Le sentiment même de soi II

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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bardamu
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Messagepar bardamu » 11 nov. 2008, 20:16

sescho a écrit :(...)
La sagesse commune peu de chose ? Elle, infiniment précieuse et pourtant rarissime ? Ce n'est pas du tout mon point de vue (ni du tout celui de Spinoza à mon point de vue.) J'ajoute que l'essence de genre Homme est quand-même pour moi de toute évidence l'essentiel de chaque homme (et je préfèrerait sans la moindre hésitation infiniment être un homme sage identique aux plus grands sages historiques, qu'un cheval – malgré sa majesté – dans toute sa particularité...)

Bonjour Serge,
je crois avoir trouvé comment dire en moins de mots ce que je veux dire :
chacun, en tant que mode particulier, vit dans son temps et dans son lieu, dans sa relation propre aux autres modes particuliers, et c'est chacun qui dans sa vie même est "instrument" de production de ce que la Nature produit en elle-même notamment l'entendement infini.

On ne peut pas aujourd'hui concevoir les corps sans prendre en compte les 3 siècles de physique qui nous séparent de Spinoza, on ne peut pas faire de la politique en oubliant la Révolution Française, la Terreur, le colonialisme, le nazisme ou encore le féminisme, l'islamisme (au sens neutre de "référence à l'Islam") etc.
L'entendement infini, il se construit aussi aujourd'hui par la compréhension aujourd'hui de ce qu'hier Spinoza ne pouvait connaître.
Là, c'est pour le commun.

Pour le singulier, on ne peut pas, pour moi, prétendre à la sagesse quand on ne sait pas voir Pierre ou Paul comme une personne et plutôt qu'un cas particulier d'Homme en général, quand on ne voit pas que l'essentiel chez lui est ce qui fait son caractère unique sans référence nécessaire à une certaine idée de l'Homme. Si le biologiste ou le médecin peuvent s'intéresser à quelqu'un comme à un homo sapiens parmi d'autre parce que leur pratique est basée sur le commun, la relation éthique exige pour moi une attention particulière au singulier. Au nom de "bons principes", on peut facilement se voir investi de la mission de changer l'autre pour le faire aller vers sa propre idée de l'"Homme accompli" ("Al-insan al-Kamil" dans l'Islam, idée qui n'est sans doute pas tout à fait celle de Spinoza).

Le "colonialisme" des idées, la tendance à vouloir que l'autre soit comme soi, est pour moi un affect à manier avec prudence. La sagesse est dans l'identification de ce qui convient à l'autre et dans la promotion chez lui de ce qui lui convient même si ça ne nous correspond pas vraiment (et bien sûr à condition que cela ne nous soit pas nuisible).
On ne force pas les gauchers à écrire de la main droite, on n'oblige pas un Spinoza à faire des salamalecs à la synagogue "pour son bien", on n'essaie pas de faire abandonner à un Korto son inoffensif "point Omega" si il est nécessaire à son plaisir.

Les sages se retrouveront sur nombre de points, par exemple sur tout ce qui fait qu'on peut s'accorder sur une certaine humanité, et je pense qu'ils s'accorderont sur le point que cette humanité implique le respect de la différence, je dirais même le respect maximal de la différence, c'est-à-dire celui qui ne nuit pas à l'accord tout en permettant l'expression maximale de la diversité de la Nature, l'expression maximale de réalités.
C'est tout le combat du Traité Théologico-Politique, fonder la liberté de penser et dire.
sescho a écrit :Sur la connaissance du troisième genre, je ne voudrais pas qu’on balaye d’un mot ce qui pour moi a été prouvé et sur-prouvé par une grande quantité d’extraits, un travail significatif et de nombreux débats sur ce forum : elle porte sur les mêmes « choses » que le deuxième genre, mais vues instantanément, intuitivement, dans le monde réel (autrement dit, assez indifféremment dans toutes les circonstances réelles.) C’est tout-à-fait explicite chez Spinoza, l’exemple (triple) de la proportion étant déjà parfaitement clair par lui-même. Les extraits sont rassemblés ici.
(...)
il s’agit de voir d’abord Dieu comme ayant une infinité d’attributs, puis par exemple l’Etendue sans forme, puis le Mouvement, puis la chose singulière, le corps, comme effet du Mouvement dans l’Etendue. Il faut voir dans cet ordre et sans rien oublier, le tout dans un seul mouvement.

Nous n'avons jamais été vraiment d'accord sur ce qu'impliquait le passage au 3e genre de connaissance par rapport à l'appréhension du singulier. Connaître différemment, n'est pas pour moi connaître les "mêmes choses".
Le 3e genre annule notamment le processus successif d'exposition, celui qui va des attributs à Dieu ou des attributs aux modes.

