Peut-on classer politiquement le spinozisme ?

Voici la reprise d'un texte assez polémique de 2002 où il s'agissait de voir, ou plutôt d'apercevoir, comment une philosophie comme celle de Spinoza peut nous apporter quelque éclairage dans le débat politique contemporain. Il ne s'agit donc pas ici de se prononcer sur les positions que ce philosophe aurait pu adopter dans le débat contemporain, comme si cela pouvait avoir un intérêt, mais d'utiliser ses concepts pour penser des notions comme la gauche et la droite qui lui sont pourtant historiquement postérieures.

Spinoza et les partis

Aperçu de l'engagement politique de Spinoza

Les corps des frères de Witt suspendus après leur lynchage, Rijksmuseum d'Amsterdam

L'emploi en politique des termes de gauche et de droite sont postérieurs à Spinoza, et datent de la révolution française. Il paraît donc quelque peu artificiel de se demander quel peut être le "parti" de Spinoza en politique. Toutefois, nous ne nous intéresserons guère ici à la personne même de Baruch Spinoza mais bien plutôt aux implications de sa philosophie éthique et politique.  Il a cependant, de son vivant, pris parti pour la république et la démocratie, contre la monarchie en Hollande, pour les frères de Witt et contre les Orangistes, bien loin de l'image de philosophe contemplatif et désincarné qu'on peut encore donner de lui. S'il ne placarde finalement pas "Ultimi barbarorum" dans Amsterdam, en 1672 à la suite de l'assassinat des frères de Witt, il avait peu avant publié le Traité Théologico-politique où il prend parti pour la liberté de penser contre les mouvements sécuritaires qui prétendent limiter cette liberté au nom de l'ordre. Spinoza a donc pris parti mais quel est ce parti ?

L'origine des notions de droite et de gauche politique

Les notions politiques de gauche et de droite renvoient symboliquement à l'importance accordée d'un côté au cœur, qui est la saisie intuitive de l'unité des hommes entre eux (d'où la "concorde") et de l'autre à la main droite qui représente les valeurs d'efficacité et de réalisme. Dans la Bible, également, être situé à la droite de Dieu était la marque d'un privilège tandis que la gauche était réservée aux défavorisés - encore qu'un certain nazaréen s'est employé à dire que les derniers seraient les premiers etc. Depuis l'antiquité, les ordres privilégiés, tels que le clergé et la noblesse étaient représentés à droite du siège royal tandis que les représentants du tiers-état se tenaient à sa gauche.

Ainsi, lors de la révolution de 1789, devant l'hémicycle de l'Assemblée constituante représentant le peuple français, se tenait le président de l'assemblée qui représentait symboliquement le roi. Ceux qui étaient favorables au maintien d'une autorité royale forte indépendante du peuple, proches de la noblesse et du clergé, se mirent à sa droite ; ceux qui étaient pour que le roi ne soit qu'un citoyen parmi les autres, proches du Tiers État, se mirent à gauche. Est-ce à dire que droite et gauche se réduisent à favoriser telle partie de la population au détriment de l'autre ? Je ne le pense pas, la droite est capable de politiques sociales et de réduction de certaines inégalités comme la gauche peut viser l'efficacité. Dans les deux cas, on prétend agir au nom de l'intérêt général et sans doute sincèrement le plus souvent.

La droite comme croyance en une providence naturelle

L’œil de la providence sur le billet américain d'un dollar.

Mais c'est la conception même de l'intérêt général qui diverge, et aussi celle des moyens qui s'en suivent. Pour la droite, tout le monde a à gagner à ce que l'ordre social existant soit maintenu, à savoir une importante hiérarchisation de la société, par des privilèges en droit dans les régimes aristocratiques ou par des privilèges de fait quand les mesures visant à réduire les inégalités sociales, comme par exemple les droits de succession, sont faibles ou inexistantes. Ce que tout le monde gagne, c'est la paix sociale sachant que là où on veut bouleverser le système, on risque d'apporter le désordre, voire la guerre civile. La droite est ainsi essentiellement conservatrice : mieux vaut se contenter de ce qui a marché jusqu'à présent que se lancer dans l'aventure d'une politique remettant en cause la répartition des rôles et des biens dans la société.

Les "réformes" qu'on la voit mener peuvent le plus souvent être comprises comme des retours à l'âge d'or que fût le 19° siècle, où les "acquis sociaux" n'existaient pas et où le puissant était quasi-incontestable. Les "déformes" devrait-on plutôt dire pour parler de ces "réformes" régressives sont des dérégulations là où les règles visaient à limiter les écarts sociaux ou de nouvelles règles qui renforcent le pouvoir existant : ainsi l'introduction de la procédure du "plaider coupable" dans la juridiction française, qui de l'aveu de nombreux magistrats aura pour effet d'éviter aux puissants la mise en lumière systématique de leurs comportements illégaux. Peu importe dans cette logique que l'institution judiciaire soit injuste, il faut avant tout qu'elle soit efficace.

