Être heureux

Questions philosophiques diverses sans rapport direct avec Spinoza. (Note pour les élèves de terminale : on ne fait pas ici vos dissertations).

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Messagepar Louisa » 14 févr. 2008, 00:07

Hokousai a écrit :Spinoza parlent des idées de choses singulières qui n'existent pas .(prop 8/2)
Alors dites moi quelle est la chose qui n’existe pas dont il existe une idée et qui est la même chose exprimée selon l’étendue et selon la pensée ?
( petit problème de logique )


cher Hokousai,

je ne crois pas qu'il s'agit d'un problème proprement logique. Il s'agit simplement d'une prise de position philosophique. Chez Spinoza l'idée d'une chose singulière qui n'existe pas exprime effectivement, comme toute idée, une chose qui a également une expression dans l'attribut de l'Etendue. Seulement, ici on ne considère que l'essence de la chose, telle qu'elle existe éternellement en Dieu. L'essence d'une chose, c'est-à-dire l'essence de l'esprit, ayant l'essence du corps comme objet. L'essence du corps appartient à l'attribut de l'Etendue, et est en tant que telle éternelle, comme toute essence.

Autrement dit, l'existence dont parle ici Spinoza ne concerne que ce que la scolastique appelle d'habitude "existence", c'est-à-dire la durée dans un temps et un lieu précis (l'existence "ici-bas" des chrétiens). En Dieu, c'est-à-dire sub specie aeternitatis, toute essence existe éternellement, donc aussi quand la chose, du point de vue de la durée, n'existe pas encore dans un temps et un lieu précis, ou quand de ce point de vue elle est déjà "morte".
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Messagepar hokousai » 14 févr. 2008, 00:49

à Louisa


Chez Spinoza l'idée d'une chose singulière qui n'existe pas exprime effectivement, comme toute idée, une chose qui a également une expression dans l'attribut de l'Etendue.


Et bien non puisqu' elle n'existe pas ,elle n'a pas également une expression dans l'attribut étendue .

bref !

Et puis la question qui m'intéresse est ""est ce qu'une pierre pense ""?.Ou bien dit autrement "est ce que toutes les choses sont expression d'une infinité d' attribut ou bien de un , de deux , de plusieurs? "

C'est à dire est ce que l'idée de" réalité "(de plus ou moins grande réalité chez Spinoza ) a un sens ou pas ?

Je vous signale qu 'affirmer qu'une pierre pense est assez osé . Descartes n'allait même pas accorder la pensée au chien .Je sais bien que Spinoza était plus ouvert d' esprit , mais quand même aller jusqu'au pierre me parait osé .!!!

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Messagepar Louisa » 14 févr. 2008, 01:32

louisa:
Chez Spinoza l'idée d'une chose singulière qui n'existe pas exprime effectivement, comme toute idée, une chose qui a également une expression dans l'attribut de l'Etendue.

Hokousai:
Et bien non puisqu' elle n'existe pas ,elle n'a pas également une expression dans l'attribut étendue .


ce que vous dites a besoin d'un cadre de référence NON spinoziste pour pouvoir être concevable (le cadre du sens commun actuel, par exemple). Dans le spinozisme, en revanche il est affirmé que (E2P8 cor):

"aussi longtemps que les choses singulières n'existent pas, sinon en tant qu'elles son comprises dans les attributs de Dieu, leur être objectif, autrement dit leurs idées, n'existent pas sinon en tant qu'il existe une idée infinie de Dieu;

ET QUAND LES CHOSES SINGULIERES SONT DITES EXISTER, NON SEULEMENT en tant que'elles sont comprises dans les attributs de Dieu, MAIS EGALEMENT EN TANT QU'ELLES SONT DITES DURER, leur idées également envelopperont l'existence, par quoi elles sont dites durer.
"

on a ici déjà les deux types d'existence que distingue le spinozisme: existence du point de vue de l'éternité, existence temporelle. Les choses qui n'existent pas et dont vous croyez qu'elles n'ont pas d'étendue (comme le croit tout le monde aujourd'hui) correspondent chez Spinoza à des choses qui existent toujours déjà, en tant qu'ils ont un esprit ET un corps, mais cela seulement au niveau des essences. Dans un langage aristotélicien, il faudrait dire qu'elles ne sont pas encore ou plus "actualisées", ne fût-ce que chez Spinoza tout est toujours déjà actualisé. Il introduit dès lors également deux acceptions différentes de l'actualité: actualité au sens d'être existant dans la durée, et actualité au sens d'avoir toujours déjà un degré de puissance "non virtuel" en Dieu, même quand on ne peut pas dire que la chose en question existe au sens précis de "durer" (seul sens du mot "exister" qui est courant aujourd'hui).
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Messagepar hokousai » 14 févr. 2008, 16:04

à Louisa

Si vous voulez , je ne vais pas vous contrariez .