Celui qui fait un calcul en vertu de la Démonstration de la Proposition 19 du 7e livre d'Euclide, c'est-à-dire en vertu d'une propriété générale des proportions, ne voit certainement pas la même chose que celui qui voit instantanément le rapport entre 2 nombres. Le premier est concentré sur une propriété générale et s'efforce de l'appliquer, l'autre est concentré sur la réalité concrète des 2 nombres et voit leur rapport sans avoir besoin d'Euclide.
C'est là que je vois la différence éthique : être concentré sur des propriétés générales et en chercher des cas particuliers, ou être concentré sur la réalité concrète et y voir des propriétés générales mais aussi singulières (4/2 n'est pas 8/4 même si les deux rapports donnent 2).

Au cas où ça n'aurait pas été clair : il ne s'agit pas pour moi de dire qu'il faut partir du singulier pour fonder Dieu, il s'agit pour moi de dire que c'est en un seul concept, d'un seul coup, que l'Un et le Multiple sont Dieu, que la Communauté et la Singularité sont Dieu, unique multiplicité ou communauté de singularités.

Négliger la généralité au profit de la singularité, ce serait négliger l'accord des choses, mais négliger la singularité au profit de la généralité ce serait négliger la vitalité, la dynamique interne de la Nature.
Tout cela forme un seul objet-concept où chaque composante à son importance.

Par exemple, dans le souci du détail, je remarque que dans la sélection (ta sélection ?) de citations auxquelles tu renvoies, il manque E5p29 et son scolie, ainsi que E5p30.
C'est pourtant important : Notre âme, en tant qu'elle connaît son corps et soi-même sous le caractère de l'éternité, possède nécessairement la connaissance de Dieu, et sait qu'elle est en Dieu et est conçue par Dieu.

La connaissance de soi-même sub specie aeternitatis va conditionner le 3e genre de connaissance.
sescho a écrit :(...)
Ceci n’est pas un exemple (ce n’est qu’une homonymie) au sens d’une illustration parmi d’autre, mais un exemple au sens d’un idéal-guide, qui entre dans la nature de tout homme et représente l’idéal de perfection de tout homme. Je pense que le contexte du texte le montre clairement.

A mon sens, il faut distinguer entre l'"être-raisonnable" qui est le véritable objet de la béatitude, indépendamment de son caractère humain, et le modèle humain proposé qui s'appuie sur une étude anthropologique sujette à variation. Les affects divergeant avec les essences, ce ne sont pas forcément les mêmes voies "affectives", les mêmes expériences, qui conduiront l'un ou l'autre vers l'"être-raisonnable" ou même qui les conduiront à un accord sur l'"être-raisonnable" pour tel ou tel homme.
Les définitions que Spinoza donne des affects, la manière dont il mène son étude anthropologique, traduisent sa propre sensibilité et on peut sans grande conséquence en diverger.

Pour l'exemple, dans l'appendice de E4, j'aurais des réserves sur la valeur de rationalité universelle des chap. XX (mariage) et XXVI (rapport aux autres êtres qu'humains). Un citadin célibataire comme Spinoza n'est pas forcément du meilleur conseil pour les rapports conjugaux ou ceux avec le monde animal et végétal.
sescho a écrit :(...) Et ce n’est pas « la sagesse de Spinoza », c’est la Sagesse, déduite de la considération de la nature humaine prise dans toute sa généralité.

Crois-tu alors que le mariage n'est raisonnable que si il est "accompagné du désir d'avoir des enfants" (E4 appendice chap. XX) ? Un couple ne peut se former raisonnablement sans ce désir ?
sescho a écrit :Pas de raccourci autorisé ! ;-)

Je ne reviens pas là-dessus. Tu mets des prescriptions de priorité que j'élimine par ma science intuitive ;) .
sescho a écrit :Non le commun est l’essentiel de l’essence. Le reste, c’est le détail.

Alors pourquoi Spinoza précise que les notions communes sont insuffisante pour la détermination d'essences singulières ?
Ou alors, par "essentiel de l'essence", tu veux dire la "majeure partie", une partie mineure servant à singulariser. Auquel cas, je dirais que c'est la partie mineure l'essentiel puisque c'est ce qui détermine l'essence singulière.
Une notion commune pourrait être : l'essence est dans les détails.
sescho a écrit :Certes, mais ce que tout le monde voit c’est la singularité.

