Ce blog ne relève ni d'une démarche universitaire de recherche sur le spinozisme ou en philosophie, ni d'une volonté de vulgarisation de concepts et de raisonnements difficiles. En d'autres termes, il ne s'agit ici ni de philosophie scientifique, ni de vulgarisation de la philosophie.
Une démarche universitaire consiste à mettre en évidence de façon aussi complète que possible les connaissances disponibles sur un sujet donné, en respectant un certain nombre de règles formelles nécessaires à la validation de ces connaissances en vue de leur transmission à la génération suivante d'universitaires. Les universitaires font en ce sens un travail scientifique souvent ingrat où l'objectivité, la neutralité et l'exhaustivité priment sur l'intérêt pratique, même si cela peut aussi être un objet d'étude selon la méthode universitaire.
Une démarche de vulgarisation philosophique consiste à mettre à la portée du plus grand nombre les thèses les plus marquantes des grands auteurs ou des idées principales de ces mêmes auteurs sur des problèmes classiques. La vulgarisation met volontiers l'accent sur les aspects pratiques d'une philosophie ou du moins les idées qui semblent les plus "parlantes" dans la vie quotidienne. Mais elle a souvent tendance aussi à privilégier les conclusions originales des auteurs importants sur les raisonnements qui y conduisent, l'étonnement sur la compréhension.
La vulgarisation philosophique apporte un premier contact avec des idées qu'il tient à chacun d'approfondir ensuite par lui-même. L'analyse universitaire apporte un accompagnement toujours utile et parfois nécessaire à la bonne compréhension des thèses dans leur contexte intellectuel.
Il ne s'agit donc sur ce blog ni de faire découvrir la philosophie en général ou celle de Spinoza, ni d'en proposer un approfondissement universitaire mais plutôt de servir de concepts philosophiques pour penser la vie de façon critique, y compris à l'égard des concepts philosophiques, mais à condition que cela ait une signification pratique, vitale.
Entre la philosophie universitaire et la philosophie vulgarisée, il s'agit ici d'explorer la possibilité d'une philosophie appliquée, avec les limites en termes d'objectivité, qu'impose la sortie du pur domaine des concepts et de leurs relations logiques.
Il s'agit aussi de lucidité et de plénitude, car il s'agit aussi de tenter d'éviter l'écueil de l'idéologie et de la simple érudition. L'idéologie, religieuse notamment, fait fi de la lucidité. L'érudition se contente de connaissances objectives au point de ne plus y trouver de signification concrète.
Spinoza commence son Traité de la réforme de l'entendement par le constat de la vanité de l'existence ordinaire. Sa philosophie naturaliste et affirmative propose de substituer à cette vanité une plénitude qui permette de jouir complètement de l'existence humaine sans s'illusionner sur ses limites ni se rendre dépendant de guides spirituels infantilisants.