hokousai a écrit : Moi quand je mache un chewing gum sans me mordre les joues*, j' ai une connaissance du troisième genre !
oui ou non?
Non parce que vous le faites machinalement comme tout le monde
et certainement pas comme vous le décrivez dans la suite de votre post:
hokousai a écrit :ui, je pense aussi que la mastication, dans l’improvisation notamment, relève bien du 3e genre de connaissance.
car il implique immédiateté, compréhension directe et absence de distance entre le mastiquant et l’aliment
Le mastiquant devient aliment et inversement
passage dont je ne comprends pas la nécessité puisqu'en me paraphrasant, j’ai eu l'impression que vous vous moquiez de moi

L’expérience de l’improvisation musicale, même si elle est spontanée n’a rien de machinale, elle requiert au contraire une totale présence,
et si elle comporte des aspects mécaniques c’est pour libérer le musicien des contraintes techniques afin de lui permettre une expression libre et juste
hokousai a écrit :
Le troisième genre de connaissance est intuitif certes, mais on ne voit plus que ça , l'intuition. On dérive alors vers tout ce qui est conduite spontanée voire réflexe.
Ces conduites sont des comportements liés à l’habitude
Toute autre savoir ( savoir jouer, improviser etc ) est sans doute science intuitive ce n'est pas concevoir les choses sous une espèce d' éternité tel que Spinoza le dit.
L’expérience artistique et notamment celle que je connais, l’improvisation au piano requiert bien une science intuitive, vous le reconnaissez
Par contre l’habitude dont vous parlez ne concerne que les aspects techniques, une expérience artistique est d'abord une création et l’habitude en est l’ennemi.
maintenant je vais vous dire pourquoi je considère l’expérience artistique comme un accès momentané au 3e genre de connaissance dans le sens où vous l'entendez, cad accompagné de l'idée de Dieu:
hokousai a écrit : <<j'insiste depuis plusieurs messages sur la puissance de l' idée chez Spinoza . De l’idée qui accompagne ( de l'idée de Dieu en l' occurrence ).
Je suis ( à peu près ) d'accord avec la première réponse de SHub
En somme, le troisième genre de connaissance, contrairement au second, implique toujours l'idée de Dieu. Pour le construire il faut donc avoir bien compris le livre 1 de l'Ethique, c'est-à-dire avoir formé une idée de Dieu la plus précise possible en fonction des indications que fournit Spinoza.( Shub)>>
là je suis d’accord avec vous
mais je suis aussi d’accord avec Henrique quand il écrit :
henrique a écrit : Spinoza indique bien dans la cinquième partie que tout le monde connaît plus ou moins la béatitude ou notre éternité. Mais peu en ont conscience et en jouissent durablement. .La substance dont on fait l'expérience sans avoir à la nommer aussi clairement que Spinoza, c'est la vie autrement dit l'étendue aussi bien que la conscience dont on se sent traversé comme force d'exister.
…... Cette dernière est toujours là comme le soleil au dessus de nos têtes mais souvent des nuages en obscurcissent la jouissance.
Ce qui veut dire que cette idée de Dieu nous accompagne toujours, elle est enveloppée dans l’idée que nous avons de nous-mêmes qui elle aussi nous accompagne toujours ‘’ comme un soleil au dessus de nos têtes’’
Seulement ce qu’il faut se rappeler c’est que l’idée de Dieu ou l’idée de soi en tant qu’idées vraies sont des idées que nous sommes et non pas seulement que nous avons
Une idée vraie est une idée que l’on est .
Et lorsque Spinoza écrit que tout le monde connait Dieu mais que peu le comprennent
Il voulait sans doute dire que des images ou des idées fausses venaient se mêler à l’idée pure de Dieu ou de soi et nous en masquer le compréhension claire
Et ces idées qui viennent obscurcir l’esprit sont toujours des idées que l’on se fait et qui viennent de l’extérieur ou de l’imaginaire
Ainsi l’idée ’’ je suis ’’ est une idée vraie mais l’idée je suis ceci ou cela, un tel ou une telle n’est plus une idée vraie
Néanmoins l’idée vraie'' Je Suis ''(qui est aussi le nom de Dieu) est bien présente en nous mais mélangée, voilée
C’est en ce sens que tout le monde connait Dieu mais pas de façon pure
Pour retrouver cette pureté il nous faut faire un travail pour la dégager de ce qui s'est ajouté
Or qu’est ce qui se passe dans l’expérience artistique ?
