Je te signale d'abord que juste avant le premier extrait que tu donnes de mon texte, il était question qu'il fallait bien partir des choses... et non du monde en général.
Tu ne veux pas le faire, ok. Donc je réponds (tente de) à
l'état du monde en général.
Mais le problème avec l'état du monde, c'est qu'il n'apparaît jamais dans sa totalité (toi qui est sensible à l'apparition). On ne voit justement qu'une chose ou une autre, l'une derrière l'autre etc. Donc tu veux comprendre quelque chose sur un état que tu ne perçois jamais, ok. Et là tu parles d'une infinité de causes. Pourquoi pas... mais alors dans le sens où toutes les causes participent (maintenant je les ai pas comptées). A force d'interagir oui, on doit bien pouvoir dire que toutes les causes participent de l'état du monde.
Et donc on ne peut les percevoir ensemble, on ne peut non plus les compter. On peut pas les compter mais toi, tu voudrais trouver celle qui fait que le monde est comme ci et pas comme ça, rude tâche ! À part ça tu me ressers ce à quoi je viens de répondre : "donc c'est pas une histoire de causes". Soit tu n'as pas compris soit tu n'es pas d'accord, mais en tous cas, tu n'argumentes pas par rapport à ce que j'ai dit, tu reviens en arrière.
A mon avis le point d'achoppement est le suivant. Moi je te dis qu'on ne peut que partir d'un effet et en chercher les causes, et faire ça avec un autre effet ensuite etc. Alors bien sûr que ça n'explique pas une totalité, que ça la dissocie (pour tenter de l'approcher au mieux), mais ton système est mal barré, puisqu'il ne peut s'appuyer que sur le raisonnement.
Il manque un maillon ? À oui ça c'est sûr ! Mais pas un maillon de l'effet actuel aux causes antérieures ou des causes antérieures à celles d'encore avant etc. Le maillon que tu cherches sans pouvoir en avoir jamais la moindre conscience (toi qui veut partir de la conscience), c'est le premie (enfin il me semble).
Mais différencier les causes c'est pas les diviser. Là tu te trompes. Si tu veux on divise un effet pour tenter de retrouver un système de causes, et certes on peut le faire ainsi de suite, mais l'infini trouvé n'est que de l'indéfini. Des causes infinies on sait pas, ça veut rien dire (
enfin voir plus haut).
Parce que les causes se retrouvent ailleurs, au gré d'autres agencement concernant des choses différentes qui peuplent le monde (c'est pour ça qu'on ne peut les penser qu'en interaction). Donc c'est pas une division jusqu'à une
infinité de causes.
Prenons la bêtise par exemple. Un type pense et croit en un truc rigoureusement faux. De là il peut bien raisonner de façon juste après, le faux de base ne peut que s'amplifier de façon exponentielle, son deuxième raisonnement l'emmènera un cran plus loin dans la fausseté etc. Que se passe-t-il si à un moment il s'aperçoit que ce coup ci quand même, il dit vraiment une trop grosse bêtise ? Il va dire que son raisonnement déconne et tenter de le rectifier... et si le dernier raisonnement est juste et le type pas trop idiot, il cherchera avec l'avant-dernier et ainsi de suite. Quel chance a-t-il de remonter jusqu'à la bêtise originelle à partir de laquelle il a échafaudé sa suite de raisonnements ? Pas beaucoup mais pas une une sur l'infini non plus.
Mais c'est pas pour ça qu'il est question de division à l'infini (donc). Parce qu'en fait, c'est un peu dans l'autre sens que ça se divise, des premières causes vers les dernières.
Si donc on a des séries divergentes dont le moment de la relation détermine l'actuel, si chaque séries est perçue (et on l'espère à juste titre) comme singularité et qu'on a un agencement de singularités (avec donc chaque singularité qui fait cause), chaque singularité est comme un flux puisque en mouvement, ok ? Et les singularités se recoupent entre elles comme autant de coupures de flux. Ces recoupements sont comme des divisions... qui aboutissent à l'actualité de la chose virtuelle (j'ai un peu de mal à me dépatouiller avec cette histoire). Bref les flux eux, se prolongent dans le virtuel sans se soucier de l'actuel qui nous sera "apparu".
Faudrait un exemple peut-être...
Ben essayons avec Lola

. Elle est au bout de la rue et je vais la croiser. Mon imagination oscille entre le truc qui m'arrangerait et celui qui me plait pas du tout. Mon intelligence me susurre à grand corps de hache qu'il faut pas laisser passer les chances de la vie. Ma raison me dit que je dois faire quelque chose. Et comme la seule façon de m'en sortir, c'est de préférer l'expérience qui hurle dans un coin de laisser faire le feeling, je... et donc Lola se rapproche.