Derrière cela, nous avons l'idée ancestrale, que les plus forts sont les meilleurs et qu'il ne faut rien faire pour décourager les plus entreprenants. L'essence de ce conservatisme (les forts doivent conserver leur position de domination), c'est à mon sens l'idée que la justice, c'est l'ordre naturel. C'est Calliclès contre Socrate : la nature aurait par providence donné les meilleures qualités aux plus forts. Aller contre cela, valoriser l'égalité dans la société, ce serait aller contre la providence naturelle et prendre donc le risque des pires désordres. Dans cette logique, l’État n'a pour fonction que de conserver l'ordre social, il devient alors surtout policier. Dans cette conception, toute règle, toute régulation en dehors de celles qui conservent l'existant, sont des privations nuisibles de liberté.

La gauche comme affirmation de l’État et de l'humain comme seule source de salut

Pour la gauche, la nature n'est pas un guide en matière de politique. C'est aux hommes dans leur ensemble de prendre en main leur destinée et de décider par la raison des valeurs qui les guident. Le progrès de toute la société vers une existence plus juste et plus libre, autrement dit plus rationnelle, ne sera pas abandonné au profit des exigences d'efficacité.

Face aux forces conservatrices, qui tendent à diviniser tout ce sur quoi les hommes n'ont pas de contrôle évident, comme le Marché économique, les forces de progrès entendent exercer un contrôle de façon à rendre les hommes à eux-mêmes, au lieu d'en faire le jouet d'une force transcendante. La justice dans ce sens, ce n'est pas seulement le maintien de l'ordre et à la limite l'égalité en droit, c'est un partage plus équitable et de fait des biens produits par la vie en société, partage qui a pour conséquence théorique une plus grande concorde.

L’État dans ce sens ne se limite pas à éviter les débordements sociaux, en privilégiant dans son budget l'armée, la police, l'institution judiciaire comme la droite, mais il se consacre prioritairement à des missions comme l'instruction publique, le logement social, la travail et la santé pour tous etc. Dès lors il élabore et fait exécuter des lois qui ne se limitent pas à la conservation de l'ordre social existant mais qui visent un progrès de l'ensemble de la société vers une répartition plus équitable des biens (matériels, culturels etc.). Dans cette conception, les lois sont des instruments de liberté pour l'ensemble de la société.

Aspects "de gauche" du spinozisme

La justice, et non la charité.

Alors pourquoi je dis que Spinoza est un philosophe de gauche ? Pour illustrer ce qui précède, je prendrai ce passage de la quatrième partie de l’Éthique : "Cependant il est clair que donner secours à tous les indigents, cela va beaucoup au delà des forces et de l'intérêt d'un particulier, les richesses d'un particulier ne pouvant suffire à beaucoup près à tant de misères. De plus, le cercle où s'étendent les facultés d'un seul homme est trop limité pour qu'il puisse s'attirer l'amitié de tout le monde. Le soin des pauvres est donc l'affaire de la société tout entière, et elle ne regarde que l'utilité générale."1 Dans une logique de droite, le soin à apporter aux plus défavorisés relève d'une logique de charité : ce n'est pas du domaine de la loi, cela relève du bon sentiment de particuliers, on tend la main vers le plus faible pour qu'il achète de quoi manger et être encore présent sur le parvis de l'église le lendemain, histoire de donner l'occasion à la bourgeoise de s'acheter une conscience. Dans une logique de gauche, la justice prend le pas sur la charité : il faut organiser légalement les aides sociales afin de donner à chacun les moyens d'une véritable dignité dans la société. La justice dit Spinoza consiste à rendre à chacun le sien. Qu'est-ce qui appartient à chacun ? C'est à la société de le définir, non à quelque transcendance que ce soit. Mais pour ce faire, elle doit tenir compte du sens du vivre ensemble : pourquoi à tout instant ne pas retourner à l'état de nature et n'agir que selon son gré ? Si c'est par la crainte du gendarme uniquement que l'on maintient l'ordre, le contrat social perd sa signification : il faut qu'il y ait pour tous un véritable gain à vivre en société, autrement les séditions et la discorde grondent à bon droit2.

La sécurité sociale et humaine plutôt que la sécurité des corps seuls.

Plus fondamentalement, il me semble clair qu'il n'y a chez Spinoza aucune croyance en une quelconque providence de la nature avec le finalisme qui s'en suit. La nature n'a rien fait de spécial pour "privilégier" quoique ce soit, l'opposition du bon et du mauvais n'ayant pas de sens à partir d'elle.

