J a écrit :j'ai oublié de conclure...
Dans tous les cas, il n'y a absolument pas d'indétermination de la substance, ce n'est que fantasme: elle est absolument déterminée par sa propre nature, et par sa nature ( existence nécessaire) illimitée (indeterminata), sive infinie.
L'existence nécessaire, non seulement des attributs, qui sont indéterminés, cad infinis dans leur genre, mais de la substance absolument parfaite, cad absolument indéterminée, est une conséquence de l'indétermination, cad de l'absence de limitation.
Nous ne connaissons pas d'autre usage du mot détermination chez Spinoza autre que comme équivalent de "limitation".
Si Dieu existe ce n'est pas parce qu'il est infini( certains modes et les attributs le sont également), ni parce que son son existence est nécessaire (les attributs ont eux aussi une existence nécessaire), mais parce qu'il est le seul dont l'existence nécessaire et infinie soit absolue, cad absolument indéterminée.
Ce qui signifie que non seulement Dieu n'est pas l'effet de causes extérieures: ce qui était déjà le cas des attributs. Les attributs ne sont pas des effets de la substance, ni des émanations, mais des consituants internes. La "limite" de leur infinité ne vient donc pas d'une cause extérieure; c'est d'ailleurs pour cela qu'on ne peut pas les compter et que leur infinité n'est pas numérique.
L'indétermination de Dieu a donc un autre sens.
Elle signifie que l'infini ne définit pas proprement Dieu et qu'il faut préciser la façon dont Dieu est infini, sans quoi on pourrait se contenter de plusieurs substances infinies chacune en leur genre.
D'où la critique de la preuve cartésienne, qui, s'appuyant uniquement sur la perfection contenue dans l'idée d'infini présente dans un sujet pensant ne peut conclure qu'à l'existence d'un sujet pensant infini. Conclusion qui, aux yeux de SPinoza, annule la portée de la preuve. Descartes ne fait rien d'autre que démontrer que la PEnsée est infinie, mais nullement qu'il existe un Etre qui, en plus d'être Pensée, EXISTE également hors de la pensée, à savoir Dieu.
Dans les lettres que j'ai citées, l'argumentation de Spinoza qui se retrouve textuellement dans l'Ethique dans les premières propositions, conduit précisément à dépasser le point de vue cartésien.
Ce qui permet ce dépassement c'est l'idée de Dieu comme perfection absolue en tout genre, perfection qui inclut donc nécessaire une multiplicité infinie d'attributs y compris l'Etendue, sans quoi il ne saurait être dit exister.
L'argumentation spinoziste lie de façon indissoluble la démonstration de l'existence de Dieu et celle de l'inifinie multiplicité des attributs qu'il faut lui attribuer en raison de son absolue indétermination.
Supprimer cette condition (l'absolue indétermination) c'est se rendre inintelligible tout le parcours qu conduit jusqu'à Eth11.
Bien entendu, cette absolue indétermination, négation de toute finitude ne signifie absolument pas que Dieu est un mot vague.
Elle signifie au contraire que Dieu est le seul concretum, que son indétermination n'est le fait d'aucune négation extérieure, ni d'une quelconque addition de réalités supposées exister en dehors de lui.
En Dieu et de Dieu toutes les réalités sont affirmées, une fois ôtées la limitation inhérente à leur genre, limitation qui n'existe que du point de vue de notre perception d'entendement fini.