Conscience et conscience de soi

Questions philosophiques diverses sans rapport direct avec Spinoza. (Note pour les élèves de terminale : on ne fait pas ici vos dissertations).

aldo
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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar aldo » 02 mars 2016, 19:16

Je m'aperçois que mon résumé commence de façon grammaticalement insensée (décidément). Je sais pas comment j'ai fait mon compte, sinon que j'ai pas relu le texte avant de le poster.
Avec mes excuses aux éventuels lecteurs.
Je remets donc ici un nouveau résumé du début du texte, j'espère clair pour le coup :unsure: , encore que je sais pas si ça soit trop utile vu qu'il faudrait reprendre tout le texte (hum)...
Pour la tradition philosophique, "penser" se déploie selon la double dimension morale et spéculative. Elle considère toute tentative de penser au-delà de la morale et selon un modèle autre que celui de la connaissance comme vouée aux contradictions du solipsisme. La pensée ainsi conçue implique une ouverture à autrui comme domaine du devoir. Elle révèle d’envisager un motif qui puisse être motif pour d’autres, d’envisager d’autres perspectives que la mienne, rendant ainsi possible que le vrai est ce qui doit donner lieu à un accord de toutes les perspectives.

Deleuze cherche à construire une image de la pensée qui n’aurait plus rien à voir avec la morale : "Faire enfin de la pensée quelque chose d’agressif, d’actif et d’affirmatif. Faire des hommes libres, c’est-à-dire des hommes qui ne confondent pas les fins de la culture avec le profit de l’Etat, de la morale ou de la religion", ni avec la connaissance : "Une nouvelle image de la pensée signifie d’abord ceci : le vrai n’est pas l’élément de la pensée. L’élément de la pensée est le sens et la valeur". Il montre que si penser se joue bien dans l’ouverture à autrui, cette ouverture ne fait pas naître en nous la voix du devoir ni l’exigence d’une vérité.

Il nous faut donc comprendre comment Deleuze conçoit cette ouverture à autrui. Dans cette optique, il nous faudra d’abord examiner ce qu’est l’individu dans la perspective deleuzienne, pour, dans un second temps, voir comment cet individu se trouve ouvert à autrui. C’est alors seulement que nous essaierons de savoir en quoi l’ouverture à autrui n’a à voir ni avec la morale, ni avec la connaissance

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar hokousai » 02 mars 2016, 21:48

aldo a écrit :T'as peut-être du mal à avaler mais le problème c'est que tu extrapoles en me faisant dire ce que je ne dis pas. Personne n'a dit que la nature serait un chaos hasardeux, ça c'est ce que tu tires de TA façon de voir et comprendre les choses. C'est TOI qui veux que la nature soit soit un chaos hasardeux, soit un truc genre intention. C'est ton problème, ça reflète ta façon de penser les choses.

C'est à dire que c'est le genre d idée que j' attribue à Deleuze et pas qu'à lui d' ailleurs. Je n'ai vu nulle part chez lui un semblant d' idée qui irait contre cette philosophie du chaos hasardeux.

Mais tu le dis très bien
c'est parce que des choses sont mises en relation qu'un rapport de forces intervient !


aldo a écrit :M'enfin là aujourd'hui, y a plus urgent à philosopher le sens que les vertus d'un truc en passe d'être réglementé via le 49-3. Je te jure...
Ça c'est toi qui voit. L'urgence c'est toi qui voit.
Je ne peux rien faire sur ce que tu vois d'urgent.

A quel moment de la vie se demander si notre existence est absurde ou non s' impose- t-il comme question urgente?
Sans parler d'urgence pourquoi ne s'imposerait- elle pas comme question dominante ?
Pour moi la question est dominante et commande tout le reste.
..........

"Une nouvelle image de la pensée signifie d’abord ceci : le vrai n’est pas l’élément de la pensée. L’élément de la pensée est le sens et la valeur".

C'est excessif.
Je ne peux même pas répondre que ce soit en partie vrai puisque le vrai est exclus de la pensée. :( Je peux juste répondre que c'est grave.
D' autant plus grave que Deleuze la prend au sérieux.
Et pourtant ne pensait- il pas qu'il y avait une part de vérité dans ce qu'il énonçait ?

