hokousai a écrit :à Alcore
j’ ai suivi sans désaccord votre explication jusqu à:
mais cette affection (sentie, ressentie, etc.) est toujours déjà perçue par l'entendement de sorte que l'entendement c'est ce qui, dans l'affect, dégage le noyau objectif, le désigne : attribut. L'objet, l'objectif.
Il n'est pas vrai que la perception soit ramenable à l'entendement .Je veux bien accepter l’idée d' aperception ( conscience ) de kant encore que je sois persuadé que nous percevions sans en avoir conscience .Avoir conscience de percevoir ce n’est pas intelliger .
Nous percevons sans intelliger , c’est le niveau de la sensations tel que le distingue de l’intellect les aristotéliciens.
Voici quelques précisions.
DAns le Court traité, Spinoza n'a qu'une conception quantitativiste de la sensation: il n'y voit qu'une variation quantitative survenant au corps et qui modifierait l'âme directement.
DAns l'Ethique, Spinoza identifie le mode aux affections, ce qu'il ne faisait pas jusque là, ce qui lui permet d'introduire un point de vue qualitativiste dans la conception de la sensation: le sentir exige une rupture qualitative au sein du continu des variations, cad finalement une ESSENCE.
L'essence, c'est ce qui, dans le flux des variations, dépend directement de l'attribut et l'exprime. C'est la nouveauté de l'Ethique. Bien sûr l'affection cosnerve son versant quantitatif.
L'affection c'est ce qui permet à la perception de se rapporter à ce qui, dans ce qui est senti, exprime la substance. Bref l'affection ne peut en ce sens, je crois, être ramené à l'entendement, car l'entendement perçoit les attributs grâce aux affections, oui plutôt grâce à ce qui, dans l'affection est qualitatif, essentiel. Mais cet essentiel, c'est quand même l'entendement qui le perçoit comme constituant la substance. Car l'essence, même si elle nous affecte qualitativement, au coeur même des rapports variables des modes, est bien un mode de l'attribut que l'entendement perçoit. Et l'entendement perçoit l'attribut comme mode de production des essences, comme matrice.
Certes la substance, comme j'ai dit, ne se réduit pas à un être intellectuel, puisque ces attributs nous affectent. Elle possède une dimension intellectuelle, mais pas seulement.
Donc, si nous pouvons percevoir quelque chose c'est parce que l'être lui même pose les choses comme a) ensemble de relations extérieures b) une essence, une qualité expressive de l'attribut; l'attribut étant ce qui enveloppe cet aspect qualitatif de l'affection et le raccroche à la substance de sorte que la qualité est elle même dérivée, produite quoiqu'elle ne soit pas un rapport de grandeur.
Il est bien vrai que l'affection est une dimension de l'être et qu'en ce sens tout est sensible et tout perçoit.
Le rapprochement avec Kant ne va pas jusqu'à l'aperception.
Je voulais seulement dire que l'affection, loin d'être un fond opaque, est ce que l'entendement perçoit, parce que justement la qualité affective est intelligible.
DAns le cas contraire, on ne voit pas comment la qualité, si elle est un fond opaque de la chose, pourrait nous conduire à l'attribut. A la limite on devrait alors dire: je suis affecté, donc il y a un en soi, et là c'est plutôt kantien. Ceci dit Kant lui même réinvestit ce fond opaque de l'affect dans la théorie de la raison pratique.
Percevoir exige un fond de passivité plus radicale que la passivité induite par l'action d'une chose sur nous. Il n'y a pas de fond des choses, seulement une passivité originaire.
Seulement cette passivité, qui n'est pas un fond obscur, est également une essence produite par et dans l'attribut. Percevoir est donc aussi en ce sens un acte; l'acte même par lequel notre passivité nous raccroche à l'attribut en lequel s'exprime l'essence de la substance, et c'est cela comprendre. Comprendre c'est à la fois produire librement et subir passivement (la vérité). Pas de contradiction.
Je ne perçois pas librement, en l'air; il y a des lois de la perception; et ces lois s'inscrivent en nous du fait de notre passivité qualitative, de ce que chacun est une affection. La passivité est ce qui permet à l'entendement de percevoir, cad d'agir.
Les 2 sont liés: le noyau de la sensation, c'est l'affection comme irréductible à la quantité; la rupture qualitative introduit une brêche dans la sensation qui rend possible la perception; la perception se déploie ainsi à partir d'une passivité plus fondamentale qui aussi bien permet à l'entendement de percevoir l'attribut dont dérive l'essence (la qualité affective).
Les rapports entre perception et entendement ne sont donc pas aussi simples.