La question qui m'intéresse est ""est-ce que les pierres pensent ?""Les pierres de mon mur .

Il est possible que dans un cadre spinoziste on ne puise pas répondre à cette question .Est -ce une question à laquelle il est si difficile de répondre ? Que tout le spinozisme que vous incarnez ne le puisse ?

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Messagepar Louisa » 14 févr. 2008, 17:45

Hokousai a écrit :Si vous voulez , je ne vais pas vous contrariez .


m'expliquer en quoi vous croyez que je me trompe n'est pas vraiment me contrarier, ce serait plutôt m'aider, non?

Hokousai a écrit :La question qui m'intéresse est ""est-ce que les pierres pensent ?""Les pierres de mon mur .

Il est possible que dans un cadre spinoziste on ne puise pas répondre à cette question .Est -ce une question à laquelle il est si difficile de répondre ? Que tout le spinozisme que vous incarnez ne le puisse ?


il ne faut pas "incarner" le spinozisme pour savoir que pour Spinoza, toute chose, aussi la pierre, a un corps et un esprit (il le dit littéralement dans l'E2P13 scolie). Cela veut dire que toute chose est non seulement un corps mais aussi une idée. Idée qui à chaque fois est composée des idées d'affections de ce corps. Une pierre peut-elle être affectée? Il va de soi que oui. Si la température ambiante de la pierre change, la pierre en est affectée, par exemple. Elle en a donc une idée.

Est-ce que chez Spinoza idée et pensée singulière sont synonymes? J'aurais tendance à le croire, mais je n'en suis pas certaine. Si c'est le cas, alors il est évident que toute chose, pour Spinoza, pense. S'il distingue tout de même idée et pensée singulière, alors on peut remarquer qu'il dit bel et bien que l'homme pense (E2 ax2), tandis qu'il n'y a pas d'axiome qui le dit pour les autres choses. Cela n'implique pas forcément que cela ne vaut pas pour les autres choses, puisqu'après avoir traité de Dieu Spinoza passe immédiatement à l'homme. Cela implique seulement qu'il faut déduire du contexte dans quelle mesure cela est concevable dans un spinozisme.

Sinon je vous rappelle la discussion que vous et moi avons depuis pas mal de temps ici, et qui tourne à mon sens autour de la question suivante: est-il possible d'avancer, en philosophie, quand on essaie de penser des questions générales SANS se référer à une pensée spécifique? Vous croyez que oui, moi je crois que non. Si donc vous trouvez que cela a de l'intérêt de se demander si "les pierres" pensent, en général, je n'ai rien contre, mais je n'arrive pas à voir l'intérêt, la pertinence de telles questions. Par conséquent, je n'ai rien à vous répondre non plus.

La notion de "pensée", par exemple, est avant tout une idée humaine. Cela veut dire, comme pour toute idée, qu'il faut D'ABORD expliciter dans quel sens on veut comprendre la notion, avant de pouvoir savoir quelle chose pense et quelle chose ne pense pas. Or cette explicitation demande déjà tout un travail en soi. Et elle ne devient "féconde" qu'à partir du moment où on "problématise" l'idée que nous avons spontanément de ce que c'est que la pensée. Mais pour faire cela, il faut déjà construire toute une philosophie, dans laquelle un concept précis de la pensée peut recevoir un sens.

En ce qui me concerne je crois que je l'ai déjà dit ici plusieurs fois: sur un site consacré à Spinoza, j'ai tendance à utiliser un moyen comme un forum pour essayer d'augmenter ma compréhension du spinozisme. Je n'ai rien contre ceux qui préfèrent le critiquer, car cela aussi peut aider à mieux comprendre. Et il va de soi que je fais la même chose ailleurs pour d'autres philosophes. Or, si ici vous voulez ni comprendre Spinoza (puisqu'à mon argument concernant l'existence vous me répondez que vous voulez l'accepter simplement pour ne pas ME contrarier, tandis que je ne parlais pas de moi mais de Spinoza), ni le critiquer, pour vous demander, de façon abstraite, si les pierres pensent ... je n'ai toujours rien contre, seulement je ne vois pas comment on pourrait donner une réponse sensée à une telle question. Pour moi c'est une question dans le vide. Un coup dans l'air, si vous voulez. Mais encore une fois: ceci n'est pas du tout une critique de votre démarche (il se peut que je ne l'ai tout simplement pas encore comprise).
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Messagepar hokousai » 14 févr. 2008, 21:43

à Louisa

est-il possible d'avancer, en philosophie, quand on essaie de penser des questions générales SANS se référer à une pensée spécifique?


Je vous dirais bien qu’on peut reculer en philosophie quand on essaie de penser des questions générales sans se référer à son propre bon sens .