Si dans le Traité Politique, le fondement de L’État est la sécurité - ce qui exige la mise en place de forces de l'ordre artificiel qui s'ensuit - il ne faut pas oublier que la sécurité qu'il s'agit de maintenir ne se réduit pas au maintien de l'existence de simples rouages (le citoyen réduit au simple producteur/consommateur) à l'intérieur d'une machine bien remontée : "Lorsque les sujets d'une nation donnée sont trop terrorisés pour se soulever en armes, on ne

"La bonté et la vérité se sont rencontrées ; la justice et la paix se sont embrassées." Psaumes 85:10. Pinacothèque Tosio Martinengo.

devrait pas dire que la paix règne dans ce pays, mais seulement qu'il n'est point en guerre. La paix, en vérité, n'est pas une simple absence d'hostilités, mais une situation positive, dont certaine force de caractère est la condition. (...) Quelquefois aussi, il arrive qu'une nation conserve la paix à la faveur seulement de l'apathie des sujets, menés comme du bétail et inaptes à s'assimiler quelque rôle que ce soit sinon celui d'esclaves. Cependant, un pays de ce genre devrait plutôt porter le nom de désert, que de nation ! En d'autres termes, quand nous disons que l'État le meilleur est celui où les hommes passent leur vie dans la concorde, nous voulons parler d'une vie humaine définie, non point par la circulation du sang et les différentes autres fonctions du règne animal, mais surtout par la raison : vraie valeur et vraie vie de l'esprit."3

Pour un homme de droite comme Jacques Chirac, les "forces vives de la nation" qu'il ne faut surtout pas décourager par des mesures fiscales visant à diminuer les inégalités, ce sont les plus forts, ceux qui sont déjà au sommet de l'échelle alimentaire. Ce ne sont donc pas les autres. Pour un philosophe à la fois contractualiste et démocrate comme Spinoza, les forces vives d'une nation, ce sont tous ses membres dès lors que chacun contribue au maintien de la société en commençant par respecter ses lois, puis par des actions qui sans avoir toujours d'intérêt économique immédiat peuvent contribuer à humaniser une société. Dès lors, la justice, c'est de donner à chacun les moyens d'être acteur social, au lieu de subir un ordre qu'on n'a en rien contribué à mettre en place. Être démocrate ne saurait se réduire alors à dire "votez maintenant et ensuite contentez vous de vivoter", c'est agir pour que chacun puisse profiter équitablement des bienfaits de la vie en société.

Réforme et révolution

L'équité, pas l'égalitarisme

Il ne s'agit pas pour autant de tomber dans l'égalitarisme à tout va, la concorde pour se réinventer chaque jour n'en a pas besoin. Tout le monde peut accepter que des différences sociales soient le résultat de différentes prises de risque et de différences de travail, dans la mesure où ces différences permettent une croissance économique globale. Mais alors il faut que les bienfaits de cette croissance restent équitablement répartis, plus à certains qu'à d'autres ne signifie pas quasiment tout à quelques uns et des miettes pour les autres.

Comment rendre compte autrement de l'effort de participer à cette croissance, par le travail ou simplement par le fait de respecter les lois ? Si l'état civil se résume pour la partie la moins puissante (i.e la moins riche entre autre) de la population à respecter un ordre qui la maintient dans une impuissance plus grande encore qu'à l'état de nature où chacun n'obéit qu'à son arbitraire propre, autant rester à l'état de nature et le contrat social est brisé. C'est alors le retour à la violence première, les dissensions, les "séditions" comme dit Spinoza, en réponse à une violence seconde qui est le maintien dans un état d'insécurité sociale permanente (imposition de conditions de travail indignes, remise en cause de tout ce qui profiter à ceux qui travaillent au détriment du capital par la menace permanente du chômage, de la flexibilisation, de la délocalisation etc.)

Le réalisme de gauche

Il faut aussi préciser qu'il ne s'agit pas ici de rêver d'une humanité qui n'existe qu'idéalement. Les hommes sont soumis aux passions plutôt qu'à la raison. Il ne s'agit donc pas de changer brutalement d'ordre politique en rejetant en bloc celui qui existe actuellement sous prétexte qu'il n'est pas assez rationnel. Spinoza n'est pas un révolutionnaire car il n'y a de révolution politique qu'au nom de la croyance en un ordre radicalement meilleur, utopique, c'est-à-dire qui n'existe encore nulle part mais que l'on croit pouvoir exister. Ce qui n'existe nulle part, ce sont justement des populations constituées d'hommes essentiellement raisonnables, contrôlant leurs passions égoïstes. Vouloir imposer de l'extérieur de la société une rationalité transcendante, par une révolution du type de celles que le léninisme a prétendu mettre en œuvre, c'est ignorer qu'il n'y a de mouvement social qu'immanent à la nature dans toute sa globalité.

