
En haut de la page de droite est écrit : Homo liber de nulla re minus quam de morte cogitat, et ejus sapientia non mortis sed vitae meditatio est (Ethica, IV, prop. 67).
Durtal a écrit :pourquoi pas?!![]()
mais je ne sais pas si je suis convaincu par ce disposif finalement, lutter contre la mort est une chose absurde, personne ne peut espèrer vaincre la mort, d'un autre coté passer sa vie à méditer la vie est en effet une victoire définitive sur la mort, mais une victoire qui ne passe pas par une lutte. Au fond c'est le contraire: cesser de lutter contre ce que personne ne peut vaincre, aimer la vie purement et simplement, c'est ça la victoire. ( et non sans doute la résurrection du Paul de "ô mort où est ta victoire?).
D.
Pourquoipas a écrit :Je ne suis pas sûr du tout que, en ce qui concerne Spinoza, il place la mort parmi les choses inéluctables, en droit. Dans le TRE, il met l'opinion selon laquelle je sais que je dois mourir parmi les connaissances du premier genre, sues par expérience ou ouï-dire (ou par "lu-écrit") (tout comme je "sais" que le chien aboie, que l'huile attise le feu et que l'eau l'éteint, etc.). (Je ne peux dire où exactement, n'ayant pas le texte sous les yeux.)
De même, considėre bien l'axiome de Éthique IV : il emploie l'expression potest destrui ("peut être détruite") et non destruetur ("sera détruite")... [Ah, chère Louisa, en reviendrions- nous à ce foutu problème de la possibilité chez Spinoza ? ]
Spinoza a écrit :C'est à partir du ouï-dire seulement que je sais mon jour de naissance et que j'ai eu tels parents, et choses semblables dont je n'ai jamais douté. C'est par expérience vague que je sais que je mourrai: en effet, je l'affirme parce que j'ai vu d'autres, semblables à moi, avoir trouvé la mort, bien que tous n'aient pas vécu le même espace de temps et ne l'aient pas trouvée à la suite de la même maladie. Ensuite, c'est par expérience vague, aussi, que je sais que l'huile est un aliment apte à nourrir la flamme et que l'eau est apte à l'éteindre: je sais aussi que le chien est un animal aboyant et l'homme un animal rationnel, et ainsi ai-je connaissance de presque toutes les choses qui contribuent à l'usage de la vie.
Spinoza a écrit :J'appelle impossible, une chose dont la nature implique contradiction; nécessaire, celle dont la nature implique contradiction à ce qu'elle n'existe pas; possible, celle dont l'existence, dans sa nature, n'implique certes pas contradiction à ce qu'elle existe ou n'existe pas, mais dont la nécessité, ou l'impossibilité d'existence dépend de causes ignorées de nous aussi longtemps que nous feignons son existence; et, our cela, si sa nécessité ou son impossibilité, qui dépend de causes externes, était connue de nous, nous ne pourrions plus rien en feindre. De là suit que, s'il y avait un Dieu ou quelque chose d'omniscient, il ne pourrait plus rien feindre du tout.
Pourquoipas a écrit :D'autre part, que penses-tu de l'existence même de la médecine quand tu dis "lutter contre la mort est une chose absurde", même si "personne ne peut espérer vaincre la mort" ? Cela demanderait une longue réflexion que je n'ai pas le temps (ni peut-être l'envie) d'entamer aujourd'hui.
Quant au combat, il s'agissait du combat "à mort" (?) contre la passion qui s'appelle la trouille (timor), notamment de la mort... Vivre, c'est aussi lutter durement contre lesdites passions...
Pourquoipas a écrit :Durtal a écrit :pourquoi pas?!![]()
mais je ne sais pas si je suis convaincu par ce disposif finalement, lutter contre la mort est une chose absurde, personne ne peut espèrer vaincre la mort, d'un autre coté passer sa vie à méditer la vie est en effet une victoire définitive sur la mort, mais une victoire qui ne passe pas par une lutte. Au fond c'est le contraire: cesser de lutter contre ce que personne ne peut vaincre, aimer la vie purement et simplement, c'est ça la victoire. ( et non sans doute la résurrection du Paul de "ô mort où est ta victoire?).
D.
Cher Durtal,
Je ne suis pas sûr du tout que, en ce qui concerne Spinoza, il place la mort parmi les choses inéluctables, en droit. Dans le TRE, il met l'opinion selon laquelle je sais que je dois mourir parmi les connaissances du premier genre, sues par expérience ou ouï-dire (ou par "lu-écrit") (tout comme je "sais" que le chien aboie, que l'huile attise le feu et que l'eau l'éteint, etc.). (Je ne peux dire où exactement, n'ayant pas le texte sous les yeux.)
De même, considėre bien l'axiome de Éthique IV : il emploie l'expression potest destrui ("peut être détruite") et non destruetur ("sera détruite")... [Ah, chère Louisa, en reviendrions- nous à ce foutu problème de la possibilité chez Spinoza ?]
D'autre part, que penses-tu de l'existence même de la médecine quand tu dis "lutter contre la mort est une chose absurde", même si "personne ne peut espérer vaincre la mort" ? Cela demanderait une longue réflexion que je n'ai pas le temps (ni peut-être l'envie) d'entamer aujourd'hui.
Quant au combat, il s'agissait du combat "à mort" (?) contre la passion qui s'appelle la trouille (timor), notamment de la mort... Vivre, c'est aussi lutter durement contre lesdites passions...
Du moins pour ma pomme, mais, à en croire certains d'entre vous, vous en seriez déjà à la plénitude de la beatitudo...
Durtal a écrit :Mais ce n'est pas très grave, car je demeure d'accord avec toi qu'il est surtout question en effet de vaincre la crainte de la mort ( mais, tu seras d'accord que "vaincre la crainte de la mort", ce n'est pas tout à fait la même chose que de "vaincre la mort", et celui qui aurait l'espoir irrationnel de vaincre la mort, se préparerait justement une vie de crainte alimentée par le désir irrationnel entre tous: le désir d'immortalité).
Durtal a écrit :Quoiqu'il en soit, concernant le fait de vaincre sa peur, c'est ce que je voulais dire moi aussi en évoquant l'idée d'une victoire qui ne passe par une lutte.
Et à ce propos, tu remarques que la pensée de la mort, fait partie de ces idées que Spinoza appelle "inadéquates", non pas je crois, qu'il estime que peut être elle n'aura pas lieu, et que l'on se trompe en affirmant en général que nous mourrons, mais plutôt qu'elle ne peut par définition être une idée affirmative de ce que nous sommes ( et par conséquent ne peut non plus être une idée claire et dictincte de quoi que ce soit nous concernant).
C'est pourquoi aussi, l'homme sage, quand bien même serait-ce aux fins de "lutter" contre elle ne pense pas du tout à la mort (fut-il très malade lui même: même malade il reste préoccupé de la vie non de la mort, et c'est par cette préoccupation justement qu'il en triomphe).
Louisa a écrit :[...] à moins que Pourquoipas puisse nous montrer que d'un point de vue spinoziste l'homme est bel et bien immortel). [...]
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