Le musicien afin d’être vraiment dans la musique doit s’oublier, faire abstraction des idées ou des images de lui-même afin que rien ne vienne troubler son jeu musical
Henrique a bien interprété ma phrase qui vous gène : il ne pense pas et ne se regarde pas jouer
henrique a écrit :je pense que Joël a voulu dire "il ne pense pas de façon discursive" il est pleinement à ce qu'il fait sans même se dire "je joue du piano" dans un état de conscience pur où le rapport entre l'étendue et les corps apparaît dans son unité substantielle immédiate.
Oui et même le piano n’est plus ressenti comme extérieur et devient une extension du corps du musicien qui n’est plus dans la représentation mais dans la présence
Il est totalement présent, il est totalement lui-même ,
et il suffit d'observer les musiciens quand ils jouent pour s’en rendre compte, ils dégagent une beauté, une grâce, ils font plaisir à voir
La lumière de la vie les accompagne
De toutes évidence l'expérience d'unité qu'implique leur performance musicale leur procure une joie, une joie d'être
Dans l’expérience artistique on se sent soi-même et de ce point de vue on peut être sûr que Dieu et l’éternité nous accompagnent
Et il n’est pas nécessaire d' ’'avoir' 'l’idée de soi ou de Dieu puisque qu'on l'est déjà ,
il nous suffit de faire partir les nuages qui nous voilent l'évidence qui ,alors, peut rayonner d'elle-même et s'exprimer à travers le mode artistique
Des idées vraies il y en a pas tant que ça : l'idée de Soi , du Monde et de Dieu
Et elles s'impliquent mutuellement, trouver l'une , c'est trouver les 2 autres
Et je crois me souvenir mais je me trompe peut être que dans l'idée vraie, l’essence enveloppe l’existence
Et pour moi l'existence ne peut être que présence
or vous écrivez :
hokousai a écrit : et j'insiste sur la présence car ce n'est pas la présence qui est le fond de la question, c'est la nécessité. La présence est imagination. En fait le présent est secondaire dans l'affaire
Sur la nécessité ce qu'en dit henrique me parle :
henrique a écrit : un moment d'éternité, c'est la conscience plus ou moins claire mais vive que ce que l'on vit est nécessaire, c'est-à-dire est absolument, au sens de ne pas pouvoir ne pas être, de sorte qu'on n'a aucun désir que les choses soient autrement, on se sent complètement à sa place là où on est. La nécessité n'est plus alors pesanteur mais grâce. Dans cette nécessité, ce que je suis (mon essence) peut être compris comme découlant de l'étendue ou de la pensée en tant que réalités éternelles et infinies.
Et de ce point de vue elle ne me semble pas exclure l'idée de la présence
Aussi je ne comprends pas quand vous écrivez que la présence est imagination
Toute présence est elle imaginaire ?
Dans la phrase de Spinoza que vous citiez , il parlait d'imaginer la présence de dieu , il ne disait pas que la présence de Dieu en elle-même était imaginaire
Pour moi la seule présence réelle est celle de Dieu cad de la substance
Cela ne signifie pas que les présences des choses et des corps (et notamment du musicien )soient imaginaires puisque qu’elles ne sont que les modifications de la substance et en ce sens elles sont réelles bien que transitoires
Mais c'est toujours la substance qui s'exprime à travers elles sous les attributs de l étendue et de la pensée
hokousai a écrit : Ce n'est pas (de mon pt de vue) que le corps humain soit présent mais qu'il soit ( tout simplement ) quelque chose et que ce quelque chose a donc une essence. Il est quelque chose et non pas rien et non pas non plus tout . Et ce qu'est ce corps singulier il y a en a nécessairement une idée qui en exprime l'essence .De cette idée en Dieu suit toute la déduction qui explique pourquoi nous pouvons en raison nous sentir éternel
Tout à fait juste
Mais le corps tout en étant quelque chose cad une essence
en même temps il ’’EST ‘’ et en tant qu'il est, il est présent -présence et renvoie à son attribut et cela tout en étant aussi quelque chose cad un mode
De toute les façons on ne peut pas séparer le mode de la substance comme on ne peut pas séparer la vague de sa nature d'eau
Le présent est il secondaire ?
