malheureusement je n'ai pas sous la main la correspondance donc je ne pourrais vous répondre sur les affirmations contenues dans la lettre à Meyer.
Pour le reste, ne dites pas que je Platonise. Les idées Platoniciennes sont des archétypes ou des modèles et je n'ai a aucun moment affirmé que c'était cela que Spinoza appelait une essence. Au contraire je reconnais comme tout le monde qu'il est question d'essence singulières de choses et non d'archétypes, c'est à dire que je reconnais ce que l'on pourrait (peut-être??) appeler le "nominalisme" de Spinoza.
C'est, pour une raison qui m'échappe un peu, parce que vous ne voulez pas admettre que des essences puissent exister hors du temps, en Dieu, et rester néanmoins des essences singulières de choses que vous pensez que j'invoque des "êtres idéaux" à la Platon. Mais ce n'est pas du tout ce que je pense...
Je traiterai votre question relative à la définition de l'essence en dernier lieu. Car ma réponse suppose d'abord que je m'occupe de vos autres objections.
Vous écrivez:
"Et ensuite prop 11/2(bien que nous faisant comprendre ce n’est pas un exemple explicatif mais le sujet dont il va parler) il poursuit avec {b]l’essence de l homme[/b]( nous voila en prise avec une essence ) est constituée par des manières précise des attributs de Dieu .
C’est un mode"
évidemment que l'essence de l'homme est un mode! Je n'ai jamais dit le contraire, je dis seulement que c'est un mode éternel
ce après quoi vous dites justement:
"Est-ce que des modes existent hors du temps (hors de la durée ) ? Non car de l’existence des modes ne peut être conçue que sous el concept de la durée .(lettre 12 à Louis Meyer )"
Or il se trouve que nous trouvons dans le scolie de la proposition XL du livre 5 la déclaration suivante:
"Il apparaît que notre âme en tant qu'elle connaît, est un mode éternel du penser, qui est terminé par un autre mode éternel du penser, ce dernier à son tour par un autre mode et ainsi à l'infini, de sorte que toutes ensembles constituent l'entendement éternel et infini de Dieu"
Pour éviter toute chicane j'ajoute qu'un mode éternel du penser est nécessairement aussi un mode éternel du corps car "Une idée est (...) nécessairement donnée en Dieu qui exprime l'essence de tel ou tel corps humain avec une sorte d'éternité" (prop. XXII ethique 5). L'âme en tant que mode éternel du penser étant précisément cette idée (cf proposition suivante)
Dès lors ou bien dans la lettre à laquelle vous faites référence Spinoza se contredit (ou serait-ce qu'il ment à Louis Meyer ou au lecteur de l'ethique?) Ou bien, il parle dans cette même lettre des choses singulières ou des modes en tant qu'ils existent "en acte" et bien sûr alors, dans le temps. Ce qui ne nous avance guère. Peut être est ce aussi tout autre chose mais comme je vous l'ai dit je n'ai pas la lettre à ma disposition et donc je ne peux ni aller vérifier ce que vous dites ni surtout avoir connaissance du contexte de la déclaration que vous rapportez.
Vous terminez en disant:
"Il est clair que l’essence de l’ homme qui est un mode ne peut être conçue que sous la durée .
Votre assertion sur les chose singulières qui n’ existent pas dans le temps n’est pas juste"
Mais Spinoza écrit quant à lui (après la Prop.XXIX et sa démonstration curieusement sans indication de position d'ailleurs, à moins que ce ne soit une erreur dans l'édition) :
"Les choses sont conçues par nous comme actuelles de deux manières: ou bien en tant que nous en concevons l'existence avec une relation à un temps et à un lieu déterminés, ou bien en tant que nous les concevons comme contenues en Dieu et comme suivant de la nécessité de la nature divine. Celles qui sont conçues comme vraies ou réelles de cette seconde manière, nous les concevons avec une sorte d'éternité, et leurs idées enveloppent l'essence éternelle et infinie de Dieu (...)."
je reviens pour terminer à votre problème concernant la définition de l'essence.
Vous me dites:
"Je ne pense pas que votre interprétation soit juste . Elle entre en contradiction avec ce que Spinoza dit de l’essence d’une chose (2eme scolie pro10/2)
Ce sans quoi la chose ne peut ni être ni se concevoir ce sont les attributs mais cela n’appartient pas à l’essence de la chose ( Dieu n’appartient pas à leur essence )"
Pourquoi est-ce selon vous une objection à mon interprétation? C'est ce que j'ai du mal à saisir.
Autant que je puisse en juger, car vous ne développez pas beaucoup, vous pensez que si je dis que les choses singulières existent en Dieu quand elles ne sont pas dites durer cela entraîne l'affirmation que Dieu appartient à leur essence.
Mais pourquoi diable ceci devrait-il entraîner cela? C'est ce que je ne comprends pas bien et ce que j'aurais aimé vous voir m'expliquer.
Les essences singulières en tant qu'elles sont des modes éternels de l'étendu ou de la pensée, ont l'essence de Dieu elle même pour cause, et ne peuvent donc pour cette raison ni être ni êtres conçues sans Dieu, mais je ne vois absolument pas pourquoi cela devrait entraîner la conséquence (en effet absurde) que Dieu ne peut ni être, ni être conçu sans elles!
Qu'elles constituent, si vous vous voulez, des "effets" éternels des attributs de Dieu, ne change rien à leur statut "d'effet" et en tout cas ne les transforme pas pour autant en "cause"!
Quant à Louisa j'ai assez bon espoir de lui faire voir tantôt qu'elle n'est dèjà pas d'accord avec elle même
