zarathoustra a écrit :DGsu a écrit :Les français ont manifestement besoin d'un père car ils semblent incapables de s'investir activement dans la politique. Ils préfèrent alors confier cela à quelqu'un qui s'en occupera pour eux.
Donc premièrement, le peuple est un imbécile. Beau discours de gauche. Je reconnais plutôt là un discours élitiste (quoique pas forcément dénué de sens) qui m'étonne venant d'une position manifestement ancrée à gauche.
Réponse aux deux : d'abord n'oublions pas que ce sont seulement 30% qui ont porté les suffrages sur Sarkozy, et que si dimanche prochain il obtient par hypothèse de 50,1 à 55% des voix, ce ne seront pas "les français" qui auront voulu l'élection de cet homme, mais seulement une majorité d'entre eux. Si les règles de la démocratie font logiquement que celui qui obtient la majorité remporte une élection et devient de ce fait en l'occurrence le président de tous les français, cela n'autorise pas pour autant à faire comme s'il y avait unanimité.
Cela dit le côté paternaliste de Sarkozy est évident, certains ont même exprimé ici en gros qu'il nous fallait enfin un homme qui allait - grâce manifestement à sa force et son charisme personnel - nous permettre de retrouver des repères... Il est vrai que le côté maternaliste de Royal, ce n'est pas rien, d'un autre côté. La 5ème république, avec son régime ultra-présidentiel - même le président des USA n'a pas autant de pouvoir institutionnel - taillé sur mesure pour De Gaulle y est pour quelque chose.
Par ailleurs qui parle d'associer, de faire participer le peuple aux décisions politiques, en proposant aussi le référendum d'initiative populaire et qui dit d'un autre côté qu'avec ses petits bras et ses lieutenants politiques, il s'occupera de tout en ce qui concerne les choix politiques, y compris de faire passer par voie parlementaire ce que le peuple a directement rejeté ?
Enfin, si tout citoyen est respectable en tant que citoyen, cela ne signifie pas pour autant qu'il ne peut pas se tromper, se fourvoyer. Je rappelle que la France a pu parfois porter aux nues ce qu'elle croyait être des "hommes de la situation", par voie électorale plus ou moins directe, des hommes comme Bonaparte qui mit l'Europe à feu et à sang pour pas grand chose au final, Pétain qui entreprit la politique de collaboration active avec le régime nazi. Et à chaque fois il y a eu de grands intellectuels pour les soutenir avec enthousiasme. N'oublions pas Heidegger.
Ce que je dis de mon côté, et cela répondra aussi sur l'essentiel à Serge, c'est que quelle que soit le pourcentage obtenu, 10, 20, 55, 90% des suffrages,
cela ne suffit pas à constituer une légitimité politique, dès lors qu'on vote pour un homme et/ou des idées qui se proposent d'utiliser la puissance publique au service d'une partie de la population au détriment de l'autre, sans que chacun puisse y trouver son compte (à l'extrême : lois de discrimination raciales par ex., mais aussi dans une certaine mesure quand il est question de baisser les impôts pour les plus favorisés, ce qui entraîne des services publics affaiblis pour les moins favorisés). Cela entraîne au contraire l'injustice et à terme aux "discordes" et autres formes de délitement du contrat social.
Deuxièmement, l'éternel coup de la bête immonde, Brecht ça fait toujours bien et on a la morale avec soi!
Mais la bête immonde, autrement dit en termes spinozistes les passions tristes, les hommes qui les laissent les pousser aux pires extrêmités, tout cela est éternel dès lors qu'il y a des hommes, qui sont des êtres de désir avant de pouvoir raisonner. La démocratie n'est jamais un acquis définitif tel qu'on serait assuré que dès lors qu'un parti est estampillé "giron républicain", notamment après une douzaine d'années d'une présidence quasiment irréprochable à cet égard, quelles que soient les idées reprises, elles seraient forcément républicaines. Mais qui a repris point par point les idées consistant à opposer une France à l'autre, celle des assistés et des fainéants d'un côté, et d'un autre côté celle des pauvres travailleurs surchargés de contraintes étatiques, pour payer l'assistance de tous ces improductifs ? Qui agite les peurs, les haines contre la racaille, qu'on appelle comme cela même quand il s'agit simplement de manifestants contre le vocabulaire du Kärcher ?
Sinon, Zarathoustra, n'oublie pas les questions modérées que je t'avais posées ici :
http://www.spinozaetnous.org/ftopicp-5571.html#5571
Et tiens une de plus qui me brûle les lèvres

, dans le sens de la division, mais non plus intérieure cette fois ci mais avec l'extérieur : cela ne te pose pas de problème d'apporter ton suffrage à un candidat à la présidence, appelé à siéger avec l'Allemagne, qui déclare que la France n'a pas à rougir de son passé comme l'Allemagne qui a inventé la solution finale ni construit de chambre à gaz ? Tu trouves que c'est le genre de propos qui resserre les liens entre les pays ?
Amitiés,
Henrique