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar aldo » 03 mars 2016, 02:43

hokousai a écrit :
aldo a écrit :T'as peut-être du mal à avaler mais le problème c'est que tu extrapoles en me faisant dire ce que je ne dis pas. Personne n'a dit que la nature serait un chaos hasardeux, ça c'est ce que tu tires de TA façon de voir et comprendre les choses. C'est TOI qui veux que la nature soit soit un chaos hasardeux, soit un truc genre intention. C'est ton problème, ça reflète ta façon de penser les choses.

C'est à dire que c'est le genre d idée que j' attribue à Deleuze et pas qu'à lui d' ailleurs. Je n'ai vu nulle part chez lui un semblant d' idée qui irait contre cette philosophie du chaos hasardeux

Il semble que des choses ont ou pas à voir avec d’autres. Si elles ont à voir, il y a virtuellement possibilité de production de nouveau. Et il y a alors rapport de forces parce que s’il n’y en avait pas, la production serait spontanée, automatique : deux choses mises ensembles produirait la même chose à chaque fois.
... et donc un savoir devrait être capable d’y répondre (de le prévoir etc).
Or le savoir ne sait pas grand chose dès qu’on est sérieusement impliqué dans quelque chose ; si l'on tombe sans doute moins souvent dans les pièges qu’on a démonté, le fait est qu’on est sans cesse confronté à autre chose qu’on ne sait pas ou qu’on sait mal gérer, et encore moins résoudre !
C’est pourquoi par exemple le fait que l’amour soit une force transcendante ou autre chose, qui te fait dire que ça "commanderait tout le reste", n’a que peu d’importance je trouve. Une certitude ferait certes qu’on serait bien obligé d’en tirer des conséquences (et aussi réfuter certaines assertions), mais ça ne changerait rien (en ce qui me concerne) sur ma façon d’en parler, pas plus que de le ressentir etc.

Sur le hasard chez Deleuze.
Tu dis qu’il n’y aurait rien chez lui qui aille contre une philosophie du chaos hasardeux. Il y a en tous cas une rigueur dans les enchainements de causes à effets qui déjà n’a rien d'hasardeux ! Et dans le même ordre d’idée, je pourrais répondre que moi, je ne vois rien chez lui qui explique le passage du chaos de virtualités aux systèmes de causes à effets (maintenant j'ai ni tout lu ni tout compris : à un moment je parle en mon nom).
Donc rien n’empêche d’opter pour une boite à outils philosophiques deleuzienne tout en étant religieux par exemple, enfin à partir du moment où l’ambition de Deleuze (et selon lui de la philo) serait de comprendre, de voir comment ça marche sans spéculer sur de l’incompréhensible (mais sans pour autant éviter toute question).

Maintenant je connais pas tout Deleuze, et il est clair (comme l’a montré cette histoire) que je n’adhère qu’à ce que je comprends vraiment. J’adhère ici à ce que j’ai dit du texte de Lleres parce que c’est comme ça que je crois penser les choses (et qu'en plus, c'est plus sérieux que de jouer avec la représentation).
Reste nombre de choses que je vois de manière intuitive avec Deleuze, sur lesquelles je ne serais pas capable d'avoir un discours précis ; et là j’adhère souvent intuitivement parce que ça me touche, ça m’évoque, me donne à réfléchir. Mais je laisse mûrir, je ne m’en sers pas pour expliquer autre chose, enfin je ne pense pas, c'est pas mon intention.

hokousai a écrit :
"Une nouvelle image de la pensée signifie d’abord ceci : le vrai n’est pas l’élément de la pensée. L’élément de la pensée est le sens et la valeur".

C'est excessif.
Je ne peux même pas répondre que ce soit en partie vrai puisque le vrai est exclus de la pensée. :( Je peux juste répondre que c'est grave.
D' autant plus grave que Deleuze la prend au sérieux.
Et pourtant ne pensait- il pas qu'il y avait une part de vérité dans ce qu'il énonçait ?

