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COURT TRAITÉ
PARTIE II
CHAPITRE XIV
DU REGRET.
(1) La dernière
des passions dont nous ayons à traiter est le regret, qui est une
espèce de tristesse d'un bien perdu que nous désespérons
de recouvrer. Cette passion nous manifeste tout d’abord l’imperfection
qu'elle renferme ; et il nous suffit de la considérer pour la déclarer
immédiatement mauvaise ; puisque nous avons suffisamment prouvé
qu’il est mauvais en soi de s'attacher et de s'enchaîner aux choses
qu’il est si facile de perdre et que nous n'avons pas comme nous voulons
; de plus, comme elle est une espèce de tristesse, il faut l'éviter,
ainsi que nous l'avons montré en traitant de la tristesse.
(2) Je crois donc avoir assez montré
et démontré que c'est seulement la foi vraie et la raison
qui nous conduisent à la connaissance du bien et du mal. Et maintenant,
si, comme nous le ferons voir, la première et principale cause
de toutes ces passions est la connaissance, on verra clairement qu'en
usant bien de notre entendement et de notre raison, nous ne tomberons
jamais dans ces passions. Je dis notre entendement, parce que je pense
que la raison seule n'a pas assez de force pour nous délivrer en
cette circonstance de toutes ces passions, comme nous le ferons voir en
son lieu.
(3) Cependant, il est important encore
de remarquer d'une manière générale que toutes les
passions bonnes sont de telle nature que sans elles nous ne pouvons ni
exister ni subsister, et par conséquent qu’elles nous appartiennent
essentiellement, par exemple l'amour, le désir et tout ce qui appartient
à l’amour.
Il en est tout autrement de celles qui sont mauvaises
et aptes à détruire : non-seulement nous pouvons être
sans elles, mais encore c'est seulement lorsque nous sommes délivrés
d'elles que nous sommes ce que nous devons être.
(4) Pour parler encore plus clairement,
remarquons que le fondement de tout bien et de tout mal est l'amour, suivant
qu'il tombe sur tel ou tel objet : car si nous n'aimons pas l'objet qui,
avons nous dit, est le seul digne d'être aimé, à savoir
Dieu, si nous aimons au contraire les choses qui par leur nature propre
sont périssables, il s'ensuit nécessairement (ces objets
étant exposés à tant d'accidents et même à
l'anéantissement) que nous éprouvons la haine et la tristesse
après le changement de l'objet aimé, la haine lorsque quelqu'un
nous l'enlève, la tristesse lorsque nous le perdons. Si au contraire
l'homme arrive à aimer Dieu, qui est et demeure éternellement
inaltérable, il lui devient alors impossible de tomber dans cette
fange des passions : car nous avons établi comme une règle
fixe et inébranlable que Dieu est la première et unique
cause de tout notre bien et le libérateur de tous nos maux.
(5) Enfin il est encore à remarquer
que seul l'amour est infini, c'est-à-dire que plus il s'accroît,
plus nous sommes parfaits, puisque, son objet étant infini, il
peut toujours grandir, ce qui ne se rencontre dans aucune autre chose
; et c'est ce qui nous servira plus tard (dans notre 23° chapitre) à
prouver l’immortalité de l’âme, et nous expliquerons de quelle
nature elle peut être.
Maintenant, après avoir parlé de tout ce
qui concerne les effets de la troisième espèce de connaissance,
à savoir la vraie foi, nous passerons aux effets du quatrième
et dernier mode, dont nous n'avons pas encore parlé.
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