Bonjour,
Je viens de lire l'introduction à l'Ethique de Roland Callois aux éditions Gallimard dans laquelle le traducteur insiste sur le fait que Dieu est immanent et nécessairement libre, en conséquence: "la liberté n'est pas devenir, -et donc elle n'est pas libération ni transformation du monde- elle est comme l'être est. La liberté n'est que l'adhésion de la raison à elle-même. La contemplation (qui est activité de l'esprit), terme ultime de la connaissance, est jouissance et possession de l'être."
Le commentateur précise plusieurs fois dans son texte que nul devenir n'entre en ligne de compte dans la quête de vérité de Spinoza.
Aussi, ai-je lu Deleuze, qui reprend la notion d'immanence, ne tarissant pas d'éloges sur Spinoza, pour faire du désir une problématique du devenir au travers des champs d'immanence. N'est-ce pas contradictoire avec l'interprétation de Callois?
De plus, Pascal Sévérac a écrit un livre intitulé "le devenir actif chez Spinoza", l'action (en opposition à la passivité) nécessite-t'elle donc de devenir?
Quelle est la place réelle du devenir dans l'ontologie spinoziste?
A la lumière de l'interprétation deleuzienne de Spinoza ("l'expressivité" traitée dans le groupe d'études "la philosophie au sens large" animé par Pierre Macherey, spécialiste de Spinoza), comment doit-on analyser cette irruption de la question du devenir dans l'immanence spinoziste? L'anti-cartésianisme auquel adhère Deleuze trahit-il la question de l'être (et du savoir absolu, systémique) chez Spinoza? Ou bien lui apporte-t'il un éclairage essentiel, pour ne pas dire immanent?
Comment peut-on penser Spinoza après Deleuze, grâce mais aussi malgré son apport? Ce dernier paraissant aux yeux de Pierre Macherey "daté" bien que d'une "indiscutable actualité". Peut-être en repensant le rapport de la pensée de Spinoza à celle de Descartes...
Qu'en pensez-vous? Qu'en savez-vous?
être et devenir dans la pensée de Spinoza
Règles du forum
Cette partie du forum traite d''ontologie c'est-à-dire des questions fondamentales sur la nature de l'être ou tout ce qui existe. Si votre question ou remarque porte sur un autre sujet merci de poster dans le bon forum. Merci aussi de traiter une question à la fois et d'éviter les digressions.
Cette partie du forum traite d''ontologie c'est-à-dire des questions fondamentales sur la nature de l'être ou tout ce qui existe. Si votre question ou remarque porte sur un autre sujet merci de poster dans le bon forum. Merci aussi de traiter une question à la fois et d'éviter les digressions.
être et devenir dans la pensée de Spinoza
Modifié en dernier par symbiose le 17 déc. 2010, 20:19, modifié 1 fois.
Ci-joint, une démonstration de Pierre Macherey, expliquant l'interprétation deleuzienne de Spinoza:
http://stl.recherche.univ-lille3.fr/sem ... 12008.html
http://stl.recherche.univ-lille3.fr/sem ... 12008.html
Je viens de lire l'introduction à l'Ethique de Roland Callois aux éditions Gallimard dans laquelle le traducteur insiste sur le fait que Dieu est immanent et nécessairement libre, en conséquence: "la liberté n'est pas devenir, -et donc elle n'est pas libération ni transformation du monde- elle est comme l'être est. La liberté n'est que l'adhésion de la raison à elle-même. La contemplation (qui est activité de l'esprit), terme ultime de la connaissance, est jouissance et possession de l'être."
desole j'avais en plus grande estime la liberté
desole j'avais en plus grande estime la liberté
Je suis assez sceptique sur le terme utilisé par Caillois de "contemplation". Ceci invite à penser que le corps est passif. Or l'odre et la connexion des causes concernant les idées étant le même que l'odre et la connexion des causes dans le domaine de l'étendue, le corps de même est actif, autrement dit le terme de contemplation n'est pas approprié. Il ne reflète pas l'activité de l'esprit d'ailleurs. Contemplation est trop proche de perception.
