Connaître

Il s’agit ici des questions relevant de la gnoséologie de l’épistémologie c’est-à-dire de l’étude des possibilités et limites de notre pouvoir de connaître le réel mais aussi de l’esthétique, comme réflexion sur notre pouvoir particulier de connaître qui est la sensation. Étant donné que savoir, c’est pouvoir, il ne s’agit donc pas ici de réfléchir gratuitement à ces questions, mais de déterminer l’étendue concrète de notre puissance, c’est-à-dire de notre pouvoir d’être affecté par le monde qui nous entoure et de l’affecter. Il s’agit aussi ici autant de connaître rationnellement qu’intuitivement, autrement dit de ressentir aussi bien nos limites  que notre éternité.

5 Commentaires

L'invité inattendu de Horatio Henry Coudery, 1874.

La philosophie de Spinoza prend tout son sens comme effort pratique de connaître rien moins qu'une joie suprême et éternelle1. Le mode d'existence qu'il s'agit de développer est l'amour intellectuel dont nous entretient l'énigmatique partie V de l’Éthique. Mais cet amour peut-il seulement être vécu par un simple mortel ? Après avoir tant critiqué les préjugés et les superstitions, Spinoza ne développe-t-il pas une nouvelle illusion propre à rassurer les êtres de désir que nous sommes ?

Ferdinand Alquié a posé ce qui me semble la plus grave objection contemporaine au spinozisme dans Le rationalisme de Spinoza. Selon ce commentateur qui a su faire de ses commentaires de véritables moments de philosophie, l'Éthique serait incompréhensible "car, en ayant achevé la lecture, je dois bien constater que je n'éprouve rien qui ressemble à la béatitude dont le texte m'entretient"2. Quelle que soit la cohérence logique du système, pour le comprendre, il faudrait pouvoir faire l'expérience à laquelle il renvoie. Spinoza lui-même a-t-il "atteint" la béatitude ? Rien de conséquent, d'après les biographies émanant d'ennemis comme de disciples, ne permet de l'affirmer. La question qui se pose dès lors à celui qui entreprend de répondre à cette objection est de montrer comment il est possible d'éprouver personnellement la béatitude dont nous parle l'Éthique.

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