Je dirais plutôt que tout le monde voit des images, des opinions communes et des idées vagues, qu'avec un peu de sciences certains voient des vérités communes, et qu'avec de la science intuitive on voit l'essentiel d'une chose, sa singularité dans la communauté.
sescho a écrit : c’est la Sagesse accessible à l’Homme, à tout homme, qu’il nous décrit en prenant la nature humaine dans toute sa généralité. Et s’il y a un alpha et un omega, c’est de relier toute chose – quelle qu’elle soit en détail , peu importe finalement comme déjà dit : la variété est comme une cerise sur le gâteau, accessible de façon confuse – à Dieu et au Mouvement. La rareté est tentante c’est sûr ; mais Spinoza dit bien partout que le Bien qu’il décrit est commun et potentiellement accessible à tous.
(...) rapporter, en conscience vive, tout quel qu’il soit, y compris soi-même, comme simple manifestation, temporaire en tant qu’étant en acte, de l’éternel Dieu en mouvement, voilà tout (mais c’est ce qui est rarissime comme fait.) C’est cela la claire intelligence des choses.

La Sagesse négligeant ce retour aux êtres particuliers qu'invoque la partie 5 de l'Ethique, c'est pour moi une demi-sagesse, une sagesse "platonique" dont on saura parler en général mais dont rien ne garantit qu'on en verra la réalité dans le comportement d'un être particulier. Certes Spinoza parle en général et on pourrait se dire que la Sagesse se suffit de 200 pages de texte, mais tu connais la morale de l'histoire : "comment se pourrait-il faire, si le salut était si près de nous, s'il pouvait être atteint sans un grand labeur, qu'il fût ainsi négligé de tout le monde ? Mais tout ce qui est beau est aussi difficile que rare."

Pourquoi est-ce si rare ? Peut-être pour des questions sur la manière de prendre conscience de soi-même, de Dieu et des choses. Peut-être que se considérer comme une "simple manifestation, temporaire" conduit à se renvoyer soi-même à un être "agité en mille sens divers par les causes extérieures" empêchant de se voir sub specie aeternitatis, en tant qu'essence éternelle.

Je ne doute pas que se préoccuper principalement de ce qui est communément vu comme éternel soit apaisant, mais je doute que ce soit le stade ultime de ce que propose Spinoza. La perception de soi-même et de chacun comme directement intégré à la production éternelle donne une stimulation vitale, joyeuse, la satisfaction de voir dans les différences la dynamique de la production immanente. On est tranquille non seulement dans l'idée de lois éternelles communes, dans la régularité, mais aussi face à l'expression de lois éternelles singulières, dans la catastrophe ou les surprises de la liberté de pensée.

A mon sens, il y a au moins 2 manières de voir cette béatitude promise : soit comme une unique Lune que tout un chacun pourrait contempler éclairé par l'entendement divin (version "platonicienne" ?) soit comme des sommets à atteindre par chacun sur sa voie propre, la Terre étant l'entendement divin constitué de ces montagnes (version "nietzschéenne" ?).
Pour ma part, je suis sur la 2e option, je ne suis pas très confiant quand on me promet la Lune et je préfère la considérer comme une de ces choses que tout le monde voit mais que personne n'habite, ne vit.

P.S. : au cas où tu ferais une réponse, désolé si je n'y réponds pas mais j'ai d'autres obligations pour les semaines à venir. Et puis je risque de me répéter sans nécessité.

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hokousai
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Messagepar hokousai » 11 nov. 2008, 20:59

« Connaître différemment, n'est pas pour moi connaître les "mêmes choses"
.

Vous m’enleveriez les mots de la bouche .Cette proposition est cependant lourde de conséquences en philosophie.

Sinon j’ ai bien apprécié .

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Louisa
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Messagepar Louisa » 11 nov. 2008, 21:01

Bardamu a écrit :
Louisa a écrit :
(...)
Mais je ne crois pas que le spinozisme soit un précurseur du postmodernisme, de l'adagio qui accorde à "chacun ses vérités". Sans doute le mot "objectif" était mal choisi, puisque justement, aussi bien le sujet que l'objet disparaissent quasiment entièrement du vocabulaire spinoziste. Peut-être aurait-il été mieux de parler d'intersubjectivité, et encore. (...)


Bonjour Louisa,
je vais préciser parce que ce n'était pas ce que je voulais dire.
Et dans le même temps, cela devrait aussi insister sur ce qui me différencie de Sescho dans l'approche du rapport entre différence et ressemblance des essences.

