Bonsoir Serge,
Je vais essayer de me concentrer sur l'essentiel, en me référant partiellement aux deux messages qui suivent de Louisa, lorsqu'ils posent une problématique identique.
sescho a écrit :Mais le déterminisme est quand-même absolu, et il serait pour le moins incongru de prendre nos ignorances pour un espace de liberté...
Il faut que je travaille tous les échanges qui ont déjà eu lieu sur le forum, mais je pressens déjà que l'apparente divergence de points de vue repose sur l'équivocité du terme
déterminisme et/ou de l'emploi que nous en faisons. Si par déterminisme il faut entendre que tout ce qui arrive suit nécessairement les (des) lois de la Nature, et que, dans ce contexte, notre méconnaissance adéquate des choses (l'indétermination épistémologique comme dit Louisa), faisant partie de notre nature, les (des) lois continuent à s'appliquer, je ne peux qu'être d'accord.
En revanche, si par déterminisme absolu, dans une vision téléonomique ou finaliste, on entend
unicité absolue et prévisible des conséquences effectives d'un ensemble de conditions causales posées, je n'adhère pas, et ce pour deux raisons principales, à savoir :
1/ Bardamu l'expliquera mieux que moi, mais, parmi les lois de nature "physique", il y a des lois stochastiques (excès de paramètres) ou indéterministes (principe d'incertitude). Il s'agit toujours de lois, donc elles ne signifient pas intercession possible d'un quelconque libre-arbitre divin, dont la conséquence est la non unicité de l'effet attaché à un ensemble de causes spécifiques données, mais plutôt la "prévisibilité" d'une panoplie d'effets clairement définis ;
2/ En matière de pratique humaine, l'homme introduit (du fait de sa particularité de penseur et de créateur d'artefacts, et du fait de ce que j'appelais le hiatus entre ses idées adéquates et ses idées inadéquates), des boucles rétroactives réelles (qui, j'en conviens par avance, sont toujours des lois de nature), lesquelles conduisent au même résultat que le processus défini ci-dessus.
Bref, les lois de la Nature, absolument nécessaires, s'appliquent. D'aucuns, dont je suis, pourraient alors prétendre faire partie de ces lois celles, par exemple, d'un
développement des contradictions, tant dans le monde physique (le réchauffement climatique) que dans la société (lutte des classes pendant un temps, accumulation du capital, etc.), toutes lois qui ne sont pas forcément connues ou explicitées de manière adéquate (donc il y a encore beaucoup de travail dans le domaine du 2ème genre), mais qui s'exercent de manière inéluctable.
Donc :
Déterminisme absolu, oui. Prévisibilité du résultat, non. D'où rétroaction sur la pratique humaine qui "assiste" au développement de sa propre histoire.
A remarquer sur ce sujet, comme le dit Bergson quelque part, que l'histoire des sciences s'est développée de manière inversement proportionnelle à leur degré d'abstraction : mathématiques, puis physique, puis biologie, etc. (je ne mets pas la philosophie puisque, comme chacun sait.....). Ceci n'est pas neutre pour la suite de notre propos.
sescho a écrit :L’exemple du troisième genre ne laisse pas de m’étonner… Cela me met vraiment sur le c… (vraiment) qu’on puisse le trouver problématique…
Par l'emploi du terme
problématique, vous abordez deux notions que nous devons, me semble-t-il, distinguer, pour avancer par la suite. En effet, est problématique pour Sinusix ce qui pose difficulté ou impossibilité de compréhension pour Sinusix (nous nous plaçons dans l'ordre du raisonnement et non de la croyance ou de l'opinion). Deux raisons sont possibles :
1/ L'idée exposée, le déroulement de sa démonstration sont clairs pour Serge, les termes employés ne sont pas équivoques entre Serge et Sinusix, mais la puissance de Sinusix, sur le point précis, est dépassée. C'est ainsi, par exemple, que Bardamu pourra nous dire qu'il ne comprend pas que chacun ne comprenne pas cette évidence que le temps n'est pas un opérateur hermitien ;
2/ L'idée exposée, bien que clairement exposée et ne montrant aucune difficulté langagière (ce qui est le cas de toutes vos citations ci-dessous) pose à Sinusix un problème effectif d'assimilation, c'est-à-dire d'accaparement convaincu de sa lumineuse clarté et évidence. Nous nous situons bien dans ce deuxième cas.