Spinoza ne dit pas que les objets inanimés on une âme mais que tous les individus sont animés à des degrés divers . l’objet de l’idée d’une chose(étendue ) est le corps ( étendue de cette chose ( je suis d’accord )
Ce qui ne veut pas dire que cette chose pense .( je vous rapelle qu'on est toujours sur la question du parllélisme .)

Je vous pose la question des pierres qui pensent (ou pas) parce que Spinoza n’en parle pas .Il ne parle pas d’ individus inanimés et pas vraiment de la pensée des corps en mouvement , ce qui dans votre optique de lecture devrait apparaître et fortement .
(la question de la pensée des coprs inerte est délaissée en revanche la quetsionde la pensée de l'homme elle est considérée )

Mais voyons la réalité des objets Leur réalité l’emporte sur d’autres .(prop13/2)
Un exemple : une planète gravitationnelle comme la terre l’ emporte sur tous les objets tombant sur son sol . Faut-il en conclure que la terre pense beaucoup plus que l’homme qui tombe à terre ?

Je note donc que pour vous une pierre qui change de température pense .
Il va donc me falloir choisir entre mon intelligence et mon thermomètre, à tout le moins ne plus le mépriser en philosophie ...

.........................................................;

Vous perdez patience .Sur l'existence vous répondiez à côté de mon propos puisque je vous parlais des idée qui des choses qui n’existent pas , idées qui sont comprise dans l’idée infinie de Dieu .

..............................................................

Ps . vous frôlez l’ attaque ad hominem
je n'ai pas pour habitude de répondre à ce genre d'attaques .....jusqu'à un certain point .

hokousai

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Messagepar Louisa » 14 févr. 2008, 23:14

Hokousai a écrit :Louisa:
est-il possible d'avancer, en philosophie, quand on essaie de penser des questions générales SANS se référer à une pensée spécifique?

Hokousai:
Je vous dirais bien qu’on peut reculer en philosophie quand on essaie de penser des questions générales sans se référer à son propre bon sens .


et qu'est-ce qui vous fait croire que votre propre sens est par définition bon ... ?

Pour moi la philosophie commence là où il y a mise en question du "bon sens". C'est à mon sens ce geste qu'a posé, ou plutôt thématisé (puisqu'il y avait déjà des philosophes avant lui) Platon. Notre sens commun est principalement le résultat, disait déjà Platon, de l'ouï-dire, ce qui signifie qu'il contient une part de contingence, contingence qu'on oublie/néglige quand on commence à appeler le sens commun le "bon" sens.

Hokousai a écrit :Spinoza ne dit pas que les objets inanimés on une âme mais que tous les individus sont animés à des degrés divers . l’objet de l’idée d’une chose(étendue ) est le corps ( étendue de cette chose ( je suis d’accord )
Ce qui ne veut pas dire que cette chose pense .( je vous rapelle qu'on est toujours sur la question du parllélisme .)


pour la pensée: voir mon message précédent.
Quant aux objets inanimés: à mon avis dans le spinozisme cela est absurde. Un objet est toujours l'objet d'une idée. Par là même, il a un "esprit", par définition.
Par contre, il est un fait que dans le scolie que j'ai cité, il dit que tous les Individus ont un esprit, et non seulement l'homme. Or un individu n'est pas un corps simple, c'est une union de corps. Les corps simples ont-ils dès lors un esprit? Je crois qu'il faut tout de même conclure de ce même scolie que mêmes les corps simples ont un esprit, car juste après, il dit que d'une chose quelconque il y a une idée en Dieu, qui a le même rapport avec le corps de la chose que l'esprit humain avec le corps humain. Ma conclusion: chez Spinoza tous les corps, aussi les corps simples, ont un esprit. Mais vous pensez peut-être à l'un ou l'autre argument qui oblige à mettre en question cette conclusion?

Hokousai a écrit :Je vous pose la question des pierres qui pensent (ou pas) parce que Spinoza n’en parle pas .Il ne parle pas d’ individus inanimés et pas vraiment de la pensée des corps en mouvement , ce qui dans votre optique de lecture devrait apparaître et fortement .
(la question de la pensée des coprs inerte est délaissée en revanche la quetsionde la pensée de l'homme elle est considérée )


les corps inertes sont les corps en mouvement ou en repos. Tout le début des axiomes et lemmes de l'E2 en parlent. Et c'est juste avant qu'il dit que toute chose a un esprit. Donc à mon sens, ceci donne la réponse spinoziste à la question des pierres qui pensent ou pas, du moins si l'on veut identifier idée et pensée. Si vous croyez que Spinoza distingue les deux (et comme j'ai dit ci-dessus, cela me semble être tout à fait possible, je n'ai seulement pas encore trouvé un argument qui le confirme moi-même), sur quoi vous baseriez-vous?

Hokousai a écrit :Mais voyons la réalité des objets Leur réalité l’emporte sur d’autres .(prop13/2)
Un exemple : une planète gravitationnelle comme la terre l’ emporte sur tous les objets tombant sur son sol . Faut-il en conclure que la terre pense beaucoup plus que l’homme qui tombe à terre ?