La logique spinozienne, en politique comme ailleurs, consiste à affermir ce qui est faible plutôt que de le briser. Ainsi l'entendement possède une force native mais est faible face aux passions et à l'imagination, il faut donc une réforme mentale, consistant à rééquilibrer le rapport entendement/imagination, en purifiant l'entendement de l'imaginaire de même qu'il faut des réformes politiques pour rééquilibrer les relations entre les hommes. Il ne s'agit pas dans cette perspective de rêver d'une utopie inaccessible4 mais d'augmenter sa puissance de vivre ensemble sur la base des hommes tels qu'ils sont, avec leurs passions et leurs égoïsmes notamment, et non tels que nous pourrions les rêver. Mais si l'on prend l'exemple de la réforme de l'entendement, prudente à bien des égards (le philosophe assure ses arrières), il ne s'agira pas non plus de se contenter de petites réformettes par ci par là pour sauver les apparences, une réforme réaliste est une réforme qui apporte une véritable régulation des forces naturelles en place.

Le dialogue plutôt que l'affrontement

L'attitude face aux puissances sera alors autant que possible une attitude ouverte et pour le dialogue, certes combattif mais non violente. Dans ce sens, le chapitre XX du Traité théologico-politique montre bien que le citoyen responsable ne fait rien contre les décrets du souverain mais qu'il conserve son droit à la critique : "si quelque citoyen montre qu’une certaine loi répugne à la saine raison et pense qu’elle doit être pour ce motif abrogée, s’il soumet son sentiment au jugement du souverain (auquel seul il appartient d’établir et d’abolir les lois), et si pendant ce temps il n’agit en rien contre la loi, certes il mérite bien de l’État, comme le meilleur citoyen ; mais si, au contraire, il se met à accuser le magistrat d’iniquité, s’il entreprend de le rendre odieux à la multitude, ou bien si, d’un esprit séditieux, il s’efforce d’abroger la loi malgré le magistrat, il n’est plus qu’un perturbateur de l’ordre public et un citoyen rebelle." Avec ce texte et dans une démocratie où le souverain est censément le peuple, Chirac qui affirme l'honnêteté de son lieutenant général contre l'institution judiciaire d'un côté et Bové qui démonte un Mac Do d'un autre côté, peuvent être renvoyés dos à dos. Avec cependant le sens des mesures qui convient, le préjudice social n'étant pas le même.

Alain, qui était un "radical-socialiste" - on dirait aujourd'hui un réformiste de gauche - et un lecteur essentiel de Spinoza disait : "Obéir en résistant, c'est tout le secret. Ce qui détruit l'obéissance est anarchie ; ce qui détruit la résistance est tyrannie. Ces deux maux s'appellent car la tyrannie employant la force contre les opinions, les opinions, en retour, emploient la force contre la tyrannie ; et, inversement, quand la résistance devient désobéissance ; les pouvoirs ont beau jeu pour écraser la résistance, et ainsi deviennent tyranniques. Dès qu'un pouvoir use de force pour tuer la critique, il est tyrannique." Dans ce sens, la philosophie politique spinoziste nous oriente vers une action politique que l'on qualifierait aujourd'hui de sociale-démocrate, non pas l'affirmation du caractère providentiel de l'ordre social naturel (cf. le marché devant rester libre de toute intervention humaine, cf. la "main invisible" de Smith), non pas non plus la négation de toute réalité naturelle et la prétention à imposer à l'ordre existant une rationalité qui lui serait transcendante (cf. la dictature du prolétariat au nom d'une "science" de l'histoire de la lutte des classe) car alors l'obéissance aux lois devient tyrannie d'une partie de la société sur l'autre. Social démocrate au sens d'une construction immanente de l'ordre social et politique à partir de sa réalité naturelle globale, à la fois passionnelle et rationnelle. En d'autres termes régulation des réalités à la fois naturelles et humaines que sont les mœurs, la culture, le marché économique, en vue d'un gain effectivement apporté à tous. Ce qui concrètement signifie redistribution des biens moraux, culturels et économiques quand ceux-ci tendent à se concentrer dans les mains de quelques uns.

On notera que dans le passage d'Alain cité plus haut, la notion d'anarchie est prise au sens traditionnel de désordre et d'insécurité sociale, autrement dit d'état de nature. On pourrait répondre qu'il y a un autre sens du mot anarchie, apporté par Proudhon, qui est simplement absence d’État et non absence de règles (anomie). Pour l'anarchisme proudhonnien, les règles qui organisent la vie sociale peuvent émaner et être exécutées par la seule société civile, indépendamment de tout corps politique extérieur à la société civile. En un sens, Spinoza peut être qualifié d'anarchiste quand il dit que les hommes libres sont capables de vivre selon les règles de la raison et de les respecter sans avoir besoin de la menace permanente d'une sanction imposée par un pouvoir extérieur5.

Mais ce communisme des esprits libres ne vaut précisément que pour ceux dont la raison a pu se développer suffisamment. Chez la majorité des hommes, ce sont les passions qui dominent et elles ne peuvent le plus souvent être régulées qu'au moyen d'autres passions (par exemple l'ambition sans frein, conduisant à mettre autrui en situation de dépendance maximale, régulée par la crainte de sanctions). L’État reste donc une nécessité pour vivre ensemble, entre hommes raisonnables et ignorants. Rien n'est donc plus éloigné de la pensée spinoziste que l'anarcho-capitalisme ou ultralibéralisme tendant à une destruction systématique de tous les leviers d’État, autrement dit de la puissance publique, pour réguler les relations entre les hommes, riches ou pauvres.