Assurément qu’on pense "qu’il y a une part de vérité"... à dénoncer le faux. Sinon le problème, c’est la façon dont une forme de pensée prétend s’adjuger le vrai pour en faire un truc immuable sur lequel accumuler des savoirs etc, l’idée de connaissance.
Là Deleuze parle d’une "nouvelle image de la pensée", on est donc en présence d’un texte polémique où il est question d’une pensée vs une autre. Et vu que l’autre, c’est justement celle qui prétend dire la vérité...
(et là je me souviens par exemple du désintérêt absolu que suscitaient mes interventions sur certain forum, désintérêt bien réciproque d'ailleurs... ce qui n'est pas sans un certain rapport avec "l'urgence", à propos)

On est toujours entre chercher à comprendre et chercher à savoir. Une pensée qui cherche à savoir est douteuse, pas une qui cherche à comprendre (ensuite tel cas de figure peut amener à rechercher ceci plutôt que cela, c’est pas un problème). De plus une chose peut être vraie un temps puis fausse, le vrai est souvent un savoir relatif.

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar aldo » 03 mars 2016, 06:52

Digression en forme d'intermède.

"Auschwitz, et après ?" s'intitule le machin.

Le point d'interrogation nous met la puce à l'oreille : sur quel ton doit-on le lire ? Désabusé : Auschwitz... et alors ?
On imagine le type, interviewé au sortir du film Shoah, genre grognon : "oui, et alors ?".
Du coup, on se dit que notre homme sait. Que si l'humanité avait besoin de cette horreur pour peut-être prendre conscience de quelque chose, lui n'est pas de ce bois-là. Alors on attend.
On attend d'avoir quelque chose à se mettre sous la dent. Et l'homme poursuit. Il nous explique que non, c'est pas bien de vulgariser Hitler, mais c'est pas bien non plus d'en faire trop avec ça. Voilà pour les pistes, qu'on est aimablement incité à suivre. Fiante foutre, que voilà matière à penser ! L'événement en serait donc un, mais malgré tout dans le cours des choses (enfin des choses de la philo). Prof va dire quoi, il va le faire, nous exposer un "Auschwitz et avant" !
Pas vraiment. Enfin rien serait plus juste.
Notre homme se retire. Dignement. Après Auschwitz ? Après moi le déluge ! Descendra-t-il de son estrade stellaire pour distribuer bons et mauvais points, tirer quelque oreille histoire de bien marquer son territoire, pipi à droite, snif snif, pipi à gauche ? On sait pas. Rien. Frustrés qu'on est. Mais le plus savoureux de l'affaire, c'est une parenthèse qui en dit long : "on va faire semblant de savoir ce que ça veut dire", fait-il penser à ceux qui servent Auschwitz en absolu de l'horreur, ceux donc "qui en feraient trop" d'après notre homme. Mis bout à bout, tout est dit : Auschwitz, rien à signaler. Ah le beau fil ! Alors quoi prof, l'homme et sa "nature", c'est ça ? Au choix, mauvaise pour la droite lala, mal-aimé pour la gauche tsointsoin. C'est ça le grand sens caché ?
Banal vous avez dit banal ? Auquel je risque en écho : banane vous avez dit banane ?

Et puis un type quand même s'avise qu'il a quelque chose à dire. Il vient au tableau et dit ce qu'il faut dire. Bon c'est bien fait, y'a pas. A un moment il nous avise qu'il s'agit de poser les bonnes questions. Ben oui, bonne idée. Arendt donc parlerait d'éthique et de politique pour dire la philosophie (j'ai pas lu Arendt, pardon prof... oui non plus mea culpa). La philo devrait penser "l'imperceptible aux sens"... les concepts et les idées donc ? Ça se gâte. Le rapport raison/sensible, elle a pas vu ? Puis intervient MH (Heidegger, pas Houellebecq), la pensée philosophique manquerait (même chose donc). Ça m'évoque un peu ce leitmotiv en cours qui veut que l'école nous éviterait je-ne-sais quel pire, tu rigoles ? Bref à la fin il est question d'Epictete etc. Tout est dit, le tour de la question : circulaire y'a rien à voir. D'ailleurs pas de réponse. Un bien joli fil...