Il ne s'agit donc pas pour moi de dire "à chacun ses vérités" mais de dire que la vérité des choses ne se comprend que dans leurs ressemblances et différences.
Quand deux personnes produisent des idées d'après le texte de Spinoza, elles produiront des idées ayant une part commune et une part n'appartenant qu'à eux. Pour moi, comprendre en "spinoziste", c'est comprendre que dans le dialogue il faut comprendre les deux productions d'idées. Ce ne sera pas dans une disjonction basée sur une fiction de sujet ("à chacun ses vérités") ou dans un "accord intersubjectif" qui en serait la moyenne, le plus petit dénominateur commun, mais plutôt dans la composition "tendue" de toutes les idées adéquates qui découlent de la lecture de Spinoza.
Si après un travail évident, l'un et l'autre produisent une conception cohérente d'une pensée qu'ils attribuent à Spinoza, alors ces deux conceptions entrent dans la lignée d'un "effet Spinoza" même si elles divergent sur certains points.


Bonjour Bardamu,
si le but premier d'un dialogue autour de Spinoza est de mieux comprendre l'interlocuteur, la vérité ou l'essence singulière de l'interlocuteur, ce que tu dis me semble être effectivement l'attitude qui correspond le mieux à ce que je comprends moi-même pour l'instant du spinozisme à ce sujet. Il s'agit alors du fameux "ne pas ridiculiser, ni rire, ni mépriser, mais comprendre" appliqué à la personne avec qui on parle du texte spinoziste.

Mais faudrait-il concevoir ainsi le dialogue "philosophique"?

En réfléchissant à ce que tu viens d'écrire, je crois qu'il faudrait en tout cas dire que dans la pratique, concevoir le dialogue philosophique d'une telle façon présente au moins deux avantages:
1. faisant de la compréhension de l'autre (de la vérité de son essence singulière, ou simplement de la cohérence de ses idées) une priorité, on peut s'attendre à ce que le nombre de "conflits" se réduit au minimum.
2. on peut tenir activement compte de la réalité qu'apparemment dialoguer ainsi est exactement ce que de fait certains gens souhaitent.

Et en effet, on pourrait dire que dans ce cas on ne vise pas tellement "l'accord intersubjectif", puisque le but (premier) n'est pas de se mettre d'accord sur quelque chose (sur la vérité "intrinsèque" de telle ou telle idée ("intrinsèque" n'est sans doute pas le terme le plus adéquate ...)), on cherche plutôt à installer une compréhension réciproque.

Si tout ceci me semble être fort intéressant, c'est non seulement parce que considérée en soi une telle démarche est probablement ce qui se déduit le mieux de la conception spinoziste de l'interaction sociale, mais aussi parce que l'on voit bien que dans la pratique, ceux qui discutent en faisant de cette compréhension "singulière" la priorité, semblent bel et bien parvenir à réaliser maximalement ce but.

Or en ce qui me concerne, il est clair que jusqu'à présent ce genre d'objectifs n'était pas prioritaire. Disons-le d'emblée: il se peut qu'il s'agisse d'une erreur. Bien sûr, la question même de la "paix sociale" est tout à fait importante (le fil que Henrique a créé concernant les arguments ad hominem traite pour moi explicitement de ce sujet). Mais je ne la considérais que comme un sujet de discussion parmi d'autres, sujet qui appartient au domaine qui relève du "spinozisme pratique", et qui par là même demande d'être discuté avant de pouvoir savoir quelle pratique du dialogue pourrait être le plus "spinoziste". En attendant, il me semble qu'éventuellement la conception de la raison et de la vérité que propose le spinozisme peut donner lieu à une manière de dialoguer où la "paix sociale" serait plutôt le résultat qui accompagne nécessairement la discussion au lieu d'être son objectif prioritair (mais encore une fois, il se peut que c'est précisément là que je me trompe).

Quelle serait cette autre conception du dialogue philosophique? On pourrait s'appuyer sur le fait que Spinoza dit que les hommes, en tant qu'ils vivent sous la conduite de la raison, conviennent toujours entre eux (E4P35). Bien entendu, "vivre sous la conduite de la raison" n'est probablement pas vraiment la même chose que de "parfaire son intellect" grâce à des exercices de "Logique", comme le rappelle la préface de l'E5. Mais ne pourrait-on pas dire qu'en théorie, plus on s'efforce à n'accepter comme règles de la discussion que de s'en tenir à ce qu'impose la raison, plus on devrait par là même "convenir" avec l'interlocuteur, et cela totalement indépendamment de la convergence ou divergence entre les "contenus" d'idée défendus par chacun? N'y aurait-il pas une "convenance" qui se produit en tant que conséquence ou effet d'une discussion "rationnelle"? La raison ne serait-elle pas en elle-même capable de produire une certaine "paix sociale"?

