Simplicité de la substance et multiplicité du monde

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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Cette partie du forum traite d''ontologie c'est-à-dire des questions fondamentales sur la nature de l'être ou tout ce qui existe. Si votre question ou remarque porte sur un autre sujet merci de poster dans le bon forum. Merci aussi de traiter une question à la fois et d'éviter les digressions.
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Messagepar alcore » 26 mai 2009, 14:11

Durtal a écrit :


Et il n'y a pas plus de "couleur incolore" que de "cercle carré" ou de "substance indéterminée."'

D.


spinoza, let 36:

"si nous posons qu'un être, indéterminé et parfait exclusivement dans son genre, existe par sa suffisance, alors il faut aussi accorder l'existence à un être ABSOLUMENT INDETERMINE et parfait; C EST CET ETRE QUE J APPELLE DIEU."

je ne vois rien de plus clair.
les attributs sont indéterminés mais seulement dans un genre, tout comme les nombres rationnels par ex sont infinis, mais ne constituent qu'une espèce de nombres, et que d'autres espèces existent en dehors d'eux.

Spinoza: si déjà les attributs existent par eux memes et sont indéterminés (infinis) a fortiori une substance complètement indéterminée ne peut qu'exister.

Rien n'est plus clair qu'une substance indéterminée.

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Messagepar alcore » 26 mai 2009, 14:33

autre référence: let 35

"montrons d'abord quelles propriétés doit avoir un être qui implique l'existnce nécessaire; il faut évidemment dire que:
3. cet être ne peut être conçu comme déterminé,mais seulement comme infini. Si, en effet, la nature de cet être déterminée, et si on la concevait aussi comme telle, il faudrait en dehors de ces déterminations LIMITANTES, concevoir cet être comme n'existant pas: ce qui contredit également sa définition"

Le cercle carré c'est donc de penser une substance déterminée.

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Messagepar Durtal » 26 mai 2009, 14:53

Alcore,

ce mode d'expression n'a AUCUNE occurrence dans l'Ethique et tout ce que Spinoza veut dire par "indéterminé" dans les passages que vous citez c'est INFINI.

Et je crois vous l'avoir déjà dit: si ce que vous appelez indéterminé c'est l'infinité de Dieu je n'y vois pour ma part aucun problème. Seulement vous essayez manifestement de tirer ceci dans une direction qui à mon avis pose problème et dont nous discuterons. Mais croyez moi je suis sur ce forum depuis suffisamment longtemps maintenant pour savoir que les "batailles de citations" ne donnent jamais rien de bon.


D.

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Messagepar alcore » 26 mai 2009, 15:06

Durtal

Oui, infini signifie indéterminé.
Le tout est de savoir comment comprendre cette indétermination.
J'ai proposé un modèle mathématique.

S'il s'agit de faire passer ses convictions pour celles de Spinoza, les citations sont en effet inutiles, sinon elles sont absolument indispensables.
Si elles sont inutiles sur ce forum, c'est peut être parce que chacun tient à ses préjugés plus qu'à la vérité. Cela, j'en suis déjà parfaitement assuré, et même ailleurs que dans ce forum !

Une substance est indéterminée par essence. Voilà ce que dit Spinoza. La contradiction est dans les mots: substance déterminée.
Même les attributs sont parfaitement indéterminés, mais seulement en leur genre. Voilà ce que dit Spinoza.

Si, maintenant, vous tenez absolument à ce qu'une substance soit déterminée, je n 'y vois aucun problème, mais ne parlons plus de Spinoza.

Le tout est de savoir s'il s'agit, dans ce forum, d'exposer ses propres conceptions ou celles de Spinoza.
Une fois ce point établi, les choses sont claires.

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Messagepar alcore » 26 mai 2009, 15:10

Durtal a écrit :Alcore,

ce mode d'expression n'a AUCUNE occurrence dans l'Ethique et tout ce que Spinoza veut dire par "indéterminé" dans les passages que vous citez c'est INFINI.

D.


Cet argument pris à la lettre, cher Durtal, signifie l'exlusion du court traité, du TRE, du TP, du TTP, de toutes les lettres, y compris celles sur l'infini, sur le mal, etc. à l'exception de l'Ethique ?

Ce sacrifice en vaut-il la chandelle ?

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Messagepar J » 26 mai 2009, 19:08

l'indétermination de la substance, omniprésente, sauf dans l'éthique, ne signifierait-elle pas simplement l'absence de détermination de dieu par autre chose que lui-même (substance causa sui) et rien d'autre Parce que en effet, si dit agit par la nécessité de sa nature, il s'auto-détermine nécessairement.

I, déf VII: "est dite libre la chose qui agit par la seule nécessité de sa nature, et est déterminée (determinatur) par soi seule à agir: et nécessaire ou plutôt contrainte, celle qu'autre chose détermine à exister et à opérer de façon précise et déterminée.

Le lettres sont toujours des réponses, et en cela, spinoza veille toujours à s'adapter à son interlocuteur, ses concepts, ses croyances, etc... L'insistance sur l'indétermination ou libre nécessité, permettrait d'insister la nécessité externe de tout mode.

En effet, la lettre XXXV est une réponse à Hudde qui demande comment Spinoza justifie l'unité de Dieu (cf lettre XXXIV). Dans la lettre 35, Spinoza reprend cette interrogation de hudde: "il s'agit de savoir s'il n'y a qu'un seul être qui subsiste par sa propre force et se suffit à lui-même"
Ce que Spinoza dit démontrer par le fait que sa nature enveloppe l'existence nécessaire, en développant quatre point.
Le troisième est celui de la détermination (determinatum) qui, comme le suggère apphun, exprime plus la limite en latin que la détermination (cf Gaffiot). S'il y avait plusieurs dieux, ils leur faudrait être limités les uns par les autres; Et dieu n'existerait pas en dehors de ces limites; or dieu existe nécessairement donc dieu ne peut "etre concu comme limité (determinatur), mais infini (infinitum)". Il n'est donc pas positivement question d'indétermination de la substance mais de sa nécessaire infinité.
Rien n'est plus clair qu'une substance indeterminée, en effet, pourvu que l'on convienne sur le sens de l'indetermination.
J'ai l'impression que vous y mettez plus quelque chose comme "le fait de ne pas etre défini avec précision" (Robert) que la seule illimitation du latin.