L'autre pensée parle de dictature de la raison. Il est question d'un sensible qui serait aux ordres. De l'urgence du sens, du sensible aussi. La famille Le Pen dans un fauteuil au deuxième tour. Le fascisme intérieur qui quémande un chef. Ah non pas ça nous dit prof, pas galvauder "fascisme", ça pas bon pas sérieux caca. Et après euh... Auschwitz ?
-L'histoire de la philo empêche les gens de penser (Deleuze)
-Traquer le fasciste en nous (Foucauld)
Faut développer ?

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar hokousai » 03 mars 2016, 19:09

aldo a écrit :Il semble que des choses ont ou pas à voir avec d’autres. Si elles ont à voir, il y a virtuellement possibilité de production de nouveau. Et il y a alors rapport de forces parce que s’il n’y en avait pas, la production serait spontanée, automatique : deux choses mises ensemble produiraient la même chose à chaque fois.
... et donc un savoir devrait être capable d’y répondre (de le prévoir etc).


Je comprends bien, il faut qu'il y ait un commerce possible entre deux choses. Mais dans un mécanisme, il y a. Dans un automatisme par ex une horloge à roues dentées il y a à voir entre les roues dentées.
Donc tu parles d'autres choses. De relations qui ne sont pas mécaniques.
...........

Donc rien n’empêche d’opter pour une boite à outils philosophiques deleuzienne tout en étant religieux par exemple, enfin à partir du moment où l’ambition de Deleuze (et selon lui de la philo) serait de comprendre, de voir comment ça marche sans spéculer sur de l’incompréhensible (mais sans pour autant éviter toute question).


Bon d'accord et je passe sur le "religieux".
..................
Je relisais son cours sur la mort.http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/article.php3?id_article=70 Je ne comprends pas. Il y dit être spinoziste (et c'est hélas vrai sur ce point)
mais c'est aussi Spinoza que je ne comprends pas.
Deleuze reprend les idées de Spinoza .

Deleuze a écrit :Il (Spinoza)dit : "Bien oui pour moi la mort, en effet, c’est très curieux, mais, moi je ne conçois que de mort qu’arrivant du dehors, le type de la mort, bien c’est toujours l’accident d’autobus", c’est ça, toujours un truc qui vous passe dessus quoi ! Et il fait une théorie, il dit : Elle ne peut pas venir du dedans ! Pourquoi ? C’est bien parce que c’est tout le problème : y a t-il un instinct de mort ? tout ça. Il dit : mais c’est, mais c’est odieux ! exactement comme je crois là, être un petit disciple de Spinoza en disant :
Tout en moi s’offense lorsque je vois des formes qui se rattachent à un culte de la mort quelconque.


Je n'ai aucun culte de la mort, je crois que la question n'est posée au bon endroit.
Ce n'est pas question d'appréciation morale.

Un organisme vivant nait croit vieillit et meurt c'est incontournable.Pour moi Spinoza est dans l'erreur.



Deleuze a écrit :
Si bien que la nature, elle, elle ne meurt jamais.(d 'accord)

Mais un mode fini qui en rencontre un autre, ça peut être une bonne rencontre ou une mauvaise rencontre. Je peux toujours rencontrer un mode qui ne convient pas avec ma nature ; je peux rencontrer, même c’est beaucoup plus fréquent, rencontrer un mode qui convient avec ma nature : c’est une fête, c’est une joie ! c’est ça ce que Spinoza appellera : amour, amour. Mais je passe mon temps à rencontrer des modes qui ne conviennent pas avec ma nature. À la limite, je meurs. Si le mode que je rencontre et qui ne convient pas avec ma nature est beaucoup plus puissant que moi c’est-à-dire que ma propre nature, à ce moment-là, tout ce qui me constitue, tout ce qui me compose est bouleversé, et je meurs.


bien sûr que parfois ... mais l'exception de l 'accidentel ne fait pas une règle.
...............