Cf E2Def3
Concernant la liberté en tant qu'immanence, ici Caillois semble se placer du "point de vue" de la substance et d'emblée dans la partie 5 de l'Ethique où prime l'amour intellectuel de Dieu qui n'est autre aussi que l'amour de Dieu pour lui même. Il me semble que du point de l'humain par exemple il y a un réel processus de libération à entreprendre, sinon lire l'Ethique n'a aucun intérêt c'est à dire la traversée à entreprendre pour dépasser la connaissance du premier genre et accéder tout au moins à la connaissance du deuxième genre.
Cf E2Def3
Je dis concept plutôt que perception, parce que le nom de perception semble indiquer que l'âme reçoit de l'objet une impression passive, et que concept, au contraire, paraît exprimer l'action de l'âme.
Concernant la liberté en tant qu'immanence, ici Caillois semble se placer du "point de vue" de la substance et d'emblée dans la partie 5 de l'Ethique où prime l'amour intellectuel de Dieu qui n'est autre aussi que l'amour de Dieu pour lui même. Il me semble que du point de l'humain par exemple il y a un réel processus de libération à entreprendre, sinon lire l'Ethique n'a aucun intérêt c'est à dire la traversée à entreprendre pour dépasser la connaissance du premier genre et accéder tout au moins à la connaissance du deuxième genre.
De ce que je connais de l'Ethique, dieu est nécessairement libre:
"proposition 17
Dieu agit d'après les seules lois de sa nature et n'est contraint par personne."
"Corollaire 2
Il s'ensuit secondement que seul Dieu est cause libre. Dieu, en effet, est le seul qui existe d'après la seule necessité de sa nature et qui agisse d'après la seule necessité de sa nature. De sorte que Dieu est seule cause libre."
Ethique, partie 1
Pour ce qui est de la contemplation, il est certain qu'elle ne devrait pas négliger l'activité du corps. Ce terme est certainement impropre à résumer la démarche spinoziste, mais passons, là n'est pas mon problème.
Car ma question n'est pas relative à la liberté, mais à la compatibilité de la notion de devenir avec l'être spinoziste.
En effet, Deleuze, grand commentateur de Spinoza, fait intervenir la notion de devenir dans l'immanence.
Peut-on penser comme Rolland Callois (quelle que soit notre conception de la liberté spinoziste) que nul devenir n'est envisageable dans l'ontologie spinoziste?
Ou bien peut-on dire comme Nietzsche: "deviens ce que tu es"? Et surtout, peut-on prêter à Spinoza le fait de l'avoir envisagé lui-même?
"proposition 17
Dieu agit d'après les seules lois de sa nature et n'est contraint par personne."
"Corollaire 2
Il s'ensuit secondement que seul Dieu est cause libre. Dieu, en effet, est le seul qui existe d'après la seule necessité de sa nature et qui agisse d'après la seule necessité de sa nature. De sorte que Dieu est seule cause libre."
Ethique, partie 1
Pour ce qui est de la contemplation, il est certain qu'elle ne devrait pas négliger l'activité du corps. Ce terme est certainement impropre à résumer la démarche spinoziste, mais passons, là n'est pas mon problème.
Car ma question n'est pas relative à la liberté, mais à la compatibilité de la notion de devenir avec l'être spinoziste.
En effet, Deleuze, grand commentateur de Spinoza, fait intervenir la notion de devenir dans l'immanence.
Peut-on penser comme Rolland Callois (quelle que soit notre conception de la liberté spinoziste) que nul devenir n'est envisageable dans l'ontologie spinoziste?
Ou bien peut-on dire comme Nietzsche: "deviens ce que tu es"? Et surtout, peut-on prêter à Spinoza le fait de l'avoir envisagé lui-même?
Retourner vers « L'ontologie spinoziste »
Qui est en ligne
Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 5 invités