Si oui, le but premier du dialogue philosophique n'est pas de produire une paix sociale, et n'est pas non plus de mieux comprendre l'essence singulière de l'interlocuteur (voire les "effets" qu'une lecture du texte spinoziste peut produire). Le but premier consiste alors à produire davantage d'idées vraies par rapport au spinozisme, de mieux comprendre la singularité de cette pensée (sachant que nous ne disposons que d'un texte, qui nécessairement demande d'être interprété avant de pouvoir avoir un quelconque accès à la pensée propre au spinozisme).

Pour ce faire, il n'est pas vraiment nécessaire d'essayer de se mettre d'accord sur telle ou telle interprétation prise dans sa "globalité". Il est plutôt indispensable de se mettre d'accord sur d'une part ce dont on peut dire qu'on a trouvé les arguments capables (en tant qu'arguments) d'imposer l'accord "intersubjectif", et sur d'autre part ce dont on doit constater que ce n'est pas encore le cas. Il s'agit alors de ne reconnaître comme "rationnellement vrai" que ce qui obtient de fait l'accord de tous les intéressés, et de reconnaître comme "hypothèse" ce qui n'est pas (encore) susceptible d'être admis par tous.

On pourrait se dire que ceci est totalement utopique, voire simplement naïf, ne fût-ce qu'à mon sens c'est précisément ce qui se passe en science, dans les dialogues entre scientifiques. Le but n'y est pas de comprendre la singularité de l'interlocuteur, le but est de comprendre quelque chose du monde, d'une chose tierce. Dans ce genre de dialogues, chacun apporte bien sûr des idées qui lui semblent être vraies. Mais ce qui est le plus important là-dedans, ce n'est pas de connaître la raison pour laquelle telle ou telle idée est adéquate dans l'Esprit de celui qui l'a, c'est plutôt de connaître les raisons (ou si l'on veut, arguments) qui vont permettre à telle ou telle idée d'être reconnue comme inévitablement vraie par tous. Or la connaissance de telles raisons n'est pas le fruit de l'activité d'un Esprit seul, elle ne se produit que dans une "communauté de recherche".

Ceci serait-il impossible dès qu'il s'agit d'un dialogue non pas scientifique mais philosophique? Si je juge d'après ma propre expérience, cela me semble plutôt être tout à fait possible (au sens où dans la vie réelle, cela m'arrive assez souvent). Pour y arriver, il faut juste respecter certaines "règles" précises, dont l'une des plus importantes est précisément de ne jamais référer à la singularité de l'interlocuteur pour accepter ou rejeter un argument. Car justement, le but d'un tel dialogue n'est pas de mieux connaître cette singularité (ce qui d'ailleurs du point de vue du spinozisme n'est possible que par le troisième genre de connaissance), le but c'est de produire davantage de choses "communes". Le but est de produire davantage de "communauté" ou d'idées communes entre deux ou plusieurs personnes singulières. Le terrain de la discussion rationnelle ou de la production d'idées communes est alors exactement celui où se fait la création de connaissances de deuxième genre, ou de science.

Bardamu a écrit :Et il n'est pas plus évident de comprendre sa propre production que de comprendre celle de l'autre. Il est même parfois plus facile de comprendre l'autre parce que c'est une reproduction d'idées déjà vues alors que soi-même on est en train de produire du nouveau.


en effet, d'où à mon sens la nécessité incontournable d'une "communauté de recherche" pour pouvoir avoir soi-même, en tant qu'individu singulier, davantage d'accès à la vérité.

Bardamu a écrit :A mon sens, Serge a tendance à ramener la pensée sage, adéquate, au commun, à ce que tu appelais l'objectif ou l'intersubjectif.


pour l'instant, l'idée de Serge à ce sujet pour moi n'est pas encore très claire. En tout cas, je dirais que la pensée "sage", c'est-à-dire la sagesse, chez Spinoza semble surtout être liée à la proportion des idées adéquates par rapport aux idées inadéquates qui constituent à tel ou tel moment l'essence singulière de tel ou tel homme. Tandis qu'il me semble que Serge identifie plutôt un sentiment "subjectif" d'absence de doute avec une idée adéquate, sentiment qui devrait en soi déjà suffire pour pouvoir supposer que "en réalité" tous devraient avoir cette idée "en commun" (avec comme conséquence que tous ceux qui ne sont pas d'accord ne le seraient que parce qu'ils ne font pas suffisamment "d'effort" pour comprendre). Ce qui pour moi manque dans cette conception, c'est le passage d'un sentiment subjectif à la connaissance commune: comme si ce n'est pas le travail collectif qui produit de la connaissance du deuxième genre ou des idées communes, mais le travail de chaque individu singulier "isolé". Pour être dans le vrai, il suffirait de se "connecter" tout seul à la divinité. Le reste, l'échange avec d'autres, le dialogue philosophique, ne servirait qu'à exposer ces/ses idées vraies, à les "communiquer", communication qui ne peut produire des idées vraies chez l'interlocuteur qu'à condition que celui-ci pense déjà plus ou moins la même chose, avant d'entrer dans le dialogue. Sinon il n'y a rien à faire, on doit "attendre" jusqu'à ce que l'interlocuteur ait fait "l'effort" de se connecter "davantage" à Dieu, on doit donc attendre jusqu'à ce que l'interlocuteur commence à penser spontanément de la même façon que lui.