Où chercher l'origine (théorique) de cette négation de la mort "naturelle" ?
je dirais (à défaut de mieux) dans le début du texte

Deleuze a écrit : À savoir que le désir, en tant que émission de processus, en tant que fabrication de création de processus, que le désir n’a strictement rien à voir avec rien de négatif, avec le manque, avec quoique ce soit, que le désir ne manque de rien. Et c’est précisément en ce sens que le désir est processus.
Or, si on me flanque de la mort, dans l’idée de processus - encore une fois, le processus, il poursuit son accomplissement - La mort, elle est toujours interruption du processus.
La mort ne peut pas faire partie du processus, il n’y a pas de processus de la mort. Voilà, je le dis avec passion, non pas du tout pour dire : "j’ai raison", pour dire, ça me paraît contradictoire la mort et le processus.


Pour Deleuze le désir n 'est pas un manque parce qu'un manque est assimilé à du négatif et que dans une philosophie de l'affirmation le négatif n' existe pas. Il ne peut y avoir de négatif (donc il n'y a pas de manque)
Le supposé manquant, ie l'avenir (le désiré) est compris comme du négatif.
On peut néanmoins estimer que dans le désir il y a un manque mais qu'il n'est pas un négatif.
Deleuze pas hégelien du tout se retrouve rattrapé par Hegel.


Deleuze parle de fabrication, de création de processus,... je ne comprends pas que le vieillissement ne soit pas compris comme un processus. Le vieillissement est compris négativement et la mort aussi de fait.

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar aldo » 04 mars 2016, 01:31

D'abord, merci d'être d'accord sur un point important :D

...

Comme j’avais pas la moindre idée de ce que je pourrais répondre sur la mort, j’ai lu le cours. Je l’ai lu depuis le début (3 liens) et je t’encourage à le faire, ça éclaircit le problème. Bref il ne faut pas confondre l’organique et ce qui ne l’est pas...

Les événements, donc, nous individuent. Mais ça suffit pas de dire qu’on passe d’un point de vue a à un point de vue b, il est question de devenir, de mouvement de devenir. Un événement ça génère du virtuel en nous, ce que Deleuze appelle des "lignes de fuite". Chaque ligne est prise comme un flux qui entraîne un processus, est une manifestation de la vie (ou Vie) dans le sens qu’il ne suit pas des rails mais crée son propre cheminement. Le processus est créatif, créateur, individuant. Il est fait de coupures, petites ou grandes : ça plie ça zigzague, mais il poursuit son chemin. Et puis il y a aussi d’autres coupures moins sympathiques en ce sens qu’elles cassent les flux, ils peuvent s’évanouir dans l’oubli comme prendre des voies tout à fait destructrices : c’est compliqué et fragile, un devenir.

Deleuze prend à un moment l’exemple du flux-désir interrompu par le plaisir (existe sur le web une lettre à Foucault, qui lui, parle de plaisir). Pas pour prôner l’abstinence bien sûr. Ceci pour dire que le manque comme négatif du désir, je le vois pas dire ce genre de truc. Ce qu’il a à dire, c’est que la doxa psychanalytique vend des conneries avec cette histoire de manque (même si tout ça est compliqué). En termes de flux en tous cas, il y a un flux de désir alimenté par des coupures de plaisir. Et le manque, c’est autre chose qu'un négatif, quelque chose qui sans doute agence ailleurs, qui ne produit a priori rien de particulièrement positif.


hokousai a écrit :
Deleuze a écrit :Il (Spinoza)dit : "Bien oui pour moi la mort, en effet, c’est très curieux, mais, moi je ne conçois que de mort qu’arrivant du dehors, le type de la mort, bien c’est toujours l’accident d’autobus", c’est ça, toujours un truc qui vous passe dessus quoi ! Et il fait une théorie, il dit : Elle ne peut pas venir du dedans ! Pourquoi ? C’est bien parce que c’est tout le problème : y a t-il un instinct de mort ? tout ça. Il dit : mais c’est, mais c’est odieux ! exactement comme je crois là, être un petit disciple de Spinoza en disant :
Tout en moi s’offense lorsque je vois des formes qui se rattachent à un culte de la mort quelconque.