sescho a écrit :Ce qui constitue la connaissance du troisième genre c’est ce qui est dégagé (verbalement) par celle du deuxième genre, mais vu en direct, par l’intuition, en un seul mouvement mental. L’exemple des proportions (trois fois) est évident ; pourquoi se faire des nœuds au cerveau : il s’agit de toute évidence de la connaissance de la même chose (en l’occurrence une proportion) mais suivant des degrés croissants de profondeur, de puissance, de clarté. Et notre conditionnement mental n’est pas tel quand-même qu’on ne sache même plus ce que veut dire intuition !
Nous en sommes d'accord, et c'est là où commencent les difficultés en raison principalement, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, de l'ambiguïté attachée au simplisme de l'exemple de la quatrième proportionnelle retenu pas Spinoza. Car une chose est d'avoir l'intuition du quatrième terme, une autre est d'appréhender directement par l'intuition la valeur de Pi ou les équations de Lorentz.
Il doit donc manquer un maillon pour que je comprenne vraiment la chaîne.
Que l'intuition soit claire, et qu'elle ait sa présence obligatoire dans toute chaîne démonstrative, et comme le dit si bien Alain dans son petit livre sur Spinoza,
il faut donc bien qu'à chaque moment de la déduction ce qui est déduit soit connu immédiatement et intuitivement comme vrai. Et sur ce point, ma formation mathématique et scientifique ne peut qu'insister sur l'existence effective de ce balancement continuel, avant et au cours d'une démonstration, donc de la recherche d'une propriété, entre l'intuition immédiate de l'étape suivante et la recherche des liens logiques pour la démontrer,repris immédiatement par la même intuition de l'étape suivante, etc.. Mon problème se situe dans l'acception (ou acceptation), à lire le texte stricto sensu, d'un
saut total possible vers le résultat, hypothèse que je ne peux comprendre, car elle est pour moi irrecevable, même si les mots pour le dire sont clairs.
Donc, si telle doit être la lecture, je suis receveur d'un exemple d'intuition immédiate du 3ème genre qui ne serait pas le résultat final de la énième occurrence d'un processus raisonné du 2ème genre. Mais, je vous l'accorde bien volontiers, les mots pour le dire dans le texte sont compréhensibles pour tout bachelier.
sescho a écrit :Dites-moi Sinusix, vous qui me semblez avoir du discernement, qu’y lisez-vous, SVP ?
Que les êtres de Raison et les essences de genre n’existent pas, mais seules les choses singulières et Dieu, et sont donc sans signification ; que la Raison donc – qui les utilise en permanence, et évidemment avec Spinoza – n’a aucune utilité (donc aucun sens, car dire que c’est utile mais sans sens, c’est-à-dire sans réalité, c’est se moquer du monde) ?
Je ne lis, comme vous, rien de tout çà, et, fort heureusement, nul ne perd son temps à se fier aux êtres de raison et aux "essences de genre". Et tout est intelligible.
sescho a écrit :Note : la Raison ne fonctionne absolument pas sur du singulier en tant que singulier, c’est impossible.
Fort heureusement si, mais en s'appuyant sur ce qui précède avant d'aller directement à l'intuition.
sescho a écrit :Que la connaissance du troisième genre ne pouvant être liée à la Raison (qui d’ailleurs n’en démontre effectivement rien), il s’agit d’une qualité merveilleuse, comme magique, toute l’Ethique n’étant là que pour amuser les amateurs de gymnastique intellectuelle ?
Sous réserve de ma compréhension des choses, mais je n'ai pas trouvé le chemin.
sescho a écrit :Que les choses singulières nous sont accessibles clairement et distinctement dans leur singularité ?