à mon sens Spinoza dirait que si l'objet x est plus puissant que l'objet y, alors l'esprit de x est plus puissant que l'esprit de y. Avoir un esprit plus puissant, est-ce la même chose que "penser beaucoup plus"? Je dirais plutôt que chez Spinoza la puissance de l'esprit se mesure au nombre d'idées ou de choses qu'un esprit peut penser ENSEMBLE (je devrais chercher la référence exacte). Mais il dit aussi qu'on ne peut pas se baser sur une force purement physique pour connaître la puissance d'agir et de penser d'une chose (ce serait faire d'un abruti de 130kg un être plus puissant que le petit savant qui mesure à peine 1m60, chose absurde bien sûr). Dès lors, je ne crois pas qu'on peut déjà déduire du fait qu'un corps est plus petit qu'un autre (et que donc par une force d'attraction il a tendance à tomber sur le sol de l'autre), que le corps le plus petit est le corps le moins puissant, au sens spinoziste du terme. La puissance de penser et d'agir a plutôt à voir, au niveau corporel, non pas avec la taille mais avec l'aptitude du corps d'être affecté et d'affecter d'un nombre de manières différentes. Ainsi le corps du savant (ou de l'artiste, etc) est-il devenu sensible à beaucoup plus de différentes choses dans le monde que le corps d'un abruti. C'est aussi ce qui fait qu'en même temps, son esprit est beaucoup plus puissant.

Hokousai a écrit :Je note donc que pour vous une pierre qui change de température pense .
Il va donc me falloir choisir entre mon intelligence et mon thermomètre, à tout le moins ne plus le mépriser en philosophie ...


euh ... il me semble que depuis pas mal de temps j'essaie de vous dire que quand nous essayons, ici, de mieux comprendre la pensée spinoziste, que je vous donne mon interprétation du spinozisme. Cela n'a rien à voir avec une éventuelle "croyance" en les points de vue défendu par ce courant philosophique ... .

Puis en ce qui concerne Spinoza: j'ai bien dit, dans mon message précédent, que ce n'est que quand on peut identifier idée et pensée singulière, dans le vocabulaire spinoziste, qu'il faut effectivement conclure qu'une pierre qui change de température pense. Or pour l'instant je ne trouve pas vraiment d'argument capable de prouver que l'on peut identifier les deux. Ma réponse était donc que si la question est de savoir ce qu'en dit Spinoza, alors ... je ne le sais tout simplement pas.

Que cela vous semble absurde de supposer qu'une pierre pense quand elle change de température, montre seulement que vous avez une conception de la pensée qui la rend incompatible avec la possibilité que les pierres pensent. Je ne vois pas ce que cela nous dirait des pierres, en tant que telles, ni de la pensée. Pour Averroes, il était pour des raisons similaires absurdes de croire que l'homme pense. C'est-à-dire: dans cette conception de la pensée, la pensée ne peut pas être "individuelle". Autrement dit: il faut TOUJOURS DEJA se placer du point de vue de l'un ou l'autre conception philosophique (assumée consciemment ou non) pour pouvoir découvrir de telles "absurdités". "En soi", celles-ci n'existent pas.

Hokousai a écrit :Vous perdez patience .Sur l'existence vous répondiez à côté de mon propos puisque je vous parlais des idée qui des choses qui n’existent pas , idées qui sont comprise dans l’idée infinie de Dieu .


je n'ai pourtant pas l'impression que je perds patience. Je voulais juste référer au fait que nous ayions déjà discuté du problème d'une divergence de la conception de la philosophie entre vous et moi, et que je croyais avoir compris que ce genre de discussions ne vous intéressent pas trop. Du coup, je ne voulais pas vraiment les relancer, mais juste vous rappeler que quand je ne vous réponds pas sur la question qui pour vous est essentielle (les pierres pensent-elles?) mais seulement sur un aspect qui pour vous est secondaire (les choses qui n'existent pas ont-elles chez Spinoza un corps?), ce n'est pas parce que je ne VEUX pas y répondre, c'est parce que je ne PEUX pas y répondre.

Puis c'est vrai que je ne comprends pas très bien pourquoi vous continuez assez régulièrement à rabattre mes propres opinions sur celles de Spinoza, tandis qu'il me semble que je dis assez clairement que je ne parle que de celles-ci et non pas des miennes. Mais il s'agit plutôt d'incompréhension que d'impatience.