Je n'ai aucun culte de la mort, je crois que la question n'est posée au bon endroit.
Ce n'est pas question d'appréciation morale.
Un organisme vivant nait croit vieillit et meurt c'est incontournable. Pour moi Spinoza est dans l'erreur


Le problème, c’est que tu passes du spirituel (si je puis dire pour Deleuze) à l’organique (esprit/étendue). En fait du machinique au mécanique.
Or la question est tout à fait au bon endroit en ce qui concerne les flux et leur devenirs. Mais elle l’est pas en ce qui concerne les organismes. Les flux sont créateurs quand les mouvements organiques fonctionnent en circuits fermés, d’où l’idée de CsO qui (grâce à toi) s’éclaircit un peu aujourd’hui en ce qui me concerne.
Bref, on est semble-t-il pile poil dans la confusion à ne pas faire entre machinique et mécanique : la machine agence, usine, produit, crée du nouveau, quand le mécanisme répète, reproduit, tourne sur lui-même.

(de la même façon le vieillissement n’est pas considéré comme un processus puisqu’il est organique)

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar hokousai » 04 mars 2016, 18:30

aldo a écrit :la machine agence, usine, produit, crée du nouveau,
L' emploie de ce mot (machine) est quand même curieux et déroutant.
c’est que tu passes du spirituel (si je puis dire pour Deleuze) à l’organique (esprit/étendue).

Je ne sais pas où tu vois ça. Je suis installé dans l'esprit /etendue. Ce qui trouble d'ailleurs Vanleers lequel distingue la Pensée de l' Etendue.( à plus tard )

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar aldo » 04 mars 2016, 20:57

hokousai a écrit :Je suis installé dans l'esprit /etendue. Ce qui trouble d'ailleurs Vanleers lequel distingue la Pensée de l' Etendue

Où je vois ça, mais c'est pas en te posant comme moniste au nom d'une présence que tu peux éviter de t'exprimer en terme de corps et d'esprit, de pensée et d'étendue, de mécanique et de machinique etc, sinon comment veux-tu dire les choses ?
Nul doute que tu sais parfaitement différencier un mal aux dents d'une peine de cœur...

Ben Deleuze différencie un corps organique quasi déterminé, d'un corps en proie aux forces externes, qui s'individue à leur contact... pas compliqué.

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar hokousai » 04 mars 2016, 23:55

Ben Deleuze différencie un corps organique quasi déterminé, d'un corps en proie aux forces externes, qui s'individue à leur contact... pas compliqué.
J 'avais bien cru comprendre dans ce sens là.(je te laisse la responsabilité d'attribuer cette idée à Deleuze .)

Nul doute que tu sais parfaitement différencier un mal aux dents d'une peine de cœur...
D'accord mais du point de vu de l'organisme, je ne différencie pas . Le point de vue de l'organisme est le point de vue d' UN organisme. Il y a un pôle actif, celui de l'organisme, dans le commerce avec les forces extérieures. Un pôle actif c'est à dire non déterminé mécaniquement.

d'un corps en proie aux forces externes, qui s'individue à leur contact
. C'est beaucoup trop passif concernant le pôle de l'organisme.
Les forces extérieures ne sont extérieures que s' il y a un intérieur. Dès les virus (au niveau du virus) il y a un intérieur.(je simplifie à outrance)



Le CsO est une production de désir, un corps sans image, c'est une anti-production, c'est un
programme. Il est fait de multiplicités de fusions, de glissements et d'attouchement une
expérimentation. le concept du corps sans organe n'est pas tant un concept qui s'oppose aux
organes mais plutôt à l'organisme. L'organisme n'est pas la vie, il l'emprisonne,(je rajoute une virgule) le corps sans organe est une production de désir. Le corps de l'humain est traversé par la nature, le corps de l'humain est une multiplicité de machines: machines- énergie, machine- organe et machines
désirantes,
« le corps sans organes se définit donc par un organe indéterminé, tandis que l’organisme se
définit par des organes déterminés »
http://www.meetopia.net/ccc/0910_open-knowledge/pdf/glossaire-deleuze.pdf
Mais je ne comprends pas organisme comme Deleuze le comprend.
Il y voit une sorte de carapace automatisée. Je pense que c'est là une fiction.
Elle lui est utile pour faire valoir l' idée de Corps sans Organe.

