alcore a écrit :MAis là où je ne te suis pas c'est que les attributs sont d'abord définis et déduits comme des substances et ont toute les propriétés des substances: elles sont "en soi", conçues "par soi", existent nécessairement en vertu de leur essence. Donc l'attribut EST en soi, se conçoit PAR soi, EXISTE en vertu de sa propre essence, mais n'est pas absolu, ce pourquoi il n'est qu'attribut. La seule propriété qui lui manque ce n'est pas d'être, c'est l'absoluité de l'être. Il est en soi, mais au sein de l'en soi, il n'est pas absolu.
Sinon on ne comprend pas que les attributs soient définis comme des substances depuis le CT.
pourrais-tu citer un passage où Spinoza définit les attributs comme des substances?
A mon avis il ne le fait pas (à vérifier). Ce qu'il y a, c'est qu'au début, il reprend l'idée traditionnelle qu'une substance n'a qu'un seul attribut. Mais cela ne veut pas dire qu'attribut et substance sont identiques. Ensuite il établit qu'il n'y a qu'une substance d'un même attribut possible (une substance A ayant l'attribut X et une substance B ayant le même attribut X n'est donc pas possible). Ici on obtient un monde où plusieurs substances sont toujours concevables, mais elles se distinguent du fait même d'avoir un autre attribut. Puis il dit que de la définition même de la substance suit qu'il n'y a qu'une seule substance possible. Et l'E1P9 introduit du coup l'idée que plusieurs attributs par substance est également possible. Alors il suffit de tenir compte de la nature absolument infinie de la substance pour conclure à une infinité d'attributs constituant la substance.
Questions:
- si tu dis que dans le CT les attributs sont définis comme des substances, pourrais-tu citer un passage précis qui mentionne cette définition?
- où Spinoza dirait-il que les attributs sont "en soi"?
alcore a écrit :Dans ta lecture, tu fais comme si, une fois intégrés à la substance, les attributs perdaient certaines propriétés de la substance, comme d'être en soi, mais pourquoi ? En apportant leur détermination à la substance absolue, ils ne perdent pas leur inséité, sinon ils s'engloutiraient dans la substance et n'en seraient que...des modes.
non je ne crois pas, le fait d'être en soi n'est pas une propriété de la substance, c'est ce qui définit l'essence de la substance. Or cette essence est absolue. Les attributs, en revanche, n'ont pas une essence absolue, ils n'ont qu'une essence infinie en son genre. Ils ont donc une autre essence que celle de la substance (c'est pourquoi ils peuvent constituer cette essence substantielle).
Cela ne fait pas encore des attributs des modes, car les modes ne se conçoivent pas par soi, alors que c'est bel et bien le cas pour les attributs (autrement dit, les modes sont toujours produits par autre chose qu'eux-mêmes, alors que les attributs ne sont pas produits, ils expriment immédiatement l'essence absolue (mais cela chacun en son genre)).