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Messagepar J » 26 mai 2009, 19:16

j'ai oublié de conclure...
Dans tous les cas, il n'y a absolument pas d'indétermination de la substance, ce n'est que fantasme: elle est absolument déterminée par sa propre nature, et par sa nature ( existence nécessaire) illimitée (indeterminata), sive infinie.

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Messagepar Durtal » 26 mai 2009, 19:33

alcore a écrit :Durtal

Oui, infini signifie indéterminé.
Le tout est de savoir comment comprendre cette indétermination.
J'ai proposé un modèle mathématique.

S'il s'agit de faire passer ses convictions pour celles de Spinoza, les citations sont en effet inutiles, sinon elles sont absolument indispensables.
Si elles sont inutiles sur ce forum, c'est peut être parce que chacun tient à ses préjugés plus qu'à la vérité. Cela, j'en suis déjà parfaitement assuré, et même ailleurs que dans ce forum !

Une substance est indéterminée par essence. Voilà ce que dit Spinoza. La contradiction est dans les mots: substance déterminée.
Même les attributs sont parfaitement indéterminés, mais seulement en leur genre. Voilà ce que dit Spinoza.

Si, maintenant, vous tenez absolument à ce qu'une substance soit déterminée, je n 'y vois aucun problème, mais ne parlons plus de Spinoza.

Le tout est de savoir s'il s'agit, dans ce forum, d'exposer ses propres conceptions ou celles de Spinoza.
Une fois ce point établi, les choses sont claires.



Je pense que je vais arrêter là voyez-vous....


ciao.

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Messagepar alcore » 26 mai 2009, 20:11

J a écrit :j'ai oublié de conclure...
Dans tous les cas, il n'y a absolument pas d'indétermination de la substance, ce n'est que fantasme: elle est absolument déterminée par sa propre nature, et par sa nature ( existence nécessaire) illimitée (indeterminata), sive infinie.


L'existence nécessaire, non seulement des attributs, qui sont indéterminés, cad infinis dans leur genre, mais de la substance absolument parfaite, cad absolument indéterminée, est une conséquence de l'indétermination, cad de l'absence de limitation.

Nous ne connaissons pas d'autre usage du mot détermination chez Spinoza autre que comme équivalent de "limitation".

Si Dieu existe ce n'est pas parce qu'il est infini( certains modes et les attributs le sont également), ni parce que son son existence est nécessaire (les attributs ont eux aussi une existence nécessaire), mais parce qu'il est le seul dont l'existence nécessaire et infinie soit absolue, cad absolument indéterminée.

Ce qui signifie que non seulement Dieu n'est pas l'effet de causes extérieures: ce qui était déjà le cas des attributs. Les attributs ne sont pas des effets de la substance, ni des émanations, mais des consituants internes. La "limite" de leur infinité ne vient donc pas d'une cause extérieure; c'est d'ailleurs pour cela qu'on ne peut pas les compter et que leur infinité n'est pas numérique.

L'indétermination de Dieu a donc un autre sens.
Elle signifie que l'infini ne définit pas proprement Dieu et qu'il faut préciser la façon dont Dieu est infini, sans quoi on pourrait se contenter de plusieurs substances infinies chacune en leur genre.
D'où la critique de la preuve cartésienne, qui, s'appuyant uniquement sur la perfection contenue dans l'idée d'infini présente dans un sujet pensant ne peut conclure qu'à l'existence d'un sujet pensant infini. Conclusion qui, aux yeux de SPinoza, annule la portée de la preuve. Descartes ne fait rien d'autre que démontrer que la PEnsée est infinie, mais nullement qu'il existe un Etre qui, en plus d'être Pensée, EXISTE également hors de la pensée, à savoir Dieu.

Dans les lettres que j'ai citées, l'argumentation de Spinoza qui se retrouve textuellement dans l'Ethique dans les premières propositions, conduit précisément à dépasser le point de vue cartésien.
Ce qui permet ce dépassement c'est l'idée de Dieu comme perfection absolue en tout genre, perfection qui inclut donc nécessaire une multiplicité infinie d'attributs y compris l'Etendue, sans quoi il ne saurait être dit exister.
L'argumentation spinoziste lie de façon indissoluble la démonstration de l'existence de Dieu et celle de l'inifinie multiplicité des attributs qu'il faut lui attribuer en raison de son absolue indétermination.
Supprimer cette condition (l'absolue indétermination) c'est se rendre inintelligible tout le parcours qu conduit jusqu'à Eth11.

Bien entendu, cette absolue indétermination, négation de toute finitude ne signifie absolument pas que Dieu est un mot vague.

Elle signifie au contraire que Dieu est le seul concretum, que son indétermination n'est le fait d'aucune négation extérieure, ni d'une quelconque addition de réalités supposées exister en dehors de lui.
En Dieu et de Dieu toutes les réalités sont affirmées, une fois ôtées la limitation inhérente à leur genre, limitation qui n'existe que du point de vue de notre perception d'entendement fini.

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Messagepar alcore » 26 mai 2009, 20:23

Durtal a écrit :[

Je pense que je vais arrêter là voyez-vous....

ciao.


Tout bon raisonnement offense

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