Non. Comme je le dis parfois, j'ai l'impression que certains artistes s'emploient à vouloir percer le mur de l'intersubjectif.
sescho a écrit :TRE 24. Quant aux mathématiciens, ils savent par la démonstration de la 19e proposition du livre VII d'Euclide quels nombres sont proportionnels entre eux ; ils savent par la nature même et par les propriétés de la proposition, que le produit du premier nombre par le quatrième est égal au produit du second par le troisième ; mais ils ne voient pas la proportionnalité adéquate des nombres donnés, ou s'ils la voient, ils ne la voient point par la vertu de la proposition d'Euclide, mais bien par intuition et sans faire aucune opération.
Texte limpide, mais voir mon problème ci-dessus.
sescho a écrit :28. Troisième mode [deuxième genre]. Il faut reconnaître qu'il nous donne l'idée de la chose, et qu'il nous permet de conclure sans risque de nous tromper ; néanmoins il n'a pas en soi la vertu de nous mettre en possession de la perfection à laquelle nous aspirons.
J'ai du travail ici pour bien comprendre ce qui est en jeu, mais c'est clair.
sescho a écrit :29. Le quatrième mode [troisième genre] seul saisit l'essence adéquate de la chose [la même sans doute possible], et d'une manière infaillible ; c'est donc celui dont nous devrons faire principalement usage. ...
A supposer que j'y accède, j'ai un problème de rattachement. Le 2ème genre, se concentrant sur les notions communes, n'atteint pas l'essence, ce qui est logique à en croire E2D2 et E2P37, il faut donc attraper autrement l'essence singulière. On peut effectivement en conclure que la connaissance du tout, essence singulière et notions communes ou propriétés, exige l'apport cumulé de 2ème et 3ème.
sescho a écrit :CT2Ch1 (3) … 3° Un troisième ne se contente ni du ouï-dire, qui peut être faux, ni de l’expérience particulière, qui ne peut donner une règle universelle, mais il cherche la vraie raison de la chose, laquelle, une fois trouvée, ne peut tromper ; et cette raison lui apprend que, en vertu de la proportionnalité des nombres, la chose doit être ainsi et non autrement.
4° Enfin, le quatrième, qui possède la connaissance absolument claire, n’a besoin ni du ouï-dire, ni de l’expérience, ni de la logique, parce qu'il aperçoit immédiatement par l'intuition la proportionnalité des nombres.
Note 2 : Le premier a une opinion ou une croyance seulement par ouï-dire ; 2° le second a une opinion ou une croyance par l'expérience, et ce sont les deux formes de l'opinion ; 3° le troisième est assuré par le moyen de la vraie foi, qui ne peut jamais tromper, et c'est la foi proprement dite ; 4° le quatrième n'a ni l'opinion ni la foi, mais il voit la chose elle-même et en elle-même sans aucun intermédiaire.
Tout cela limpide, mais toujours le même problème lié à la quatrième proportionnelle.
sescho a écrit :CT2Ch2 (2) : Nous appelons le second la foi vraie, parce que les choses aperçues seulement par la raison ne sont pas vues en elles-mêmes, et qu'il ne se produit dans notre esprit qu'une persuasion que les choses sont ainsi et ne sont pas autrement.
Enfin nous appelons claire connaissance celle que nous obtenons, non par une conviction fondée sur le raisonnement, mais par le sentiment et la jouissance de la chose elle-même.
Tout cela limpide, mais toujours le même problème lié à la quatrième proportionnelle.
sescho a écrit :CT2Ch4 : (1) Après avoir montré dans le chapitre précédent comment les passions naissent des erreurs de l'opinion, nous avons à considérer maintenant les effets des deux autres modes de connaissance, et d'abord de celui que nous avons nommé la vraie foi [1].
Note 1 : La foi est une conviction puissante fondée sur des raisons, en vertu de laquelle je suis persuadé dans mon entendement que la chose est en vérité et en dehors de mon esprit, semblablement à ce qu'elle est dans mon esprit. Je dis une conviction puissante fondée sur des motifs, pour la distinguer de l'opinion, qui est toujours douteuse et sujette à l'erreur, aussi bien que de la science, qui ne consiste pas dans une conviction fondée sur des raisons, mais dans une union immédiate avec la chose elle-même. Je dis en outre que la chose est en vérité et hors de mon esprit. En vérité, car dans ce cas les raisons ne peuvent pas me tromper : elles ne se distingueraient pas de l'opinion. Je dis en outre qu’elle est semblablement : car la foi ne peut me montrer que ce que la chose doit être, et non ce qu'elle est ; autrement, elle ne se distinguerait pas de la science. Je dis encore : en dehors ; car elle nous fait jouir intellectuellement non de ce qui est en nous, mais de ce qui est hors de nous.