Il y aurait beaucoup à discuter sur ce thème, mais l'avantage de cette publication est qu'on peut y répondre. N'hésitez donc pas à signaler quels pourraient être les passages tirés de Spinoza permettant d'appuyer ou de discuter la thèse ici présentée.

Henrique Diaz

9 pensées sur “Peut-on classer politiquement le spinozisme ?

  1. Augustin Dercroix

    Cher Henrique,

    Il y a quelque chose de fondamentalement inadéquat à transposer ainsi, a posteriori, des catégories.

    C'est une lecture a - historique que vous faites ici. Exactement comme Deleuze qui déforme le spinozisme... Et l'on retrouve ici la contribution utile de Blandine Kriegel, dans la perspective de Guéroult.

    Il n'en reste pas moins que votre question est intéressante.

    Spinoza, pour moi, s'oppose à Hobbes dans le TTP. Il préfigure ainsi Rousseau. Or, Rousseau est la figure majeure et fondatrice des mouvements de gauche de la révolution française.

    Il y a donc, à mon sens, une filiation évidente, un lien manifeste.

    Bien à vous,

    Répondre
    1. Henrique Diaz

      Auteur de l'article

      Je sais bien que ce texte peut choquer l'historien rigoureux pour ne pas dire rigide qui ne saurait expliquer le passé à partir de ce qui lui succède. J'ai d'ailleurs bien signalé son caractère en partie polémique.

      Mais ma démarche ici n'est pas d'explication historique en ce qui concerne la philosophie de Spinoza. Cela peut néanmoins se concevoir sur ce plan là pour expliquer l'orientation politique de ceux qui héritent de Spinoza comme vous le faites avec Rousseau (Marx aussi était lecteur de Spinoza et se situait de son côté plutôt que de Thomas More et de son héritage chez les utopistes français).

      Ma démarche, plutôt qu'historique ou historicisante, est philosophique au sens où la question que je me pose n'est pas (ce serait absurde) "pour qui aurait voté Spinoza au XXIème siècle ?" mais "comment les fondements de la civilité et leurs conséquences pour l'Etat le meilleur, tels que mis à jour par Spinoza, permettent-ils de comprendre la réalité politique concrète d'aujourd'hui et à quels engagements inclinent-ils ?".

      Répondre
      1. Augustin Dercroix

        La reformulation de votre problématique m'apparaît plus convaincante. Le scrupule qui m'anime, historique, effectivement, s'il était généralisé, rendrait la pensée de Spinoza totalement infructueuse. En effet, on s'interdirait toute analogie avec le présent, toute transposition. il me semble que Spinoza aurait été contre Hitler et le fascisme, contre le communisme stalinien ou maoïste. Il faut peut - être voir en Hannah Arendt une héritière de Spinoza, dans cette mesure. Mais, positivement, pour qui aurait - il pris parti? Aurait - il approuvé la révolution (française, soviétique?) Voilà des questions difficiles, hasardeuses, redoutables, et pourtant nécessaires.

        J'hésite entre l'audace de la transposition et la nécessité de tirer des conséquences. On peut dire que SPinoza était de gauche, si l'on considère qu'il est pour le mouvement et contre l'ordre établi. Mais à ce moment - là, de Gaulle est de gauche en 40 et de droite en 58...
        La notion de gauche est extrêmement fluctuante. Ferry en 1870 est de gauche, parec qu'il est républicaine; mais de droite en 2000 parce qu'il est attaché à la propriété...

        René Rémond souligne même la vacuité de la notion de droite dans son ouvrage classique sur les droites en France. Je me plais à penser que finalement, les deux concepts, lorsqu'ils sont rejetés de leur contexte historique, ne signifient rien.

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        1. Henrique Diaz

          Auteur de l'article

          Pourquoi serait-il nécessaire de savoir ce pour quoi Spinoza en personne se serait engagé à telle ou telle époque ? Il ne s'agit pas de faire de ce philosophe une autorité qui nous dispense de réfléchir. Comme nous il ne connaissait pas tout et dans un domaine comme la politique, où la connaissance empirique des faits est déterminante pour la décision, où la théorie politique ne peut suffire, il a pu se tromper sur certaines prises de parti, il aurait pu le faire à telle ou telle époque.

          Cela n'empêche pas cependant qu'une théorie solide en matière politique permette d'aborder l'expérience avec plus de cohérence qu'une théorie peu rigoureuse ou pas de théorie du tout. C'est pourquoi ce qui m'intéresse, c'est bien plus la réflexion spinozienne sur les principes du politique que les positions de fait de Spinoza. Ces dernières, historiques, permettent certes d'éclaircir la théorie. Mais dire quelles auraient été les positions de Spinoza à telle ou telle époque postérieure à sa mort n'est pas mon propos. Mon propos, n'est pas de "philofiction" mais de voir ce qui se déduit de ses apports théoriques.