Hokousai a écrit :Ps . vous frôlez l’ attaque ad hominem
je n'ai pas pour habitude de répondre à ce genre d'attaques .....jusqu'à un certain point .


c'était pourtant précisément pour essayer d'éviter cet effet que j'avais ajouté ma dernière phrase, où je dis littéralement que je n'ai rien contre votre approche, et que je la respecte, qu'il s'agit simplement d'un manque de compréhension de ma part. Il n'y avait donc en tout cas aucune intention d'ad hominem. Si vous ne voyez pas comment interpréter alors mon dernier message, n'hésitez pas à me dire ce qui était selon vous une attaque personnelle ... !
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Messagepar hokousai » 15 févr. 2008, 13:05

chère Louisa

Ad hominem dans la mesure où vous portez des jugements sur mes arguments mais souvent assortis d’ un commentaire sur ma supposée position ( extérieure au texte de Spinoza ou au contexte spinoziste, je serais systématiquement critique à son égard , malintentionné ou cherchant prioritairement à faire valoir mes propres idées philosophiques )

Or je lis le texte , je pars des textes ,je commente les textes de Spinoza , lesquels provoquent certes des questions qui peuvent vous sembler saugrenues( étranges ), il n’empêche que c’est bien en relation avec le texte de Spinoza que je les pose .( mis à par Berkeley et parfois les thomistes je ne mentionne personne d’autre que Spinoza .Disons que les « autres » interviennent peu dans mes messages. Je ne dis pas que JE n ' y interviens pas , mais comment faire autrement .

..................................................

Pour répondre à votre réponse je vais me citer

Pour Spinoza l’intellect de Dieu embrase l’idée d’une table. Le fait que l’intellect de Dieu embrasse suffit-il à estimer que les tables pensent ? C’est toute la question .

Répondre positivement implique que les choses étendues (toutes les choses étendues ) sont aussi (parallèlement ) une expression et une modification de l’attribut pensée et alors des l’infinité des autres attributs .
Ce que je conteste ( personnellement )

Spinoza n’est pas assez clair sur ce point .

Estimez vous que Spinoza est assez clair sur ce point ?

C’est suffisamment important pour qu’on y réfléchisse un peu . Parce que répondre négativement cela implique qu’il y eut un temps (dans la durée ) où les choses ne pensaient pas . Alors que maintenant ( dans la )durée certaines choses pensent .
Car j’en reviens toujours à une certaine vision du parallélisme qui nous dit que chaque chose est étendue et pensée (les deux faces d’une même réalité ) et ceci toujours et partout .(à ce sujet relire le message de Bardamu )

bien à vous
hokousai

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Messagepar Louisa » 15 févr. 2008, 14:25

Hokousai a écrit :Ad hominem dans la mesure où vous portez des jugements sur mes arguments mais souvent assortis d’ un commentaire sur ma supposée position ( extérieure au texte de Spinoza ou au contexte spinoziste, je serais systématiquement critique à son égard , malintentionné ou cherchant prioritairement à faire valoir mes propres idées philosophiques )


cher Hokousai,

merci d'avoir signalé que l'on pourrait interpréter d'une telle façon ce que j'écris. Dans ce cas je crois que je ne me suis pas très bien expliquée. Tentative d'être plus clair.

Il est vrai que très souvent, j'ajoute des commentaires "méthodologiques" à mes réponses à certains de vos messages. Mais justement, le problème que j'ai c'est un problème qui concerne une certaine méthode en philosophie, une certaine conception de la philosophie. Il me semble (à tort ou à raison) que vous adoptez régulièrement cette méthode. Mon problème n'est pas que VOUS l'adoptez, mon problème concerne la méthode en tant que telle. Je ne vois pas comment avec cette méthode aboutir à un résultat un peu "solide", disons. Du coup, il arrive que je n'ai rien à vous répondre, non pas parce que j'aurais un problème avec vous en tant que personne, mais parce que je ne crois pas en une telle méthode, parce que pour l'instant je ne réussis pas à en comprendre l'intérêt. C'est pourquoi, dans la discussion ci-dessus, je n'ai pas réagi à votre question des pierres qui penseraient, mais uniquement au point auquel je croyais pouvoir répondre. Pour moi le problème est donc entièrement philosophique, et n'a rien de personnel.

D'autre part, dire que je ne crois pas en la méthode des questions générales (donc abstraites, pour moi) et le sens commun comme critère de vérité, cela ne signifie pas que mon problème serait que vous partez d'un point de vue extérieure au spinozisme. D'abord, je n'ai pas du tout l'impression que vous êtes systématiquement critique à l'égard du spinozisme, et même si c'était le cas, comme je viens de le dire ci-dessus, discuter avec quelqu'un qui critique (même violemment) le spinozisme peut avoir un grand intérêt.