(2) Ce mode de connaissance nous apprend en effet comment les choses doivent être, et non pas comment elles sont en vérité : d'où vient que nous ne sommes jamais complètement unis avec la chose que nous croyons. Je dis donc que cette connaissance nous montre comment la chose doit être, et non quelle elle est. Il y a là une grande différence, car, comme nous l'avons montré dans notre exemple de la règle de trois, si quelqu'un peut trouver par la proportion un quatrième nombre qui soit au troisième comme le second est au premier, il peut dire alors, par le moyen de la multiplication et de la division, que ces quatre nombres sont proportionnels ; et, quoiqu’il en soit réellement ainsi, il en parle néanmoins comme d'une chose qui est en dehors de lui ; tandis que lorsqu'il considère la proportionnalité, comme nous l'avons montrée dans le quatrième cas, il dit que la chose est en effet ainsi, car alors elle est en lui, et non hors de lui. Et voilà pour le premier point.
(3) Quant au second effet de la vraie foi, il consiste à nous conduire à la claire connaissance, par laquelle nous aimons Dieu ; et elle nous fait connaître intellectuellement les choses qui sont hors de nous, et non en nous.
(4) Le troisième effet est qu’elle nous donne la connaissance du bien et du mal et nous fait connaître les passions que nous devons réprimer. …
Clair, mais je n'arrive pas à assimiler la distinction entre connaissance de l'extérieur (est-ce par les lois physiques, notamment sous forme mathématique, les analyses chimiques, biologiques, etc. pour parvenir à H2O) et connaissance de l'intérieur (pour parvenir à la nage en symbiose avec l'élément ?).
sescho a écrit :CT2Ch21 : (3) En effet le pouvoir que nous tenons de la chose elle-même est toujours plus grand que celle que nous acquérons par l'intermédiaire d’une autre chose, comme nous l'avons montré plus haut, en distinguant le raisonnement et la claire intelligence, d'après l'exemple de la règle de trois, car il y a plus de puissance à comprendre la proportionnalité en elle-même qu'à comprendre la règle des proportions. Et c'est pourquoi nous avons souvent dit qu'un amour est détruit par un autre qui est plus grand ; mais nous n'entendons pas par là le désir, qui ne vient pas, comme l'amour, de la vraie connaissance, mais du raisonnement.
Là, par exemple, je cale.
sescho a écrit :CT2Ch22 : (1) Puisque donc la raison (le raisonnement) n'a pas la puissance de nous conduire à la béatitude, il nous reste à chercher si, par le quatrième et dernier mode de connaissance, nous pouvons y arriver. Nous avons dit que cette espèce de connaissance ne nous est fournie par aucun intermédiaire, mais vient de la manifestation immédiate de l’objet à l'intelligence ...
Idem. Pas immédiat, donc problématique.
sescho a écrit :CT2Ch26 : (6) Enfin, nous voyons encore que la connaissance par raisonnement n'est pas en nous ce qu'il y a de meilleur, mais seulement un degré par lequel nous nous élevons au terme désiré, ou une sorte d'esprit bienfaisant qui, en dehors de toute erreur et de toute fraude, nous apporte la nouvelle du souverain bien et nous invite à le chercher et à nous unir à lui, laquelle union est notre salut véritable et notre béatitude.
Clairement exprimé, mais reste problématique.
sescho a écrit :E2P29S : Je dis expressément que l’âme humaine n’a point une connaissance adéquate d’elle-même, ni de son corps, ni des corps extérieurs, mais seulement une connaissance confuse, toutes les fois qu’elle perçoit les choses dans l’ordre commun de la nature ; par où j’entends, toutes les fois qu’elle est déterminée extérieurement par le cours fortuit des choses à apercevoir ceci ou cela, et non pas toutes les fois qu’elle est déterminée intérieurement, c’est-à-dire par l’intuition simultanée de plusieurs choses, à comprendre leurs convenances, leurs différences et leurs oppositions ; car chaque fois qu’elle est ainsi disposée intérieurement de telle et telle façon, elle aperçoit les choses clairement et distinctement, comme je le montrerai tout à l’heure.
