui revient à l'une et ce qui revient à l'autre.
Je peux être conscient de cette confusion, et donc savoir qu'il s'agit d'une idée inadéquate, mais par là même je ne sais pas encore où se trouve l'erreur. Je serai donc dans le doute, qui n'est pas l'erreur. Je peux aussi ne pas être conscient de la confusion, et simplement ne pas douter de la présence de ce que j'imagine (et à ce moment-là, je ne sais même pas qu'il s'agit d'une idée inadéquate, comme Spinoza l'indique dans le dernier scolie de l'E2). Alors j'y adhère. Mais l'adhésion ou absence de doute n'est pas du tout une norme de la vérité, dans le spinozisme (E2P43 sc). On peut très bien adhérer à une idée qui en fait est inadéquate, et cela précisément parce qu'on n'a pas encore compris qu'il s'agit d'une idée confuse.
Voici donc les raisons pour lesquelles je ne vois pas très bien comment distinguer, comme tu le proposes, une imagination et une idée inadéquate. Or si tu crois avoir trouvé quelque chose qui permet de parler d'une "confusion", il est évident que cela m'intéresse de mieux comprendre en quoi cette distinction pourrait consister. Dans ce cas, je compte sur ta Générosité et ton aide ...
L.