Quant à faire valoir ses propres idées philosophiques: si je vous ai bien compris, c'est plutôt ce que j'appelerais ses propres "opinions", mais là aussi, je n'ai rien contre la PERSONNE qui le fait. C'est de nouveau une question de méthode, à mes yeux. La différence principale entre une idée philosophique d'un des participants à ce forum et d'une idée philosophique d'un grand philosophe (n'importe lequel, Berkeley aussi bien que Spinoza etc, bien sûr), c'est que chez un grand philosophe, l'idée ne peut pas être isolée de toute une nouvelle façon de concevoir les choses, du système de penser du philosophe en question. Et c'est de là que vient, à mes yeux, tout son intérêt. Nos propres idées ne sont pas mal, bien sûr, mais cela ne peut pas aller très loin. On a vite l'impression d'être dans des impasses, ou d'avoir tout dit.

Ce qui caractérise donc à mes yeux une "philosophie", c'est le fait d'avoir réussi à construire une pensée qui, elle, se prête à des commentaires et des développements qui continuent génération après génération. C'est là un des points forts de ce qu'on appelle "philosophie", je crois. Une idée d'un "petit" philosophe, en revanche, peut avoir une certaine originalité, mais du fait même qu'elle manque tout un cadre de pensée, elle reste toujours fort limitée, aussi bien dans son contenu que dans sa capacité de pouvoir être développé, de pouvoir donner lieu à un tas d'autres idées. Bien sûr, tous les grands philosophes étaient d'abord des petits philosophes. Il faut donc bien commencer au début, si l'on veut développer sa propre pensée, et donc par quelques idées, pas encore très fécondes en soi. Je ne suis donc pas en train de dévaloriser le "petit philosophe". J'essaie juste de dire que pour moi le "handicap" d'une idée d'un philosophe qui n'a pas encore découvert son système à lui, c'est que souvent on ne sait rien faire avec. C'est tout un art que de construire des questions et des idées qui permettent d'aller loin, il me semble.

Or ici je suis en train de défendre une certaine position par rapport à la question de ce que c'est que la philosophie. Il me semble que vous n'êtes pas tout à fait d'accord avec cette position, et cela m'intéresse beaucoup d'en discuter avec vous (mais peut-être dans un autre fil, puisque nous (ou plutôt moi) nous éloignons du sujet; le fil 'antagonisme' éventuellement). Nous l'avons déjà essayé quelques fois, et pour l'instant j'étais dans l'idée que finalement ce genre de discussion ne vous intéresse pas trop. Ce que je respecte, bien sûr. Mais dans ce cas, je ne peux que référer à cette divergence entre nous dès que vous me demandez de répondre à des questions auxquelles, pour les raisons que je viens de mentionner, je ne peux pas répondre. Entre-temps, votre façon de procéder ne me dérange pas du tout, au sens où (comme j'ai déjà dit ailleurs, je crois) cela m'arrive de temps en temps d'être surprise par ce que vous écrivez. Si donci je ne peux pas toujours répondre, cela même (ne pas savoir quoi répondre) souvent m'interpelle, et parfois me fait comprendre soudainement certaines choses auxquelles je n'aurais jamais pensées sans vos idées et questions.

Enfin, vous pouvez être certain que jamais je n'ai eu l'impression que vous êtes "malintentionné". S'il fallait parler "ad hominem", je ne peux que vous dire que de toute manière j'apprécie vos contributions à ce forum, et votre "tranquillité d'âme" quand le ton d'une discussion commence à monter. Et comme je viens de le dire, le fait même que vous semblez opter pour une autre position quant à ce que c'est que philosopher est pour moi plutôt une occasion pour essayer d'expliciter la mienne, voire de l'interroger, que d'être une source d'énervement. Ce qui ne signifie pas que je ne m'énerve jamais ... bien sûr que cela m'arrive aussi. Seulement, je suis d'accord avec Spinoza (si je l'ai bien compris) pour essayer "d'expérimenter" l'idée que tout ce qui est énervement relève d'une impuissance plutôt que d'une puissance. Ces moments d'énervement ne contiennent donc aucun "jugement valide" de mon interlocuteur, mais simplement une mécompréhension de ma part accompagnée d'une Tristesse.

Hokousai a écrit :Or je lis le texte , je pars des textes ,je commente les textes de Spinoza , lesquels provoquent certes des questions qui peuvent vous sembler saugrenues( étranges ), il n’empêche que c’est bien en relation avec le texte de Spinoza que je les pose .( mis à par Berkeley et parfois les thomistes je ne mentionne personne d’autre que Spinoza .Disons que les « autres » interviennent peu dans mes messages. Je ne dis pas que JE n ' y interviens pas , mais comment faire autrement .


je crois que contrairement à certains autres ici, je ne vous ai jamais "reproché" de ne pas lire Spinoza (il est évident, pour moi, que vous lisez Spinoza; et souvent quand on reproche à quelqu'un de "ne pas lire" (voire ne pas savoir lire), on ne dit rien d'autre que de ne pas partager l'interprétation de l'autre et de ne pas disposer des moyens argumentatifs convaincants pour défendre la sienne). Puis certains ici n'ont clairement pas lu Spinoza avant de le critiquer, et cela ne me dérange pas vraiment. Enfin, pour l'instant je connais moins Berkeley ou les thomistes, mais cela n'est pas du tout dû à un choix conscient et actif, c'est plutôt le résultat d'un manque de temps et du fait que je ne m'occupe que depuis assez récemment de la philosophie, Spinoza étant le premier grand auteur que j'approfondis un peu. Je suis tout à fait convaincue de l'idée que le thomisme constitue une pensée tout aussi fascinante à étudier que le spinozisme, et j'espère pouvoir me plonger dedans dans les années qui viennent.