Si cette façon de concevoir le dialogue philosophique a certainement des avantages (elle permet par exemple dans certains cas des dialogues "pédagogiques" où l'un "expose" ses idées à l'autre), pour moi une dimension que j'aurais tendance à croire essentielle dans tout dialogue philosophique y manque. Ce que tu proposes toi-même me semble effectivement être assez différent, comme démarche, que ce que propose Serge (et également plus intéressant, puisque le côté pédagogique est maintenu tandis qu'il y a une plus grande possibilité de produire comme effet une certaine "paix sociale"), ce qui pour moi manque dans les deux conceptions, c'est la référence à une vérité d'ordre "commune", vérité qui me semble être précisément celle qui caractérise le deuxième genre de connaissance. Sans doute dans l'approche que tu proposes il s'agit également de produire des vérités communes, mais ces vérités portent avant tout sur la pensée de l'interlocuteur (ou sur les effets que le texte spinoziste produit sur lui, la manière dont le texte l'affecte), et seulement en second lieu sur la pensée communiquée par le texte spinoziste. Tandis qu'il me semble que dans un dialogue philosophique, il est (sous certaines conditions) tout à fait possible et intéressant de produire ensemble davantage de vérité ou de compréhension "commune" de la pensée spinoziste en tant que telle (alors que le fait même d'entrer ensemble dans un tel processus inévitablement produit une augmentation de la "paix sociale", et cela indépendamment du fait qu'il y ait déjà de nouvelles idées communes ou non).

N'ayant pas encore lu les réponses de Serge à la suite de ton message, et vu que ce message est déjà assez long, je m'arrête pour l'instant ici. En tout cas merci de tes commentaires, qui m'ont fait réfléchir au problème d'une autre manière.
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Messagepar Louisa » 11 nov. 2008, 21:51

Sinusix a écrit :Bonjour,

Je me permets, chère Louisa, de marquer mon entier accord avec la démonstration de Durtal.
Vous rétorquez en premier lieu :

Louisa a écrit:
En revanche, la conclusion que tu tires de ce fait ne me semble pas être correcte. Ce n'est pas parce qu'on dit "sous les conditions x, y et z la forme de l'Individu ne change pas" qu'on peut déduire de ces mêmes propositions que sous d'autres conditions, la forme de l'Individu peut changer. Ces lemmes ne peuvent que nous obliger à nous poser la question de savoir dans quelles conditions un Individu changerait de forme. Ils ne permettent pas d'y répondre.

Je pense au contraire, puisque nous fonctionnons "more geometrico", dans un ensemble de réalité donnée et selon le principe du tiers exclu (donc les seules solutions sont A et non A), que le contraire logique (ou le complément dans l'ensemble fini) de : "sous les conditions x, y et z la forme de l'individu ne change pas" est "sauf dans les conditions x, y et z, la forme de l'individu change".


Bonjour Sinusix,
en effet, cela me semble être tout à fait correcte. Mais il s'agit alors de se demander à quoi correspond concrètement ce "sauf dans les conditions x, y et z": quelles sont plus précisément les conditions dans lesquelles la forme de l'individu change, dans le spinozisme? Y a-t-il d'autres conditions concevables, dans le spinozisme, que x, y et z?

Pour pouvoir répondre à cette question, on doit retourner au texte même, dans l'espoir de trouver ou bien un endroit où Spinoza dit que dans telle condition ou telle condition, la forme de l'individu change, ou bien un endroit où il dit tout simplement que la forme change, sans plus.