Même si l'éternité ne se limite pas au présent puisqu'elle l'englobe avec le passé
(L’éternité étant aussi mémoire infinie)
Elle ne peut s'expérimenter que dans le présent et ce sens le présent n'est pas secondaire
Le présent est présentation du réel et donc de la substance puisque tous les modes présents la manifestent.
Ce qui est secondaire ce sont les représentations qui ne sont que traces, effets et réactions au présent manifesté
Toute expérience ne se fait que dans le présent
Je trouve ce passage célèbre de Spinoza comme une justification de ce que j'écris :
nous sentons et expérimentons que nous sommes éternels
À mettre en parallèle avec la phrase que vous citez à propos du 3 e genre de connaissance
De ce genre de connaissance naît une joie qui accompagne l'idée de Dieu comme cause cad un amour de dieu ,non pas en tant que nous l'imaginons comme présent mais en tant que nous comprenons que dieu est être éternel
J'en conclus que ce 3 e genre de connaissance est non seulement compréhension de cette éternité
mais aussi expérimentation de ce que l'on comprend.
Et ce que l'on expérimente est toujours de l'ordre du présent et de la présence, qui ne sont donc en l'occurrence ni secondaires ni imaginaires
L'amour intellectuel de Dieu fruit de ce 3e genre de connaissance ne se limite pas à ce que nous, modernes , appelons intellect mais il inclut aussi la dimension du sentir et de l'affect qui appartiennent aussi à l'attribut pensée
Et si la présence on ne peut pas la penser au sens limitatif du terme mais uniquement la sentir ,dans le 3ème genre on ne se contente pas de la sentir ,on l'a comprend dans une intuition qui est comme l'union du sentir et du connaître, de l'affect et du concept
c’est peut-être cela que Deleuze appelait percept
On peut considérer l'idée de dieu et de l'éternité comme tel : un percept, objet donc de cette science intuitive
mais dans le percept la distance sujet connaissant et objet connu propre au 2e genre de connaissance est annulée.
la connaissance ou l’expérience que nous sommes de ce point de vue est aussi une non-expérience et une non-connaissance par rapport aux expériences et connaissances que nous pouvons avoir ou faire qui supposent toujours une séparation entre le sujet et l'objet
dans la connaissance du troisième genre il n' y a pas cette séparation
vous avez raison d’écrire:
hokousai a écrit :Ce qui me trouble ( che Libr , Henrique et Joël ) par rapport à Spinoza c est l'exceptionnalité de l'événement.
Spinoza présente la conn. du 3eme genre comme continue, commune à tous et ordinaire quant à son objet.
Il y a quand même un problème si cette conn. du 3eme genre doit être due à un talent particulier, dans un moment très spécial et assez rare.
la connaissance du 3e genre en tant qu'elle est ce que nous sommes n'est effectivement pas un événement
et la découvrir en soi c'est la reconnaitre comme ayant été toujours là de toute éternité, même quand on croyait en être absent
en fait l’événement c'est la disparition de cette croyance
croyance qui est comme un voile d'illusion, celui des idées inadéquates
voile ou nuages que l’expérience artistique, des méditations de type bouddhistes ou l’étude de l’éthique peuvent dissiper de temps à autres
je crois possible une continuité de cet ''éveil ''
mais je n'en suis pas là, comme bon nombre d'entre nous.
peut-être Spinoza, comme vous le pensez ,l'avait réalisé
Cordialement
Joël