Sinon effectivement, il me semble que dans vos messages le "je" interviens assez souvent. Pour l'instant, je crois que c'est dû au fait que vous vous basez souvent sur le "bon sens", qui revient facilement à des idées subjectives, individuelles. Pour faire autrement, il faut justement abandonner, ou du moins mettre en question le bon sens, je crois, au lieu de le prendre comme base de toute vérité. Bref, si je voulais parler de méthode, c'est aussi parce que je n'ai pas du tout le sentiment que vous ne parlez que de votre personne (c'est pourquoi à mes yeux ce n'était pas un argument ad hominem; je ne vous ressens pas du tout comme quelqu'un qui veut s'imposer ici "personnellement"), mais parce que je crois que SI l'on adopte une telle conception de la philosophie, on est bien obligé de se reférer souvent à ses propres opinions (non pas par "trait de caractère" personnel mais comme conséquence logique et inévitable d'une méthode). Pour moi, c'est une méthode fort utilisée en philosophie, depuis que la philosophie analytique existe. C'est avec cette méthode, en général, que j'ai un problème. A mes yeux cela n'a rien à voir avec vous en tant que personne. Les gens qui adoptent cette méthode peuvent être des personnes fort aimables et respectables, l'un (la méthode qu'on privilégie) n'a rien à voir avec l'autre (la personne), ou du moins pas dans ce que je veux critiquer moi-même.

Hokousai a écrit :Pour répondre à votre réponse je vais me citer

Pour Spinoza l’intellect de Dieu embrase l’idée d’une table. Le fait que l’intellect de Dieu embrasse suffit-il à estimer que les tables pensent ? C’est toute la question .


c'est une question difficile en effet. Pour l'instant je dirais que cela ne suffit pas. Il faut déjà avoir établi préalablement que Dieu, ce n'est rien d'autre que la Nature, et que l'intellect de Dieu n'est rien d'autre que toutes les idées qui existent. Mais alors on peut se demander pourquoi il existerait une idée d'une table. Une fois qu'on pose l'existence d'un attribut de la Pensée qui produit des idées de chaque mode étendue, on est obligé de supposer qu'il existe une idée de toute chose, idée qui ne flotte pas quelque part dans le ciel mais qui EST la chose elle-même. Et alors la question devient: pourquoi poserait-on l'existence d'un tel attribut? Je crois que là, il faut retourner à la définition de Dieu: un étant qui contient une infinité d'attributs. Bref, il me semble que pour répondre à cette question, il faut reprendre tout ce qui précède l'E2P13 (et cela plus en détail que ce que je viens de faire, bien sûr).

Hokousai a écrit :Répondre positivement implique que les choses étendues (toutes les choses étendues ) sont aussi (parallèlement ) une expression et une modification de l’attribut pensée et alors des l’infinité des autres attributs .


en effet

Hokousai a écrit :Ce que je conteste ( personnellement )


d'accord, mais ne faut-il pas dès lors contester la définition de Dieu? Autrement dit: ne faut-il pas partir d'AUTRES définitions que celles de Spinoza pour pouvoir contester cela? Si oui, la question est: quelles seraient ces autres définitions, et pourquoi vaudrait-il mieux partir d'elles que de celles de l'Ethique?

Hokousai a écrit :Spinoza n’est pas assez clair sur ce point .

Estimez vous que Spinoza est assez clair sur ce point ?


j'ai l'impression que c'est trop tôt pour moi pour pouvoir répondre à de telles questions. Je suis encore en pleine étude du système spinoziste. Dès lors, quand je ne comprends pas, je suppose que le fait que ce n'est pas clair pour moi n'implique en rien que ce n'était pas clair en soi. Je continue donc à chercher, tout simplement (tout en ne posant pas d'office que tout peut être clarifié).
Bien à vous,
louisa

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bardamu
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Messagepar bardamu » 15 févr. 2008, 18:25

hokousai a écrit :Spinoza ne dit pas que les objets inanimés on une âme mais que tous les individus sont animés à des degrés divers . l’objet de l’idée d’une chose(étendue ) est le corps ( étendue de cette chose ( je suis d’accord )
Ce qui ne veut pas dire que cette chose pense .( je vous rapelle qu'on est toujours sur la question du parllélisme .)