          Il est vrai cependant que le titre un peu provocateur de cet article pouvait prêter à confusion.

          Il est vrai ausi que les doctrines de gauche ou de droite ne sont pas toutes d'un bloc, posées de toute éternité et immuables. Certains combats de gauche deviennent par la suite des combats de droite et inversement. C'est je pense du à ce que je disais à l'instant : la politique ne saurait dériver entièrement de principes éternels et nécessaires, il y a une grande part de contingence liée à l'ignorance humaine essentiellement. Elle doit donc prendre en compte le factuel pour se décider, et comme le factuel se meut, les décisions politiques évoluent également.

          Mais, je pense qu'il y a tout de même des constantes qui structurent la politique en général et auxquelles on n'échappe pas. Le rôle des passions par exemple. Je pense que ce que nous appelons gauche et droite existait déjà au temps de Spinoza à travers l'opposition certes entre progressisme et conservatisme mais ce sont là des propriétés de l'une et de l'autre, non leur essence. L'essence, c'est le statut conféré à la nature : ou bien la nature est conçue comme puissance protectrice de l'homme (nature providentielle : la main invisible d'Adam Smith) la droite, ou bien c'est une puissance indifférente à l'homme et c'est alors à lui de se fabriquer sa propre providence, la gauche.

          Beaucoup de choses peuvent se déduire à partir de là. D'un côté le conservatisme, de l'autre le progressisme. D'un côté la croyance en un élitisme naturel, certains étant par nature faits pour commander, d'autres pour obéir. De l'autre l'idée que tous les hommes sont égaux, non pas certes en force ou en intelligence, mais parce que la position d'aucun n'a particulièrement été voulue par la nature.

          A partir de là, il est clair que les hommes politiques ne sont pas forcément tout d'un bloc de droite ou de gauche. De Gaulle est de gauche quand il fait la sécu, de droite quand il pond une constitution qui relève presque plus de la monarchie que de la démocratie. Mitterrand est de gauche quand il abolit la peine de mort, de droite quand il renonce à chercher les moyens d'intervenir dans le jeu économique...

          En revanche, dire que ces notions sont vides, c'est s'interdire de les utiliser comme je viens de le faire. Et ça, c'est une démarche de droite, c'est toujours à droite qu'on entend dire que ces notions sont vides de sens et pour cause : ne pas faire de différence entre le progrès ou la conservation (ou encore, forme moderne de conservation, le retour en arrière, la régression sociale présentée comme progrès, "réforme") est toujours à l'avantage de la conservation.

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          1. Augustin Dercroix

            Cher Henrique,

            Cela n'est pas à l'avantage de la conservation, mais au profit de la nuance de la pensée. Si je vous comprends bien, la pensée de Platon est de droite, alors, par exemple. Mais Hegel? Mais Kant? Mais Descartes? Une pensée ne se réduit pas à une seule catégorie politique (pour la bonne raison que la politique ne produit que peu d'idées; elle a plutôt tendance à dégrader les idées...)

            La droite démocratique actuelle , en France, ne se réclame plus d'un ordre naturel. Il y a une variabilité extrême de la notion de nature.

          2. Henrique Diaz

            Auteur de l'article

            En quoi la pensée de Platon revient-elle à poser l'existence d'une nature providentielle ? Selon Platon, ce qui existe naturellement n'est pas forcément bon, d'où son combat contre Calliclès qui, lui, affirme que l'ordre naturel où les forts dominent les faibles est le meilleur possible, d'où la conception platonicienne d'une République gouvernée par l'intellect plutôt que par la force ou la convoitise.

            Cela dit, je n'ai jamais dit qu'une pensée était réductible à une seule catégorie politique. Mais cela n'empêche pas qu'il y ait de la pensée politique. Évitons d'ailleurs de tomber dans le poujadisme qui n'entretient vis-à-vis de la politique qu'une méfiance générale doublée d'une grande ignorance.

            Quand je dis que l'essentiel dans la droite, c'est la conception d'une nature providentielle là où la gauche ne compte que sur la force humaine collective, c'est pour comprendre ce qui structure au fond le débat politique. Je n'ai rien trouvé dans la réalité de l'action politique de droite pour contredire ce point. La droite démocratique aujourd'hui n'est démocrate que parce qu'elle doit compter sur le consentement social pour mettre en œuvre son programme. Mais il est tout simplement inenvisageable pour elle que la démocratie s'applique par exemple au fonctionnement interne d'une entreprise.

