hokousai a écrit :aldo a écrit :Ensuite il va regarder ce qu'il se passe du côté du pouvoir, et là il voit du "comment ça marche" : l'école, l'armée l'usine la prison etc. C'est des méthodes, des dispositifs de pouvoir. Ça ç'est des faits visibles.
Ensuite ou préférentiellement.
Foucault a une inclination préférentielle pour y voir des jeux de pouvoirs. Personne n'a critiqué les agencements qu 'il montrait. Peut- être a t on soupçonné qu'il voyait un peu trop d'un point de vue préférentiel. Lequel point de vue relativise quand même la vérité en histoire.
Parce que la vérité y est ramenée à des jeux de pouvoirs
(...)
Il est manifeste par exemple que le discours de Deleuze, cette manière de dire le monde est pour toi dotée d'un haut coefficient de certitude...
Préférentiellement peut-être. C'est vrai qu'en voyant Foucault, j'ai l'impression d'un intello très "politisé". Pas Deleuze, plus proche, Deleuze. N'empêche que je vois trop rien à redire dans sa relation savoir/pouvoir.
Avant de lire Deleuze donc, j'avais écrit un truc qui disait la dictature de la raison chez l'occidental. J'employais le mot "machine" (mais dans le sens "mécanisme") pour dire les façons de penser, le rapport de pouvoir au savoir dans la pensée. De l'observation... du comment ça marche, avec mes mots. Sans penser qu'une philo pouvait dire ce genre de chose. J'observais le comment ça marche avec quelques thèmes façon Deleuze. Bref, et là je tombe sur Deleuze...
Peut-être que Foucault est obsédé par le pouvoir mais comment est-ce qu'on fait quand on voit ça au quotidien, quand tout le temps ça va dans le même sens ? Il y a un passage incroyable dans le cours, là où Deleuze parle de "remarques pittoresques", et dit :
Pourquoi est-ce qu'on dépasse le savoir vers un pouvoir ? C'est que, encore une fois, savoir, c'est entremêler voir et parler. Et ben. On n'y peut rien. On n'y peut rien, dit Foucault, mais très souvent - il dit pas "toujours, c'est une petite remarque qu'il fait -c'est le pouvoir
Ben on n'y peut rien. Un grand philosophe, un grand intellectuel parlent, ils disent "ben on y peut rien, très souvent mais pas toujours". Pas vraiment le genre "quand tu vas voir mon équation, tu vas tomber raide".
Quelle certitude ?
Critiquer, ça oui. J'affirme pas beaucoup. Je dis "non, pas comme ça", l'autre ajoute "ben on n'y peut rien, très souvent mais pas toujours". Tu parles de certitude ! Je dis "c'est pas possible vos certitudes, c'est mécanique votre processus, y'a plus de pensée... parce que la pensée c'est du sensible". Et tout ce que les types trouvent à répondre, c'est : "mais pour qui vous vous prenez ?". Et de revenir à leur raison sans un regard. Comment veux-tu pas te sentir seul ?
J'observe, Deleuze observe, quoi d'autre ? Une façon de penser au quotidien, et je dis que j'y crois pas, c'est du délire. Il paraît qu'on veut apprendre sur tablette à la maternelle. Je dis "non c'est pas vrai !". Les types répondent "au nom de quoi ?". Je dois justifier, donc tout dire, forcément, de a jusqu'à z (la raison tout ça), comment faire autrement ?
-Les gars, vous êtes dans un mode de pensée fasciste ou la raison exerce une dictature sur le sensible.
-Ok prouvez-le moi, qu'on me répond en ricanant.
Là dessus, Deleuze arrive avec Foucault et la bande et ils démontent le tas de ferraille en pièces détachées, puis le remontent façon rubicube et ça fait un truc tout à fait différent et qui marche beaucoup mieux. Pas begueules ils filent le mode d'emploi (on ne saurait être plus aimable

Ou c'est Badiou qui débarque en disant que Deleuze a pas compris ce que Deleuze disait, que c'est autre chose, que c'est l'Un son truc à Deleuze, que les multiplicités c'était pour rire. C'est intéressant. C'est quoi la suite ? Sarko, Hollande2, MLP, le prochain crash capitaliste, un milliard d'affamés, un milliard de ruinés, la couche d'ozone ?
Le nez dans une tablette à deux ans, c'est le progrès ? L'école l'éducation, c'est comme ça qu'on devient intelligent et ça va arranger les choses. On y arrivera, les gens, soyez pas pressés... et sinon, vous avez quelque chose à dire ?
(...)
C'est pas un degré de certitude le problème : c'est eux. Et leur doute aux certitudineux, c'est sûr qu'ils en ont, mais sphère intime : pas touche. Et ça les rend plus forts, ces cochons, ça les rassure de douter : douter, c'est raisonnable qu'y disent... et rigoureux avec ça !
C'est pas une histoire de degré de certitude (à part leur pathologie), c'est question de croyance minimum. Auschwitz et après. Après les gens n'y croient plus, voilà. Pas grave. On avance, n'importe où, maîtres du destin, la violence fi donc, pas de sauvage ici, fini les superstitions, autonome ou presque, futur vainqueur du merdier en train : l'Homme, la Raison, hardi Rintintin, toujours plus loin

Filer des tablettes ou pas aux bébés ? That is the question... Le débat va s'engager, les pro les anti. Le gouvernement tranchera, offrant une nouvelle visibilité sur laquelle on réfléchira démocratiquement, énoncera des trucs importants. Comme avec le mariage gay : visibilités + énoncés... on crée nous zot au pouvoir, bordel.
Mais bon c'est pas que du politique Foucault, non non c'est plein de micro-pouvoirs partout... bien intéressant !
La vérité, des jeux de pouvoir ? La bêtise des jeux de pouvoir en tous cas, ça c'est sûr ! Oui en effet : c'est visible...