Le problème, c'est qu'à mon avis ces endroits n'existent pas, dans l'Ethique. En revanche, chaque fois que Spinoza parle d'une forme qui ne réussit pas à se conserver, il parle systématiquement de la destruction de cette forme. Un exemple:

E4P39 démo:
"Ensuite, ce qui fait que les parties du Corps humain reçoivent un autre rapport de repos et de mouvement, fait aussi que le Corps humain revêt une autre forme, c'est-à-dire (comme il va de soi, et comme nous l'avons fait remarquer à lafin de la préface à cette partie) fait que le Corps humain est détruit (...)."

ce sont donc les parties du Corps qui constituent à tel moment tel Individu, c'est-à-dire qui à un certain moment se rapportent d'une telle façon les unes aux autres que l'ensemble revêt la forme A. Puis, à un certain moment ces mêmes parties commencent à constituer un autre Individu, ayant la forme B. Ce qui se passe dans cet événement, c'est que les parties d'un Corps changent de forme (au moment x ils effectuent la forme A, au moment x + 1 ils effectuent la forme B). Mais ce n'est pas la forme A qui devient elle-même la forme B. Une forme ne peut qu'ou bien être conservée, ou bien être détruite.

Sinusix a écrit :Pour le reste, et sans vous citer, puisque vous reprenez votre thème favori des rapports de mouvements et de repos, il me semble évident que Spinoza, dans ces lemmes qui n'ont pour objet que de poser quelques prémisses concernant la nature des corps, et comme je l'ai prétendu dans un précédent message, ne peut être lu avec la même acuité intellectuelle que sur le reste parce qu'il n'a pas pris la peine d'être aussi rigoureux que sur le reste.


oui, on peut supposer cela, bien sûr. Mais comment savoir si cette hypothèse est correcte? Cela me semble être difficile voire impossible. Par conséquent, cela me semble être plus judicieux d'éviter maximalement l'usage de telles hypothèses si le but est de comprendre la pensée d'un philosophe.

Sinusix a écrit : Dans ces conditions, et à mon sens, quand il parle "d'union entre corps"il ne peut pas ne pas l'entendre autrement que dans le sens d'une union effectuée dans le respect du rapport qui convient à l'individu concerné, faute de quoi l'union ne serait pas possible (on appelle ça le rejet du greffon).


à mon avis cet exemple n'est pas incompatible avec la façon dont Spinoza utilise le terme "forme", mais je ne crois pas qu'il permet d'en saisir la particularité.

Sinusix a écrit :Enfin, pour reprendre l'exemple du bras coupé cité par Durtal, avec lequel je suis encore une fois d'accord, et en faisant référence à ma réflexion d'hier concernant la prise en compte des "situations limites", je ne suis pas certain, pour en avoir connu, que la personne hémiplégique ou aveugle (ou etc.) par accident soit la même que celle d'avant, sauf dans l'esprit des autres qui veulent absolument persuader l'intéressé que la vie continue.

Les épreuves sont des épreuves justement dans la mesure où il ne faut pas chercher à se retrouver soi-même et le "salut" est bien dans l'acceptation qu'on est alors devenu un autre qu'il faut construire.

Amicalement


si une essence singulière est définie par son aptitude à être affectée et à affecter, je crois qu'effectivement, devenir aveugle implique que la forme effectuée par le Corps de l'aveugle avant de devenir aveugle, a été détruite, et que les parties du Corps maintenant effectuent une autre forme. Dans le cas de cet exemple il y a donc "changement" d'essence, mais cela seulement au sens où l'on dit changer de vêtement: ce n'est pas mon manteau qui lui-même se transforme en maillot de bain lorsque je vais nager. C'est moi-même qui change de vêtement. De même, mutatis mutandis, ce sont les parties du Corps d'un homme voyant qui changent de forme lorsque celui-ci devient aveugle, et non pas la forme ou l'essence qui elle-même de l'une devient autre.
Amicalement,
L.

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Messagepar hokousai » 11 nov. 2008, 22:36

"""""""Mais faudrait-il concevoir ainsi le dialogue "philosophique"? """""""""""""

je pense que vous sauriez nous parler avec autant de ferveur du monologue philosophique

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Durtal
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Messagepar Durtal » 11 nov. 2008, 22:36

Bon courage Sinuxis....



(Serge, j'essaye de trouver le temps de te répondre. )

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hokousai
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Messagepar hokousai » 12 nov. 2008, 16:02

chère Louisa

Je n'insinue pas que vous monologuiez (manifestement vous répondez, à la lettre près ,à vos contradicteurs ).

C'est plutôt moi qui ai l'impression de monologuer .

Enegoid
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Messagepar Enegoid » 12 nov. 2008, 18:18

1 Changement et permanence
Est-ce qu’un homme qui devient aveugle change de « forme » ou d’essence ? Je ne crois pas qu’on puisse compter sur Spinoza pour nous le dire. Même dans le cas de du poète espagnol, il dit seulement, employant la forme négative que dans certains cas, « il est difficile de dire que l’homme reste le même ».