            Mais si l'ordre naturel n'est pas explicitement utilisé comme référence (et encore c'est à voir quand on entend le Président Chirac ponctuer toutes ses phrases de "naturellement"), reste que le libéralisme est son fond idéologique indépassable. Or que nous enseigne le libéralisme ? Que l'égoïsme naturel et que le rapport de force entre dominants et dominés est bon pour l'ensemble de la société. C'est le principe de la main invisible d'Adam Smith : il faut laisser faire le rapport naturel entre les acteurs économiques, et à terme cela produit l'intérêt général. Si vous écoutez de près ce que disent les Raffarin et autres Sarkozy, c'est exactement ce qu'ils disent avec cependant une certaine prudence dans la formulation.

            Ainsi les libéraux préconisent un État faible qui ne s'occupe pas de tenter de réguler les rapports économiques et sociaux à des fins de redistribution des biens produits par l'ensemble de la société, mais dont naturellement les dominants profitent au premier chef. Il s'agit pour eux avant tout de préserver le rapport de concurrence naturelle entre les individus. Or c'est exactement ce que l'on nous demande de constitutionnaliser avec le Traité constitutionnel de Giscard et que vous vous apprêtez à ratifier. Donc si vous êtes un libéral de droite et que vous n'adhérez pas à la philosophie politique de Spinoza, vous avez raison de voter oui, autrement, je crains que vous ne soyez pas très cohérent.

  2. Benj

    Bonjour,
    Je ne sais pas ce que tu appelles une filiation, pour moi il ne s'agit que d'une similarité.
    Pour ce qui est de dire Spinoza était de gauche, ok, mais a l'époque seulement.
    Il faut bien entendre que les choses ont changé.

    J'assume que pour Spinoza, la priorité n est pas d instaurer des valeurs particulières, mais plutôt de trouver le moyen de nous permettre de vivre le mieux possible.
    Tendre a la paix, doit être réalise de façon réaliste et efficace.
    Ce n'est pas ce qu'on observe dans la gauche française d'aujourd'hui.
    Cela ferait plutôt penser au blairisme en fin de compte.

    Cela dit, loin de moi la prétention d affirmer que Spinoza serait blairiste.
    Mais je pense qu'on peut affirmer qu'il aurait beaucoup a reprocher a Chirac comme à Hollande.
    L'intention du texte Spinoza de gauche n'était sans doute pas de dire qu'il aurait voté a gauche aujourd'hui mais je tiens a ce que ça soit clair.
    Bonne journée.

    Répondre
    1. Henrique Diaz

      Auteur de l'article

      Non l'intention de cet article n'est pas de dire que Spinoza aurait voté pour Hollande, dont la hauteur de vue peut effectivement laisser à désirer quand on voit par exemple qu'il expliquait qu'il fallait voter oui à la constitution Giscard parce que "tous" les autres partis socio-démocrates européens le faisaient, tout en affirmant un peu plus tard que si Chirac avait mis en jeu son mandat présidentiel, alors il aurait appelé à voter non !

      Être de gauche ne veut pas dire voter Hollande, on est d'accord. Et être un réaliste de gauche, comme je l'indique dans l'article, exclut l'utopisme d'une certaine extrême gauche. Mais être réaliste ne veut pas pour autant dire être en fait "de droite", sur le plan politique comme économique ! Entre Rocard, DSK et autre Kouchner très roses pâles d'un côté et Besancenot, Laguillier et autres Bové, il y a de la marge et, si l'on veut, du choix !

      Alors encore une fois, peu m'importe de savoir ce qu'aurait effectivement voté Spinoza aujourd'hui, cette question est frivole. Ce qui m'intéresse, c'est de comprendre ce que signfie être un réaliste de gauche aujourd'hui, avec Spinoza, au moyen de Spinoza. Une fois cela bien compris, le reste découle à peu près de soi-même, si on veut bien faire un effort d'information.

      Or que nous dit donc Spinoza ici ? Un État est le moyen que se donne une société pour se conserver et cet État représente la puissance commune des individus de cette société. Le meilleur Etat est celui dont le droit n'est jamais transgressé parce qu'il exprime au mieux la volonté commune, la démocratie étant le régime le plus cohérent avec ce constat.

      On voit déjà ici ce que peut être le réalisme de gauche de Spinoza : à son époque, on aurait très bien pu dire "soyons réalistes, les démocraties n'ont jamais tenu bien longtemps, le régime le plus efficace est la monarchie !" On voit donc que la prise de position spinoziste n'est pas une soumission passive à l'ordre empirique ! Le réalisme est non dans l'empirisme mais dans ce qu'il y a de plus logique : l’État le plus viable est démocratique pour les raisons ci-dessus, si donc certaines démocraties n'ont pas tenu longtemps, c'est que dans le détail, certaines institutions étaient inadaptées aux passions humaines, il n'en demeure pas moins que sur le fond, un État qui exprime (s'il le fait bien) la volonté commune sera mieux obéi et sera donc plus viable qu'un Etat au service de la volonté particulière de quelques uns.

