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Dans l'histoire de la philosophie, les philosophes n'ont pas ménagé les femmes. Spinoza échappe-t-il à la règle ?

Femme enseignant la géométrie
Détail d'une enluminure du XIVe siècle, contrepoinçon d'une lettre capitale P, au début des Éléments d'Euclide, dans une traduction attribuée à Adélar de Bath. Au Moyen Âge, la représentation d'une femme dans un rôle d'enseignant est inhabituelle.

Madeleine Francès, avec sa traduction du Traité théologico-politique conclut à partir d'une citation du chapitre 13 à l'antiféminisme de Spinoza (n. 1 de la page 800, Pléïade) : ''Hommes, femmes, enfants ont une égale aptitude à obéir, mais non à pratiquer la sagesse". M. Francès déduit de cette phrase que pour Spinoza, femmes et enfants sont inférieures à l'homme. Alors que le contexte montre bien pourtant que la proposition s'applique indistinctement à tous, hommes comme femmes, comme enfants. Tous les hommes n'ont pas la même capacité à pratiquer la sagesse, les femmes et les enfants de même.

Madeleine Francès lit dans la philosophie de l’Éthique que 'femmes et enfants sont livrés à des instincts aveugles' mais Spinoza en dit de même des hommes. Ensuite elle croit voir que femmes et enfants 'ignorent la vie intellectuelle et morale', je ne sais pas où elle a vu cela. Ce serait contradictoire avec le chapitre XX de l'appendice de la partie IV : "Quant au mariage, il est certain qu'il est d'accord avec la raison, à condition que le désir d'unir les corps ne vienne pas seulement de la forme, mais qu'il soit accompagné du désir d'avoir des enfants et de les élever dans la sagesse. J'ajoute encore cette condition, que l'amour de l'homme et de la femme ait sa cause principale, non dans la forme, mais dans la liberté de l'âme." Comment la femme pourrait-elle participer à l'éducation des enfants dans la ''sagesse'' si elle-même n'avait pas la moindre sagesse ? Comment pourrait-elle apprécier la liberté de l'homme si elle ne participait pas elle-même à cette liberté ? ...lire la suite