Depuis 1959 ("Le Désir et la Réflexion dans la philosophie de Spinoza", Gordon & Breach), Misrahi poursuit un travail de commentateur de Spinoza en même temps qu'une oeuvre personnelle autour du concept de REFLEXION.
Au point que de ce travail et de cette oeuvre, qui n'en demeurent pas moins passionnants, on ne sait plus ce qui appartient à Spinoza et ce qui appartient à Misrahi.
Des débats qui suivirent l'intervention de Misrahi aux Actes des Journées d'études organisées les 14 et 21 janvier, 11 et 18 mars 1990 à la Sorbonne par le Centre de recherche sur l'histoire des systèmes de pensée modernes de l'Université de Paris 1 - Panthéon-Sorbonne, on peut retenir ceci :
1. Au cours des débats qui ont suivi cette communication, l'objection suivante a été formulée : Spinoza n'emploierait nulle part l'expression « conscience réflexive », ou « réflexion ». L'objection ne nous paraît pas valable, pour les raisons suivantes : parce que toute idée est une connaissance (par ex. : Eth., II, 19, dém.), et parce qu'il y a toujours dans l'espnt humain une idée des idées des affections du corps (Eth., II, 22, dém.), on peut dire qu'il y a toujours conscience en tout affect (Eth., II, 9, scol.) et, bien sûr, en toute idée. Celle-ci est de soi idea ides (cf. Eth., II, 21, scol.). Ce que décrit Spinoza est bien la conscience d'abord préréflexive (pouvant être une connaissance inadéquate) et ensuite réflexive (lorsque, de conscience obscure et confuse, elle est devenue connaissance adéquate). Mais pourquoi appeler réflexive ce redoublement de l'idée comme conscience ou comme connaissance d'elle-même ? N'est-ce pas une appellation trop moderne ? Il n'en est rien, et c'est Spinoza lui-même qui autorise cet emploi. Dans le Traité de la réforme de l'entendement, voulant introduire sa méthode (où « l'esprit doit être dirigé selon la norme de l'idée de l'Etre le plus parfait »), Spinoza écrit : « ... comme le rapport entre deux idées est le même qu'entre leurs essences formelles, il suit que la connaissance réflexive (cognitio reflexiva) de l'idée de l'Etre le plus parfait sera supérieure à la connaissance réflexive de toutes les autres idées... » (T.R.E, § 38, dans l'édition Koyré. C'est nous qui soulignons). Spinoza au XXe Siècle, sous la direction de Olivier Bloch, PUF, Janvier 1993. Page 137 et 138
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