      A partir de là, les choses ont elles tant changé que cela ? Je définis la droite comme une confiance diffuse dans l'ordre naturel, la gauche comme une volonté de prendre en main notre destinée collective. Dans une optique de droite, la justice consiste à maintenir l'ordre social tel qu'il existe, avec toutes ses inégalités, pour faire mieux apparaître ceux qui sont en haut de l'échelle sociale comme les plus "méritants" (et si on essaye de changer quelque chose à cet ordre naturel, c'est le désordre !). Notre ancien ministre des finances, Francis Mer, peu au fait des subtilités rhétoriques politiciennes, le disait ainsi abruptement à peu près : si certains gagnent 10.000 fois plus que d'autres qui vivent dans la pauvreté (= n'avoir que le nécessaire pour vivre), c'est qu'ils le méritent (et donc que les pauvres méritent aussi leur condition) ! Donc, pour parler simplement, nous avons au final une conception politique qui affirme que tout doit être fait pour que l'intérêt de quelques uns soit "en toute justice" privilégié par rapport à celui de l'ensemble de la société.

      Une position de gauche affirme au contraire que la justice, c'est la puissance collective et donc des moyens d'existence suffisants pour que tous mènent une vie humainement digne, et pas celle d'une bête de somme. Bien évidemment, les politiciens de droite sachant un tant soit peu la bonne rhétorique n'iront pas dire abruptement qu'il est bon que certains citoyens soient traités comme des bêtes mais ils diront "vive la liberté de choisir son propre temps de travail" (en omettant de préciser que le rapport de force socio-économique fait que si l’État ne prescrit pas un temps de travail maximal, le choix du travailleur est une vue de l'esprit), ils diront "libérons l'énergie des entreprises en les déchargeant des règles du code du travail qui les paralysent et les empêchent d'embaucher" (ce qui dans la pratique revient surtout à favoriser les grands groupes et peu au final les petites entreprises, ce qui ne crée pas d'emploi comme le montre les dernières années de la droite au pouvoir et ce qui revient surtout à amener l'employé à devenir de plus en plus corvéable à merci, "employable" et surtout jetable comme n'importe quelle ressource non humaine).

      Dans tout cela, ainsi que dans les précisions que j'avais apportées (confiance au cours naturel du marché qu'il faut laisser libre parce que "bon en soi", meilleur que toute tentative d'influer politiquement sur l'économie) auxquelles tu ne réponds nulle part, je vois toujours la même chose, cher Benj : l'idée calicléenne que l'ordre naturel est le critère du bien politique, que le rôle de l'homme politique est de nous expliquer (ah l'amour de la "pédagogie" dans les discours libéraux !) qu'en tant que représentant du peuple, il ne peut rien faire d'autre que de nous dire qu'en fait c'est chacun pour soi.

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      1. Benj

        Ce que je cherchais à dire, c'est que ce qui a change aujourd'hui, c'est que les thèses de gauches sont beaucoup plus appliquées.
        Les écrits de Spinoza ne nous permettent absolument pas de dire s'il nous dirait, au XXe siècle, il faut aller encore plus a gauche.

        Pense-tu réellement que la droite française veut d'un État sans aide sociale et une soumission passive a l'ordre empirique ?

        Il existe un seul partie purement libéral en France : Démocratie libérale.
        Il n'y a pas plus a droite. Même le MEDEF n'évoquera jamais la suppression des aides sociales. Les gens qui le composent n'en ont pas envie.

        En fait ma position est simple, Spinoza regardant l’État Français aujourd'hui observerait la chose suivante: La dette est énorme.
        Il en conclurait : avant d'essayer d'appliquer une idéologie, remboursons la dette parce que l'aide sociale, de nos jours, est fournie avec de l'argent virtuel, de l'argent qu'on n'a pas.
        Il dirait sans doute, construisons un système social, mais prenons-nous y patiemment, ce qui n'a pas été fait. On a voulu aller trop vite.

        Voila, je ne pense pas que Spinoza soit un idéologue.
        Le but d'un État est de faire de ses citoyens des gens heureux, il faut juste chercher le meilleur moyen d'y parvenir.

        En gros, je pense aussi que tu en restes a un débat idéologique qui a fait son temps. Cela fait des lustres que la quasi-totalité des politiques penses qu'il faut permettre au plus de personnes possibles de vivre bien.
        La vrai réponse est économique car on reste dans un système capitaliste, penche-toi sur la question: Comment dégager les fonds suffisant pour maintenir une aide sociale conséquente dans le futur?
        Après avoir répondu a la question, il faut se demander quel candidat apporte la réponse la plus cohérente.
        Or, la majorité des électeurs pensent plus idéologiquement, qu'ils soient de gauche ou de droite.

        A moins de parvenir a mettre en place un système communiste, une chose qui pour moi n'est pas forcément impossible a long terme. Ou bien as-tu une autre proposition?

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