
Katsushika Hokusai (1760-1849). Gravure sur bois, « La grande vague », estampe de la série Trente-six vues du mont Fuji (1831).
DG a écrit :Il me semble que vous usez du terme en deux sens différents en même temps, celui de Spinoza et le vôtre (sens commun).
Louisa a écrit :Or Spinoza, comme tout philosophe, est un "onomaturge", comme le disait Platon, c'est-à-dire il redéfinit certains mots et en invente d'autres. Pourquoi faire cela... ?
Pas juste pour le plaisir de se fabriquer sa propre langue bien sûr, je crois que cela n'existe que chez ceux qui viennent après ce philosophe et qui vont faire de ses écrits un moyen pour obtenir davantage de prestige social etc. Un grand philosophe (tout grand philosophe) redéfinit certains mots parce qu'il pense que les utiliser dans le nouveau sens qu'il leur donne va nous être plus utile, nous "animaux sensibles aux idées" et donc aux mots, comme le disait aussi Platon, que de continuer de les utiliser dans leur sens habituel, du moins dans certains contextes.
Hokousai a écrit :Chez Spinoza, la tristesse est un acte en lequel se trouve diminuée ou contrariée notre puissance d'agir .
L'esprit imagine son impuissance quand l'esprit s' efforce d'imaginer quelque chose qui pose sa puissance d'agir et que son effort est contrarié , alors il est triste .
Hokousai (à Louisa) a écrit :Vous gagneriez a étayer vos point de vue spinozistes de quelques analyses fines à partir des textes, ce qui nous extrairait peut être d'un œcuménisme dont je ne conteste pas les bonnes intentions mais le goût .
Hokousai a écrit :Je supprime tous les messages du fil sauf celui répondant dans les termes du spinozisme à des propos de Korto .
captain-troy a écrit :Un peu l'impression, en effet, de gens qui continueraient à débattre d'un point de traduction dans le grand salon d'un Titanic à demi submergé que même les derniers musiciens ont aussi déserté. Quelque chose entre le panache et la folie... de quand même assez terrifiant.
L'homme ou l'animal effrayé n'est pas triste.
L'homme ou l'animal haineux n'est pas plus triste.
L'être réellement triste n'est ni haineux ni terrorisé.
Ou alors les mots n'ont plus aucun sens...
Mais la proximité inattendue d'une énorme forme de poisson, mal identifié et potentiellement dangereux, dans le tombant d'un récif corallien lors d'une plongée de loisir dans mon cher lagon tropical, provoquent une irrépressible réaction de peur mais ne provoque jamais la moindre tristesse en moi !
Un prudent écart, une prudente immobilisation, un prudente remontée au bateau, une prudente préparation du fusil sous-marin s'ensuivent, au choix, mais aucune lamentation ne s'échappe de mon tuba, aucune larme ne s'écoule de mes yeux dans mon masque et je ne me sens en rien triste ! Apeuré certes, mais pas triste.
.Louisa a écrit :Bref, à mon sens comprendre en quoi toute et n'importe quelle chose peut avoir quelque chose de bon est tout à fait crucial, d'un point de vue spinoziste, non seulement pour pouvoir avoir des idées adéquates du troisième genre mais surtout aussi pour pouvoir briser le cercle vicieux de la Haine
DGsu a écrit :louisa a écrit :
Sinon en ce qui concerne les idées qu'on n'aime pas: ne faudrait-il pas dire que là c'est beaucoup plus facile, puisqu'il ne s'agit que de vraiment comprendre l'idée pour ne plus la haïr, et comprendre une idée demande beaucoup moins de puissance de penser que de comprendre l'inadéquation et donc l'aspect purement imaginaire de notre Haine pour une personne. Inversement, ne plus haïr une idée veut simplement dire ne plus sentir sa puissance diminuer en y pensant. Mais cela n'oblige en rien à croire en la vérité de cette idée, car il se peut que l'idée en question est tout à fait inadéquate.
Absolument! Mais n'est-ce pas sans compter avec la possibilité que ces idées se répandent et en séduisent d'autres que moi, avec les conséquences que l'on peut imaginer ? Car une idée n'est pas seulement suspendue dans l'attente que je la comprenne pour faire en sorte qu'elle ne diminue pas ma puissance, elle voyage. Serais-je alors confronté à l'infini travail de devoir répandre la raison ? Après tout, si Spinoza s'est caché ou si d'autres se taisent, c'est pour éviter certains désagréments liés aux idées de leurs contemporains.
DGsu a écrit :louisa a écrit :
en fait, je pense que le seul cas extrême, c'est celui où l'on risque de mourir.
Je ne suis malgré tout pas certain, sans pouvoir ici invoquer Spinoza, qu'il n'existe pas d'autres cas moins graves où, même sans être exposé à la mort, les conséquences s'avèrent aussi pénibles et durables. D'autant plus si la recherche du bon qu'il y a en l'autre nous expose régulièrement à le subir. Ce sont après tout des situations que nous vivons régulièrement. (Je ne parle évidemment pas de ce forum où, nous sommes d'accord là-dessus depuis le début, si la haine existe, ses conséquences sont minimes.)
Enegoid a écrit :Je réponds : « cher ami Korto, pas du tout, il n’est écrit nulle part que j’ai quelque chose de mieux à faire que de jouer au tric trac.
Enegoid a écrit :Quand un emmerd… prend la place de parking devant moi alors que je tourne depuis une heure, il y a deux options :
1. Je me mets en colère
2. Je suis triste d’être privé de la place.
Sont-elles exclusives ?
Je suis d’accord avec vous pour dire que la tristesse n’est pas dans ce cas un phénomène observable. Faut-il en déduire qu’elle n’existe pas ? Je doute, personnellement.
Durtal a écrit :En gros, c'est un problème de définition....( tes histoires de tristesse et de colère ou de haine....) donc toi aussi tu enc....les mouches....
D.
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