Ouf. Bon ça fait des séries virtuelles tout ça, enfin à peu près. Quel gueule aura l'événement de la rencontre, j'en sais foutre rien. Les flux ont des chances de se relayer gaiment pendant je couinerai mon babil intentionnel. Hum. Et puis ça va se couper de partout, autant d'actuels où que t'est-ce que j'en mènerai pas large mais là on est hors sujet.
Bref.
Et puis à un moment, quelque chose va clairement d'actualiser plutôt que les autres (
et je te parle pas des causes parce que les causes c'est assez étranger au monde de Lola mais bref). Mais crois pas qu'avec Lola on va se marier et avoir beaucoup d'enfant, ça non. Donc l'imagination continuera à osciller un événement plus loin, et le reste avec.
Hum.
Sauf que sur le coup, je te prie de croire que l'imagination qui oscillait entre bonheur et malheur va se fixer un moment sur l'une des deux possibilités, ça c'est sûr : coupure de flux de l'autre flux d'imaginaire.
Une synthèse ? Tu parles !
Une convergence ? Bof, avec Lola dans le meilleur des cas (pas des facultés).
Alors, il est pas chouette mon exemple ? (je fais ce que je peux).
Des séries divergentes donc et des flux qui se coupent... et apparition de l'actuel !
(
peut-être que Deleuze t'aurait expliqué ça mieux que moi remarque... quant à Lola, c'est plutôt le genre à sosoter : "cause toujours, série"
)
Bref les causes-flux se divisent et produisent de l'actuel.
Bon.
Donc en remontant les causes, tu les multiplies pas à chaque fois, c'est ça que j'essaie de dire. Les flux singuliers fluent. Ils s'agencent avec d'autres flux (ou pas), et chaque singularité vit sa vie virtuelle (ça avance, mon livre).
Bon Hokousai, t'es prié de pas me ressortir la division à l'infini hein !
Bref, il y a des causes-flux qui s'actualisent au gré de l'état de leur relation, et dans l'autre sens (
c'est-à-dire de notre point de vue confronté à l'actuel qu'il s'agit de comprendre), il s'agit de retrouver les singularités qu'on peut percevoir des divers agencements entre tels et tels flux (en relation entre eux)... au sein du sytème de causes à effets qui donc ont produit l'actualité en question, mais à partir de la totalité des flux en question (enfin de leurs relations).
Ben voilà

!
Donc dans le sens de la marche on est limité par les incompossibles, et dans celui de la compréhension on n'a pas à arrêter la pensée autour d'une série parce qu'un élément de cette série semblerait "incompossible" avec un élément d'une autre : chaque série à sa propre logique : Lola me saute au coup dans mon imaginaire 1 et fait semblant de ne pas me voir dans mon imaginaire 2. Les deux sont virtuellement possibles (et je sais de quoi je parle avec Lola). Mais euh... s'actualisent pas, enfin pas en même temps en tous cas.
(
je suis pas très sûr au niveau de la rigueur mais j'essaie de te faire comprendre)
La suite...
La suite, c'est que si tu cherches UNE cause, la cause qui fait que le monde est ce qu'il est (et pas autre chose), c'est sûr que c'est pas en remontant les causes de chaque actualité que t'y arriveras, enfin moi j'y arrive pas (
et puis c'est pas une suite linéaire de causes, j'espère que c'est explicite dans ce que je dis, ça interagit de partout). Parce que si tout peut donc possiblement s'expliquer après coup, reste la première marche, du chaos à la suite de causes à effets. Si le chaos est un système virtuel (
au sens du virtuel deleuzien, et donc n'est pas un néant, Deleuze en définit que les virtualités n'ont pas le temps de s'agencer pour produire de l'actuel, un truc dans le genre : ça va trop vite si l'on veut.
Bref nous voilà de retour avec le chaos mental, bien clair pour ce que j'en pense, et celui qui aurait des prétentions métaphysiques, sur lequel j'ai peu (enfin moins rassure-toi) à dire. Et toi en proie à un système à prendre bien sûr au quatre-vingt troisième degré tu t'en doutes bien (
ou peut-être à discuter avec des scientifiques sinon). Ce chaos métaphysique reste pour moi du domaine de la théorie même si ça me parle. J'imagine que forcément pour Deleuze ça "colle" avec son laïus, et puis c'est toujours amusant de prospecter dans ces endroits. Le reste, c'est toi qui vois.