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COURT TRAITÉ
PARTIE II
CHAPITRE XVIII
DE L’UTILITÉ DE LA DOCTRINE PRÉCÉDENTE.
(1) Nous voyons
maintenant que l'homme, en tant qu’il fait partie de la nature, dont il
dépend et par laquelle il est régi, ne peut rien par lui-même
pour son salut et pour son bonheur. Il nous reste à apprendre de
quelle utilité peuvent être pour nous les affirmations précédentes,
et cela est d'autant plus nécessaire que nous savons bien qu'elles
déplairont à un grand nombre de personnes.
(2) 1° Il suit de là que nous
sommes en vérité les serviteurs et les esclaves de Dieu,
et que c'est le plus grand bien pour nous qu'il en soit nécessairement
ainsi. Car, si nous n'étions dépendants que de nous-mêmes
et non le Dieu, il y aurait bien peu de chose, ou même rien, que
nous serions capables de bien faire, et nous nous tromperions sans cesse
nous-mêmes, à l'inverse de ce que nous voyons maintenant
: en effet dépendant de l'être le plus parfait, et étant
partie du Tout, c'est-à-dire de lui-même, nous contribuons
pour notre part à l'accomplissement de tant d’œuvres admirablement
ordonnées et parfaites qui dépendent de lui.
(3) 2° En second lieu, cette doctrine
fera qu'après l'accomplissement d'une bonne action, nous n'en tirerons
pas avantage avec présomption (laquelle présomption est
cause que, nous croyant quelque chose de grand comme si nous n'avions
plus besoin de faire de progrès, nous restons au point où
nous sommes : ce qui est entièrement contraire à l'idée
de notre perfection, qui consiste en ce que nous devons sans cesse nous
efforcer de faire de nouveaux progrès) ; mais au contraire nous
attribuons à Dieu toutes nos actions, comme à la première
et seule cause de tout ce que nous faisons et de tout ce que nous produisons.
(4) 3° Cette connaissance, en produisant
en nous le véritable amour du prochain, fait que nous n'avons jamais
pour lui ni haine ni colère, et que nous désirons au contraire
le secourir et améliorer sa condition : ce qui est le propre des
hommes qui ont atteint une haute perfection ou essence.
(5) 4° Elle est encore utile au bien
public ; car, grâce à elle, aucun juge ne favorisera une
partie aux dépens de l'autre, et, contraint de punir l'un et de
récompenser l'autre, il le fera avec l'intention de secourir et
de favoriser le premier autant que le second.
(6) 5° Elle nous délivre de la
tristesse, du désespoir, de l’envie, de la terreur, de toutes les
mauvaises passions, qui, comme nous le dirons, ne sont toutes que géhenne.
(7) 6° Elle nous conduit à ne
pas craindre Dieu, comme d'autres craignent le diable qu’ils ont inventé
dans leur imagination. Car comment craindrions-nous Dieu, qui est le bien
suprême et par lequel toutes choses qui ont une essence sont ce
qu’elles sont, et par lequel nous sommes nous-mêmes, nous qui vivons
en lui.
(8) 7° Elle nous conduit à tout
attribuer à Dieu et à aimer lui seul, parce qu’il est ce
qu’il y a de plus excellent et de plus parfait, et ainsi de nous immoler
entièrement à lui. Car c'est en cela que consiste essentiellement
le vrai culte de Dieu, aussi bien que notre salut éternel et notre
béatitude, l'unique perfection et le but suprême d'un esclave
et d'un instrument étant d'accomplir la fonction qui leur est assignée.
Par exemple, lorsqu’un artisan, dans la fabrication d'une pièce
d'ouvrage, se sert d'une hache qui fait bien son service, cette hache
a atteint à sa fin et à sa perfection. Si cependant cet
artisan se disait : " Cette hache m'a bien servi ; je vais
la laisser reposer, et je ne m'en servirai plus pour aucun usage, " cette
hache serait détournée de son but et ne serait plus même
une hache.
(9) Ainsi l'homme, en tant qu’il est
une partie de la nature, doit suivre les lois de la nature, et c'est là
le culte de Dieu ; et, aussi longtemps qu'il fait cela, il est heureux.
Et même si Dieu, par impossible, voulait que les hommes ne le servissent
plus, ce serait comme s'il voulait leur ravir leur salut et les détruire,
car tout ce qu’ils sont consiste uniquement à servir Dieu.
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