Difficile àcomprendre, mais pas insurmontable.
sescho a écrit :E2P37 : Ce qui est commun à toutes choses (voir le Lemme ci-dessus), ce qui est également dans le tout et dans la partie, ne constitue l’essence d’aucune chose particulière.
Nous nous sommes longuement penché sur ce passage. Voir la difficulté récente que j'ai trouvé pour trouver la cohérence avec E1P17S :
car le causé diffère de sa cause précisément par ce qu'il tient d'elle sescho a écrit :E2P38 : Ce qui est commun à toutes choses et se trouve également dans le tout et dans la partie, ne se peut concevoir que d’une façon adéquate.
Fort heureusement, sinon aucune science possible.
sescho a écrit :E2P41 : La connaissance du premier genre est l’unique cause de la fausseté des idées ; celle du second et du troisième genre est nécessairement vraie.
Fondamental pour asseoir la science sur l'intelligible et l'intuition qui en est l'autre face incomprise par moi à cette heure.
sescho a écrit :E2P44C2Dm : … les fondements de la raison, ce sont (par la Propos. 38, partie 2) ces notions qui contiennent ce qui est commun à toutes choses, et n’expliquent l’essence d’aucune chose particulière (par la Propos. 37, partie 2), notions qui, par conséquent, doivent être conçues hors de toute relation de temps et sous la forme de l’éternité.
Limpide, plus éternité des lois mises à jour (ce qui n'a pas été démenti à cette heure, me semble-t-il, l'invariance de Lorentz n'étant pas contredite ?).
sescho a écrit :E2P47S : Nous voyons par là que l’essence infinie de Dieu et son éternité sont choses connues de tous les hommes. Or, comme toutes choses sont en Dieu et se conçoivent par Dieu, il s’ensuit que nous pouvons de cette connaissance en déduire beaucoup d’autres qui sont adéquates de leur nature, et former ainsi ce troisième genre de connaissance dont nous avons parlé (dans le Schol. 2 de la Propos. 40, partie 2) …
Dans la même lignée que le reste.
sescho a écrit :E4P52 : La paix intérieure peut provenir de la raison, et cette paix née de la raison est la plus haute où il nous soit donné d’atteindre.
Démonstration : La paix intérieure, c’est la joie qui naît pour l’homme de la contemplation de soi-même et de sa puissance d’agir (par la Déf. 25 des pass.). Or, la véritable puissance d’agir de l’homme ou sa vertu, c’est la raison elle-même (par la Propos. 3, part. 3) que l’homme contemple clairement et distinctement (par les Propos. 40 et 43, part. 2)…
A cela, j'applaudis.
sescho a écrit :E4App : CHAPITRE IV : Il est donc utile au suprême degré, dans la vie, de perfectionner autant que possible l’entendement, la raison, et c’est en cela seul que consiste le souverain bonheur, la béatitude.
A cela, j'applaudis.
sescho a écrit :E5P10Dm : ... l’âme a la puissance de former des idées claires et distinctes, et de les déduire les unes des autres (voyez le Schol. 2 de la Propos. 40 et le Schol. de la Propos. 47, part. 2) ; d’où il résulte (par la Propos. 1, part. 5) qu’elle a la puissance d’ordonner et d’enchaîner les affections du corps suivant l’ordre de l’entendement.
Limpide.
sescho a écrit :E5P12Dm : Les objets que nous concevons clairement et distinctement, ce sont les propriétés générales des choses, ou ce qui se déduit de ces propriétés (voyez la Défin. de la raison dans le Schol. 2 de la Propos. 40, part. 2) ...