Je vous pose la question des pierres qui pensent (ou pas) parce que Spinoza n’en parle pas . Il ne parle pas d’ individus inanimés et pas vraiment de la pensée des corps en mouvement , ce qui dans votre optique de lecture devrait apparaître et fortement .
(la question de la pensée des coprs inerte est délaissée en revanche la quetsionde la pensée de l'homme elle est considérée )

Mais voyons la réalité des objets Leur réalité l’emporte sur d’autres .(prop13/2)
Un exemple : une planète gravitationnelle comme la terre l’ emporte sur tous les objets tombant sur son sol . Faut-il en conclure que la terre pense beaucoup plus que l’homme qui tombe à terre ?

Je note donc que pour vous une pierre qui change de température pense .
Il va donc me falloir choisir entre mon intelligence et mon thermomètre, à tout le moins ne plus le mépriser en philosophie ...

Bonjour Hokousai,
Une chose en tant qu'affection de la substance s'exprimera dans une infinité d'attributs, même si on ne sait pas lesquels.
Un individu humain, c'est-à-dire une chose limitée à une certaine idée ayant pour objet un certain corps, s'exprimera dans une infinité d'attributs en tant qu'affection de la substance, mais n'en connaîtra que 2 du fait de son impuissance.

Comme je disais plus haut, si vous définissez la pierre comme étant uniquement un rapport de mouvement et de repos, alors il n'y a pas de sens à lui attribuer une pensée.
Idem, si vous définissez l'homme comme étant uniquement un rapport de mouvement et de repos (un chirurgien ou un behaviorisme réductionniste peut très bien refuser de considérer l'homme comme être pensant).

Seulement, une fois qu'on a fait les distinctions d'attribut et dit que l'homme avait accès à 2, on peut expliquer toute chose selon ces distinctions. De même, si un être participe de 3 attributs, il verra l'homme non seulement comme une idée et son objet mais aussi selon un 3e attribut et il sera plus proche de la réalité en le définissant au mieux selon ces 3 attributs.
Soit on refuse qu'il y ait une distinction irréductible entre pensée et corps, et dans ce cas on peut se permettre d'expliquer l'un par l'autre (glande pinéale, propriété émergente, "berkeleyisme"...) soit on l'accepte et on peut s'efforcer d'établir ce que signifie "penser" et être en mouvement pour une pierre ou l'homme.
On peut d'ailleurs se demander pourquoi la pensée d'une pierre serait plus étonnante que le mouvement d'un homme...

Je verrais alors 2 lectures possibles :
- l'idée de la pierre et de ses affections étant adéquates en Dieu, la pierre ne penserait qu'en tant que Dieu a ces idées et pas par elle-même, si on la considère comme complètement soumise à l'ordre commun de la nature
- la pierre, en tant qu'elle est affectée, "percevrait" les choses dans
l'ordre commun de la nature "par où j'entends, toutes les fois qu'elle est déterminée extérieurement par le cours fortuit des choses à apercevoir ceci ou cela, et non pas toutes les fois qu'elle est déterminée intérieurement, c'est-à-dire par l'intuition simultanée de plusieurs choses, à comprendre leurs convenances, leurs différences et leurs oppositions" E2p29 scolie), auquel cas elle est dans une forme de premier genre de connaissance, qu'on pourrait considérer comme le repos de la pensée (pour faire écho au mouvement et au repos des corps).

La seconde option a l'avantage de retrouver l'évolution matérialiste : la complexification des systèmes relationnels (interaction, perception, cognition) opère sans coupure le passage de l'inerte au vivant (au sens biologique) et du vivant à l'homme. L'homme ou l'espèce ne reçoit pas l'esprit à un moment donné, il n'y a pas de point historique ou logique faisant entrer dans la connaissance, c'est d'emblée que toute chose a un rapport à un dynamisme de la pensée.

D'ailleurs, dire que la Terre l'emporterait sur nous parce qu'elle est gravitationnellement plus forte, serait une inversion des degrés de puissance. La chûte libre est plutôt l'état de repos. La puissance d'un être, sa liberté, se mesure à sa capacité à être actif, à établir de plus nombreux rapports, à posséder de plus nombreuses aptitudes (cf E5p39). La Terre est bien passive, bien endormie, au regard de l'énergie qu'elle recèle.
Lorsqu'elle disparaîtra, elle n'aura guère évolué dans ses aptitudes, l'éternité lui aura été étrangère et elle mourra aussi bête qu'elle est née. Certes elle nous écrase gravitationnellement, mais c'est nous qui sortons de l'orbite terrestre, c'est nous qui envoyons des sondes hors du système solaire, petites fourmis nous égalant aux forces de l'Univers.

Du coup, je reboucle sur la question initiale de Nepart : si la béatitude est une forme de repos de l'âme, le meilleur moyen pour la rendre souveraine est de rester léger, éveillé, de ne pas s'endormir sur un lourd plaisir repu.


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