A tous,
Deux ou trois points : j'ai lu rapidement les derniers messages.
Je constate que le même schéma se répète : au début, question ou problème posé, pour ma part de manière iconographique dans ce fil. Quelques réponses. Puis passage au
bavardage, où l'on va se perdre dans de longues considérations fastidieuses, et manifestement pas assez travaillées, auxquelles on se sent obligé de répondre.
Il faut apprendre à lire, à citer correctement, à toujours vérifier ses citations (et de la personne à qui on s’adresse, et d'éventuels commentateurs ou auteurs divers, et surtout de l'auteur objet de ce forum) et ne pas répondre à la va-vite, bref il faut
prendre son temps. Ceci vaut pour nous tous et particulièrement pour la personne de ce forum qui a véritablement une compulsion (dont je ne suis pas sûre qu'elle soit très saine – je parle de la compulsion bien sûr

) à bavarder longuement et surtout se précipiter aussitôt sans relecture et réflexion sur le moindre message (« comme la vérole sur le bas clergé breton », disait-on dans mon enfance). Cette personne se rend-elle compte que la quantité verbale de ses interventions doit maintenant, à vue de nez, constituer en quantité quelque chose comme dix fois les textes mêmes que nous avons la prétention-intention de commenter ?
Nietzsche dit quelque part je crois qu'il faut être comme les vaches :
ruminer encore et toujours, avaler, mâcher, réavaler et remâcher. Cela éviterait beaucoup d'erreurs qu'on ne passerait pas ensuite des pages et un temps fou à essayer de rectifier (tout en en commettant soi-même, comme il est inévitable). N'en déplaise à d'aucuns, un forum ne devrait pas être un brouillon de premier jet, mais, sans bien sûr prétendre être un texte de haut niveau, mérite un minimum de travail, et donc de temps et d'énergie.
S'ensuivent des attaques (justes ou non, peu importe)
ad personam ou
ad hominem (j'ai pas bien compris la différence, mais peu importe pour l'instant). Qui là encore font perdre du temps à tout le monde. Et qui accumulent des pages et des pages de fastidieux, inutiles et superfétatoires, je ne dirais pas textes, mais mots mis bout à bout. J'ajoute que la personne dont je parle plus haut (
et nous tous) aurions intérêt à procéder de la manière suivante : copier-coller les messages auxquelles on veut répondre sur un traitement de texte quelconque, les lire, faire sa réponse à la va-vite à ce moment-là, solitairement, attendre un peu, la re-re-...-lire, aller vérifier chez Spinoza, se relire, se corriger, etc. Ce forum mérite un minimum de travail. Car la personne dont je parle a
d'incontestables qualités intellectuelles et plus simplement « humaines » (mais, hélas, dont on ne s'aperçoit la plupart du temps qu'en relisant ses messages, ce qui m'arrive parfois) : il y a chez elle des perles et des diamants (comme chez nous tous), mais dont elle aurait tout intérêt (et pour elle et pour nous) à s'efforcer de nettoyer les nombreuses scories.
En clair : s'efforcer de travailler, de penser, de réfléchir, de méditer et de
prendre son temps.
Pour essayer en ce qui me concerne de remédier à tout ça, je me suis mis à relire pas mal de classiques du XVIIe siècle : Pascal, La Rochefoucauld, La Bruyère, Descartes, La Fontaine, etc. sans oublier Corneille, Racine et Molière, et bien sûr Spinoza. Cela aide, non pas à faire comme eux, mais à essayer d'être clair et le plus compréhensible qu'il est possible dans la mesure de nos moyens.
Qu'on ne m'objecte la longueur quantitative de textes d'autres auteurs (Montaigne, Proust, par exemple) car cette longueur est qualitative, et du coup n'en est une plus. Et allez voir leurs brouillons (facilement trouvables sur la Toile). Un seul exemple, les corrections apportées par Montaigne à la p. 6 du Livre I de ses
Essais (sur la 2e édition faite de son vivant, cet exemplaire annoté et corrigé étant celui dit « de Bordeaux » et publié après sa mort), dont je donne l’image dans mon message suivant.
Ainsi, si Proust avait vécu une dizaine d'années de plus, je n'aurais vu aucun inconvénient à ce qu'il nous rajoute deux ou trois romans à cette splendide cathédrale qu'il a nommée
À la recherche du temps perdu.
Il en est de même pour Spinoza, dont les dernières lettres (des années 1665-1666) montrent qu'il avait plusieurs projets, dont il semble bien qu'il sentait qu'il n'aurait pas le temps de les mener à terme. D'où l'intérêt supplémentaire (disons simplement « humain ») de la correspondance finale avec Henry Oldenburg, car tous deux vont mourir peu après, en 1667.
Concernant le présent sujet de discussion, ma réponse définitive a été donnée iconographiquement par l’image de l’Ankou avec laquelle (ainsi que dans son « ambiance ») je vis depuis mes premiers jours (image[s] dont certaines parties fluides de mon corps ont définitivement imprimée[s] la marque sur certaines parties molles).
PS – Tout cela était « méta-forum ». Maintenant deux points, qui n’ont rien à voir, ne concernant que PP-JFH :
1) Le premier
via une citation (je n’ai pas à rentrer dans les détails) :
« Je ne me soutiens plus, ma force m’abandonne.
Mes yeux sont éblouis du jour que je revoi,
Et mes genoux tremblants se dérobent sous moi.
Hélas ! » (Racine,
Phèdre, acte I scène 3.)
Donc, je lutte et je combats, sans (hélas) la sérénité dont ont parlé Sinusix et Troy, mais avec toute l’énergie dont je suis capable.
2) Je ne peux admettre, je refuse, la proposition-axiome III, 4 :
« Nulla res, nisi à causâ externâ, potest destrui. » J’espère y revenir plus tard.
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ANNEXE au sujet de Pierre Macherey, cité par un intervenant un peu plus haut. Dans son
Introduction à l’« Éthique » de Spinoza, t. IV :
La quatrième partie – La condition humaine, PUF, 1997, p. 74 (où il parle de la IV, 4), il écrit : « […] En effet, si l’homme était immortel, de deux choses l’une : ou bien il le serait en vertu de la puissance d’une cause finie résidant en lui-même ; ou bien il le serait en vertu de celle d’une cause infinie résidant dans la nature considérée comme telle. C’est-à-dire qu’il serait immortel par ses propres forces ou en application d’un dessein de la nature. Or la première hypothèse est absurde : la proposition 3 vient en effet d’établir que la force dont l’homme dispose pour persévérer dans son être est comme un point dans l’infini ;
il est donc exclu qu’elle puisse suffire à le soustraire à l’action de toutes les causes extérieures, qui l’écrasent de leur masse [trad. par Macherey de
superant – ajout de PP]
et doivent finir par l’emporter sur sa puissance qu’elles limitent nécessairement et qu’elles vouent à être tôt ou tard détruite. Ne reste alors que la dernière hypothèse : […] »
Sur ce point de la philosophie de Spinoza, donc, pour moi, le sujet est clos : Spinoza prouve la mortalité de l’homme (et de toute chose singulière), dans la IV 4,
via la IV 3 et le IV axiome. (J’ajoute que j’ai lu ce passage de Macherey ce matin pour la première fois.)
Bon week-end à tous et portez-vous bien