Tout aussi limpide
sescho a écrit :E5P23Dm : … les idées qui sont en nous claires et distinctes ou qui se rapportent à la connaissance du troisième genre (voy. le Schol. 2 de la propos. 40, part. 2) ne peuvent résulter des idées mutilées et confuses, lesquelles (par le même Schol.) se rapportent à la connaissance du premier genre, mais bien des idées adéquates, c’est-à-dire (par le même Schol.) de la connaissance du second et du troisième genre. …
Scholie : … nous éprouvons que nous sommes éternels. L’âme en effet, ne sent pas moins les choses qu’elle conçoit par l’entendement que celles qu’elle a dans la mémoire. Les yeux de l’âme, ces yeux qui lui font voir et observer les choses, ce sont les démonstrations. …
Filiation clairement énoncée ; reste à bien comprendre.
sescho a écrit :E5P36CS : … et j’ai pensé qu’il était à propos de faire ici cette remarque, afin de montrer par cet exemple combien la connaissance des choses particulières, que j’ai appelée intuitive ou du troisième genre (voyez le Schol. 2 de la Propos. 40, part. 2), est préférable et supérieure à la connaissance des choses universelles que j’ai appelée du second genre ; car, bien que j’aie montré dans la première partie d’une manière générale que toutes choses (et par conséquent aussi l’âme humaine) dépendent de Dieu dans leur essence et dans leur existence, cette démonstration, si solide et si parfaitement certaine qu’elle soit, frappe cependant notre âme beaucoup moins qu’une preuve tirée de l’essence de chaque chose particulière et aboutissant pour chacune en particulier à la même conclusion.
Là, j'ai un problème.
sescho a écrit :Lettre 21 à Blyenbergh : … convaincu d’ailleurs, quand j’ai trouvé une démonstration solide, qu’il est impossible que je vienne jamais à en douter, je me repose avec une parfaite confiance et sans aucune crainte d’illusion dans ce que la raison me fait voir clairement, et je me tiens assuré, sans même lire l’Écriture sainte, qu’elle n’y peut contredire.
Position scientifique communément admise, mais gâre aux adeptes des croyences (cf. le créationnisme en ce moment).
sescho a écrit :Lettre 37 à Bouwmeester : … toutes nos perceptions claires et distinctes ne peuvent naître que de perceptions de même espèce, lesquelles sont primitivement en nous et n’ont aucune cause extérieure. D’où il suit que toutes ces perceptions ne dépendent que de notre seule nature et de ses lois invariables et déterminées ; en d’autres termes, c’est de notre seule puissance qu’elles dépendent et non point de la fortune, je veux dire des causes extérieures, qui sans doute agissent suivant des lois déterminées et invariables, mais nous demeurent inconnues, étrangères qu’elles sont à notre nature et à notre puissance propre. …
Je ne suis pas d'accord s'il s'agit de croire à une capacité de perception qui serait innée, primitivement en nous. Un peu de culture est quand même nécessaire avant de savoir que c'est la terre qui tourne autour du soleil et non l'inverse.
sescho a écrit :TTP4 : … Si nous considérons maintenant avec attention la nature de la loi divine naturelle, telle que nous l’avons définie tout à l’heure, nous reconnaîtrons : 1° qu’elle est universelle, c’est-à-dire commune à tous les hommes ; nous l’avons déduite en effet de la nature humaine prise dans sa généralité ; 2° qu’elle n’a pas besoin de s’appuyer sur la foi des récits historiques, quels que soient d’ailleurs ces récits. Car comme cette loi divine naturelle se tire de la seule considération de la nature humaine, on la peut également concevoir dans l’âme d’Adam et dans celle d’un autre individu quelconque, dans un solitaire et dans un homme qui vit avec ses semblables. Ce n’est pas non plus la croyance aux récits historiques, si légitime qu’elle soit, qui peut nous donner la connaissance de Dieu, ni par conséquent l’amour de Dieu, qui en tire son origine ; cette connaissance, nous la puisons dans les notions universelles qui se révèlent par elles-mêmes et emportent une certitude immédiate … [notions communes ou axiomes, le reste par déduction logique.]