Deleuze a écrit :le corps sans organe est une production de désir.
D' accord.
Mais pas traversé Passivement par la nature.
SI tu veux l'organisme est une comme une Gare(SNCF) traversée par des trains et des voies ferrées, mais au niveau de la gare ce qui fait la gare (individuée ) c'est qu'il y a des aiguillages propres à ce lieu là.
............
..............................................

Raymond Ruyer écrit ( bon là je fais une digression)

La véritable opposition n’est pas entre la matière et la conscience, mais entre la matière et la conscience actuelle d’une part – qui ne font qu’un dans toutes les individualités actives – et l’esprit d’autre part, trans-individuel et trans-spatial, origine des archétypes et des thèmes de toutes les activités et de toutes les actualités. L’homme n’a, pas plus que les autres êtres, de liberté absolue. Il ne peut que continuer la création, en s’avançant prudemment, comme un danseur de corde, le long de la ligne invisible du Tao, « qui est au-dessus de tous les noms ».
http://www.cairn.info/revue-les-etudes-philosophiques-2007-1-page-3.htm

Je trouve des éléments de réponse chez Ruyer. Nonobstant sa culture scientifique Ruyer est très spéculatif. Audacieux, étrange et très spéculatif.
Ruyer n'est pas du tout phénoménologue, je suis un peu à contre -pied avec lui mais il m'intéresse beaucoup néanmoins .


Il y a une relation entre Deleuze et Ruyer.

Raymond Ruyer, described by Deleuze as “the latest of Leibniz’s great disciples”6
, the latest theorist of the monad, is among the lesser-known figures Deleuze uses throughout his writings. It is largely through Deleuze’s use of Ruyer’s work, especially in What is Philosophy?, that Ruyer is experiencing something of a new
audience interested in his contributions to reconfiguring matter so that it can more adequately understand the
self-forming properties of life.
This crucial transition and ongoing relation between matter and life remains one
of the central questions he addresses and one of the reasons his work may be worth a more detailed exploration.

http://www.parrhesiajournal.org/parrhesia15/parrhesia15_grosz.pdf

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Re: Conscience et conscience de soi

Messagepar aldo » 05 mars 2016, 04:32

Ce que j'essaie de dire, c'est qu'il faut dissocier le CsO du corps organique (genre structurel) pour pouvoir penser et surtout exprimer les choses ; faut pas mélanger les interactions structure/mouvement (organisme/CsO) pour se concentrer sur le corps/sujet en tant qu'en relation avec l'extérieur, avec le mouvement des choses. On pourrait parler de corps "spirituel" en fait, mais on comprend que Deleuze ne tienne pas à ce genre d'image (enfin c'est mon avis).

L'avantage, c'est qu'avec le CsO tu clarifies les choses, ça évite de tout complexifier en multipliant les problèmes d'agencements (externes) par les interactions entre organisme et CsO (dissocier pour mieux comprendre). Le CsO, ça doit être le bonhomme moins sa structure organique "théoriquement" inerte ou en circuit fermé, on va dire... il me semble que c'est ça, l'idée (soit le corps spirituel oui).
Et c'est bien celui-là même dont tu dis qu'il est "éternel", non ? :wink:

Donc c'est celui-là qui s'agence avec l'extérieur, avec les événements extérieurs (enfin intérieurs/extérieurs plutôt), qui est traversé par des singularités etc. On soustrait le mécanique parce que c'est le machinique qui s'agence etc.
Donc oui, l'organisme est utile pour faire valoir le CsO et il n'y a pas pour autant un corps passif/refermé et un autre actif/ouvert, c'est juste une façon d'exprimer les choses qui facilite la pensée, la pensée des flux, des événements...
Il me semble.


Hokousai a écrit :
Deleuze a écrit :le corps sans organe est une production de désir.
D' accord.
Mais pas traversé Passivement par la nature.
SI tu veux l'organisme est une comme une Gare(SNCF) traversée par des trains et des voies ferrées, mais au niveau de la gare ce qui fait la gare (individuée ) c'est qu'il y a des aiguillages propres à ce lieu là.

Pas passivement bien sûr... t'es pile poil dans l'événement deleuzien :D
Sauf qu'il y a des lignes de fuite aussi, où les aiguillages euh... t'ai-je déjà parlé de Lola ?


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