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COURT TRAITÉ
PARTIE II
CHAPITRE XXII
DE LA VRAIE CONNAISSANCE,
DE LA RÉGÉNÉRATION, ETC.
(1) Puisque
donc la raison (le raisonnement) n'a pas la puissance de nous conduire
à la béatitude, il nous reste à chercher si, par
le quatrième et dernier mode de connaissance, nous pouvons y arriver.
Nous avons dit que cette espèce de connaissance ne nous est fournie
par aucun intermédiaire, mais vient de la manifestation immédiate
de l’objet à l'intelligence. Que si cet objet est magnifique et
bon, l'âme s'unit nécessairement avec lui, comme nous l'avons
dit de notre propre corps ;
(2) et c'est la connaissance qui cause
l’amour. De telle sorte que, si nous connaissons Dieu de cette manière,
nous nous unissons nécessairement à lui, car il ne peut
lui même être connu sans se manifester comme très-bon
et très-auguste ; et c’est en lui seul, comme nous l’avons dit,
que réside notre bonheur ; non pas sans doute que nous puissions
le connaître tel qu’il est, c'est-à-dire d'une manière
adéquate, mais il nous suffit, pour nous unir à lui, de
le connaître dans une certaine mesure. Car la connaissance que nous
avons du corps est bien loin d’être une connaissance parfaite, et
cependant quelle union avec lui ! quel amour!
(3) Ce quatrième mode de connaissance,
qui est la connaissance de Dieu, ne vient pas, comme nous l'avons dit,
d'un objet intermédiaire : elle est immédiate ; c'est ce
qui résulte de ce que nous avons dit antérieurement ; à
savoir :
1° Qu'il est la cause de toute connaissance ;
2° Que Dieu est connu par lui-même et non par autre
chose ;
3° Enfin que, par cette raison, la nature nous unit à
lui, de manière que nous ne pouvons ni exister ni être conçus
sans lui.
D'où il suit que nous ne pouvons le connaître
qu'immédiatement.
(4) Essayons d'expliquer cette union
que nous avons avec Dieu par la nature et par l'amour.
Nous avons dit qu'aucun objet ne peut être dans
la nature sans qu'il en existât une idée dans l'âme
de cet objet 1 ; et que,
suivant qu'une chose est plus ou moins parfaite, l'union de cette idée
avec la chose ou avec Dieu même, et l'action (de cette idée)
est plus ou moins parfaite.
(5) Maintenant, toute la nature n'étant
qu'une seule substance, dont l'essence est infinie, toutes les choses
sont unies par la nature et sont unies en un seul être qui est Dieu.
Et comme le corps est la première chose que notre âme perçoit
(puisque, comme nous l'avons dit, aucun objet ne peut être dans
la nature dont l'idée ne soit dans la chose pensante elle-même,
laquelle idée est l'âme de cet objet), il s'ensuit que cet
objet doit être la première cause de l'idée 2.
Mais, comme aucune idée ne peut se reposer dans la connaissance
du corps, sans passer aussitôt à la connaissance de celui
sans lequel ni le corps ni son idée ne pourraient ni exister ni
être connus, une fois cette connaissance acquise, elle se trouve
unie avec lui par l'amour.
(6) On comprendra mieux cette union et ce qu'elle doit
être, d'après son action sur le corps : cette action nous
montre comment, par la connaissance et les affections des choses corporelles,
naissent en nous toutes ces actions, que nous percevons continuellement
dans notre corps, par l'agitation des esprits. Combien doivent être
incomparablement plus grandes et plus magnifiques les actions nées
de cette autre union, qui a lieu lorsque notre connaissance et notre amour
tendent à l'être sans lequel nous ne pouvons ni exister ni
être conçus. Car les actions doivent nécessairement
dépendre de la nature des choses avec lesquelles l'union a lieu.
(7) Quand nous percevons ces effets, nous pouvons nous
dire réellement régénérés : notre
première génération a eu lieu, lorsque nous avons
été unis à un corps, et c’est de cette union que
naissent les actions et les mouvements des esprits animaux ; la seconde
génération a lieu, lorsque nous sentons les effets tout
différents de l’amour qui suit la connaissance de cet être
incorporel ; et elles diffèrent l’une de l’autre, autant que l'incorporel
du corporel, l'esprit de la chair. Et cette union doit être appelée
une renaissance avec d'autant plus de droits et de vérité,
que c'est de cet amour et dans cette union que nous contractons une disposition
éternelle et immuable.
__________________________
NOTES :
1. Par là s'explique
ce que nous avons dit dans la première partie, à savoir
que l'intellect infini, que nous appelions le Fils de Dieu, doit être
de toute éternité dans la nature, car, Dieu étant
de toute éternité, son idée (l'idée de Dieu)
doit être de toute éternité dans la chose pensante,
c'est-à-dire en lui-même, laquelle idée convient objectivement
avec lui.
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2. C'est-à-dire
dans note âme, qui est l’idée du corps et tire de lui son
origine, et n'est que sa représentation et son image, soit dans
l'ensemble, soit en particulier dans la chose pensante.
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