Limpide et confirme notre vision des notions communes.
sescho a écrit :TTP5 : … il faut observer, quand on se sert de preuves fondées sur l’expérience, que si elles ne sont point accompagnées d’une intelligence claire et distincte des faits, on pourra bien alors convaincre les esprits, mais il sera impossible, surtout en matière de choses spirituelles et qui ne tombent pas sous les sens, de porter dans l’entendement cette lumière parfaite qui entoure les axiomes, lumière qui dissipe tous les nuages, parce qu’elle a sa source dans la force même de l’entendement et dans l’ordre de ses perceptions. D’un autre côté, comme il faut le plus souvent, pour déduire les choses des seules notions intellectuelles, un long enchaînement de perceptions, et en outre une prudence, une pénétration d’esprit et une sagesse fort rares, les hommes aiment mieux s’instruire par l’expérience que déduire toutes leurs perceptions, en les enchaînant l’une à l’autre, d’un petit nombre de principes. Que résulte-t-il de là ? c’est que quiconque veut persuader une doctrine aux hommes et la faire comprendre, je ne dis pas du genre humain, mais d’une nation entière, doit l’établir par la seule expérience, et mettre ses raisons et ses définitions à la portée du peuple, qui fait la plus grande partie de l’espèce humaine ; autrement, s’il s’attache à enchaîner ses raisonnements et à disposer ses définitions dans l’ordre le plus convenable à la liaison rigoureuse des idées, il n’écrit plus que pour les doctes, et ne peut plus être compris que d’un nombre d’individus très-petit par rapport à la masse ignorante de l’humanité. …
Demande réflexion approfondie.
sescho a écrit :TTP6 : … les preuves tirées de la révélation, ne se fondent pas sur les notions universelles et communes à tous les hommes, …
Note 7 : … pour concevoir la nature de Dieu d’une manière claire et distincte, il est nécessaire de se rendre attentif à un certain nombre de notions très-simples qu’on appelle notions communes, et d’enchaîner par leur secours les conceptions que nous nous formons des attributs de la nature divine.
Deleuze a tout dit, et magistralement, sur ce sujet.
sescho a écrit :TTP7 : … dans l’étude de la nature on commence par les choses les plus générales et qui sont communes à tous les objets de l’univers, c’est à savoir, le mouvement et le repos, leurs lois et leurs règles universelles que la nature observe toujours et par qui se manifeste sa perpétuelle action, descendant ensuite par degrés aux choses moins générales …
C'est dans la ligne de ce que je dis plus haut : ordre inverse des abstractions.
sescho a écrit :TTP13 : … si l’on prétend qu’il n’y a pas besoin à la vérité de connaître les attributs de Dieu, mais de croire tout simplement et sans démonstration, c’est là une véritable plaisanterie. Car les choses invisibles et tout ce qui est l’objet propre de l’entendement ne peuvent être aperçus autrement que par les yeux de la démonstration ; ceux donc à qui manquent ces démonstrations n’ont aucune connaissance de ces choses, et tout ce qu’ils en entendent dire ne frappe pas plus leur esprit ou ne contient pas plus de sens que les vains sons prononcés sans jugement et sans aucune intelligence par un automate ou un perroquet. …
C'est bien la base de mon penchant pour la vision Spinoziste. Fondamental.
sescho a écrit :TTP14 : … les fondements de la philosophie sont des notions communes, et elle-même ne doit être puisée que dans la nature …
C'est un peu court jeune homme........
sescho a écrit :TTP16 : ... la nature n’est pas renfermée dans les bornes de la raison humaine, qui n’a en vue que le véritable intérêt et la conservation des hommes ; mais elle est subordonnée à une infinité d’autres lois qui embrassent l’ordre éternel de tout le monde, dont l’homme n’est qu’une fort petite partie. C’est par la nécessité seule de la nature que tous les individus sont déterminés d’une certaine manière à l’action et à l’existence. Donc tout ce qui nous semble, dans la nature, ridicule, absurde ou mauvais, vient de ce que nous ne connaissons les choses qu’en partie, et que nous ignorons pour la plupart l’ordre et les liaisons de la nature entière ; nous voudrions faire tout fléchir sous les lois de notre raison, et pourtant ce que la raison dit être un mal n’est pas un mal par rapport à l’ordre et aux lois de la nature universelle, mais seulement par rapport aux lois de notre seule nature.
Rien à redire. Limpide et admis.
Amicalement