Il me semble par contre que, dans le changement permanent des corps, Spinoza maintient la distinction entre deux « choses » :
1. Ce qui change de façon continue et qui est la cause des affections (perceptions ou sensations) et qui affecte l’âme, donc l’essence en permanence, mais sous un mode mineur pourrai-on dire
2. Ce qui demeure de façon permanente, et Spi prend l’exemple de la proportion de mouvement et de repos (CT II, préface et appendice, notamment). Tant que la « chose permanente » demeure il n’y a pas changement d’essence.

On pourrait donc dire que tel ou tel individu « change en permanence d’essence tout en conservant une essence permanente. » Un peu étonnant, mais si quelqu’un trouve une meilleure formulation….
Exemple : à partir du visage d’une personne d’un certain âge on sait, je crois concevoir des logiciels qui proposent le visage de la même personne plus âgée. Si on sait le faire c’est bien que quelque chose du visage initial est encore à l’œuvre dans le visage âgé.

2 Genre et singulier
Je ne trouve pas plus difficile d’admettre la variété des hommes dans l’essence de genre « homme » que la variété des états successifs de Paul au sein de la même essence « Paul ».

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Messagepar Durtal » 12 nov. 2008, 19:07

Salut Egenoid

Enegoid a écrit :1 Changement et permanence
Est-ce qu’un homme qui devient aveugle change de « forme » ou d’essence ? Je ne crois pas qu’on puisse compter sur Spinoza pour nous le dire.


Son essence change ou sa forme change. Car son corps n'a plus la même puissance d'être affecté qu'auparavant (vous êtes du moins d'accord sur l'idée selon laquelle jouir de la vue et en être privé fait une certaine différence? Et en outre une différence qui doit trouver son explication dans la structure du corps?).

Or ce qui définit un corps, donc ce qui définit la puissance d'être affecté d'un corps (ses "fonctions" dirait-on maintenant) c'est ce que Spinoza appelle sa forme, et donc oui cette forme est modifiée ou subit un changement. Cela n'exclut pas que sous d'autres rapports que celui que l'on considère par hypothèse, elle reste la même qu'auparavant mais du moins sous celui-ci elle n'est plus la même.

Et qu'une chose doive rester peu ou prou la même tandis qu'elle change, n'est pas une difficulté particulière au Spinozisme mais est une propriété inhérente au concept de changement. Il faut bien en effet tandis qu'une chose change que sous un autre rapport que celui ou nous la disons en train de changer elle reste la même puisqu'autrement il n'y a pas de sujet assignable au changement.


D.


PS: et ne dites pas trop vite: donc cela prouve qu'il y a un élément de permanence absolue. Ce n'est pas du tout obligatoire si vous voulez bien considérer la petite illustration suivante:

supposons une série de changements tels que: un état A du corps change vers un état B du corps, lequel change à nouveau vers un état C du corps. J'affirme qu'il se peut parfaitement que rien ne se retrouve de l'état A à l'état C, quoique quelque chose de A se soit retrouvé dans B et que quelque chose de B ce soit retrouvé dans C (il suffit en effet que ce ne soient pas les mêmes choses qui se retrouve de A en B et de B en C).
Modifié en dernier par Durtal le 12 nov. 2008, 19:21, modifié 1 fois.

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Messagepar Louisa » 12 nov. 2008, 19:15

Hokousai a écrit :Je n'insinue pas que vous monologuiez (manifestement vous répondez, à la lettre près ,à vos contradicteurs ).

C'est plutôt moi qui ai l'impression de monologuer .


cher Hokousai,

il est clair que parfois j'ai des difficultés à bien saisir ce que vous voulez dire. Lorsque j'ai déjà compris à moitié, je peux poser quelques questions supplémentaires dans l'espoir de mieux comprendre le reste, mais cela n'est pas toujours le cas. Puis comme déjà dit, certaines questions semblent pour vous (et pour certains autres intervenants sur ce forum) avoir du sens alors que pour moi (en tout respect, bien sûr) il est difficile de comprendre comment on pourrait trouver une véritable réponse à ces questions, ce qui constitue une deuxième raison pour laquelle je n'entame pas toujours une discussion qui porte sur ce genre de choses. Enfin, il arrive aussi que les autres discussions dans lesquelles je suis engagée prennent déjà trop de temps pour encore pouvoir réellement m'investir dans ce que vous écrivez. En tout cas, ce genre de situations me semble être tout à fait normal lorsqu'on pense différemment (ou lorsque de prime abord on croit penser différemment). Je ne crois pas que cela dise quoi que ce soit de la "valeur" de telle ou telle contribution.
L.


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